samedi 29 octobre 2011

L'HUMBLE SERVITEUR EST LE PLUS GRAND


XXXI DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)

                           COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES


                            (Ml 1, 14b-2,2b.8-10  / 1Th 2, 7b-9.13 / Mt 23, 1-12)



« Qui s'élève sera abaissé, qui s'abaisse sera élevé » une indication d’humilité pour tous chrétiens, spécialement pour tous ministres de Dieu à s’ouvrir davantage à la force transformatrice de l’évangile qu’ils ont mission d’annoncer.

1.     Tous, serviteurs de Dieu Père

 Les accents incisifs et sévères du texte du prophète Malachie, sont un appel à la prise de conscience de la gravité du péché de relâchement spirituel et moral après le retour d’exil. Dans le bien-être et l’abondance matérielle, on se souvient presque plus du Seigneur... L’alliance est foulée aux pieds. Les prêtres la pervertissent. Les fidèles la profanent. Un élément encore plus dangereux est le reniement de Dieu et sa paternité créatrice et rédemptrice. Pour Malachie, Dieu ne change pas, Il reste le même hier et aujourd’hui... Le rejeter comme Père est la porte ouverte à tous les désordres, (malédictions, perte de la mémoire et perte du sens de l’homme) qui finissent par péricliter la cité et chacun de nous dans l’infélicité.

2.     Autorité et humilité du ministre de Dieu

 « Dieu Père de tous » comme le dit Malachie, est un principe fondamental de notre être chrétiens et vivre ensemble comme frères et sœurs d’une même famille. Tout ministre de Dieu doit s’en inspirer auquel cas son enseignement deviendrait purement mondain. Jésus ne rejette ni ne récuse la valeur de l’enseignement des scribes et des pharisiens et même des prêtres. Mais il avertit du danger de faire de cette position, une position de pouvoir, d’abus de confiance et d’accumulation. La valeur de toute autorité tient à sa capacité à se proposer comme modèle à suivre. Ici, « dire et faire » doivent aller de paire pour faire croître Dieu dans les cœurs. Toute tendance à l’hypocrisie ou à l’orgueil ou tout autre comportement contraire à la mise en pratique de la justice, la miséricorde… (Mt 23,23) étouffe la vérité divine et le bien, occasionnant la chute de la multitude. Dieu n’est plus servi. On se sert de Lui pour ses intérêts... Scribes et pharisiens sont séparés du peuple au lieu d’en faire corps avec (pharisien= séparé) et de se sentir tout aussi concernés par les exigences d’une vie spirituelle de conversion. La relation du disciple du Christ ou du chrétien avec les hommes doit être pensé à partir de sa relation par rapport au Christ et à Dieu. Jésus veut que ses disciples se comportent comme « Père », « Maître » ou « rabbi » non pour eux-mêmes, mais pour le service en lien avec Lui le Christ, l’unique Maître et Dieu l’unique Père.
3.     Comme une Mère au chevet de ses enfants

S’adressant aux thessaloniciens, Paul présente l’image du service et du serviteur: transmettre l’évangile, Parole de Dieu non comme un fonctionnaire mais telle une mère tendre et affectueuse envers ses enfants. Cette affection est douceur mais aussi fermeté et don de soi pour que rien ne soit altéré de la vérité de cette Parole de vie qui n’est « pas une parole d'hommes, mais la Parole de Dieu » (1 Th 2,13). Cette Parole nous transmet la force efficace et rénovatrice de l’Esprit Saint. L’urgence et la nécessité de l’annoncer dans le monde complexe de ce temps suppose que le disciple ou le prêtre d’aujourd’hui l’ait accueillie et intériorisée lui-même pour ne pas tomber dans les pièges de l’incohérence, de la domination et du goût de paraître ou de séduction. La grandeur de l’homme ne se mesure qu’à sa capacité à être humble dans le service. Que le Seigneur nous convertisse à l’humilité  !

   

                                                                       P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO







vendredi 28 octobre 2011

KADHAFI EST MORT, LE MONDE TOURNE LA PAGE DES DICTATURES.

Le jeudi 20 octobre 2011, dans sa ville natale de Syrte où il s’était réfugié depuis quelques semaines, le colonel Kadhafi a été finalement retrouvé mort après avoir été capturé vivant dans un collecteur d’eau selon les vidéos diffusées par la presse. Son fils Motassem a subi le même sort que lui dans des circonstances restées floues. Il ne faut pas attendre beaucoup des enquêtes demandées par l’Onu qui pourraient embarrasser les forces militaires des nouvelles autorités du pays. Peu avant dans la matinée, le convoi dans lequel il tentait de s’échapper a été repéré par les avions de l’Otan, et « stoppé »pour reprendre les mots du ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.

Au-delà de l’émotion suscitée par l’événement et les images choc qui ont été reprises en boucle par les médias étrangers, on pourrait se poser des questions sur les circonstances de la mort du colonel Kadhafi. L’Otan, dont les opérations militaires ont été déterminées par la résolution1973, avait pour mission d’instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye pour protéger les populations civiles. Mais depuis quelques semaines, elle a pris une part active dans le conflit, bombardant systématiquement les positions de l’ancien chef d’Etat et facilitant les opérations au sol des forces militaires des nouvelles autorités du pays. Tous les observateurs de la politique internationale s’accordent pour reconnaître qu’on se trouve devant un cas de figure inédit du droit international. « Stopper » un convoi au sol, et Dieu seul sait ce que recouvre ce mot utilisé par un diplomate, relevait-il de la mission de l’Otan ? Moscou qui avait voté l’abstention, n’a cessé de crier à qui veut l’entendre que l’ampleur des opérations sortait largement du cadre des résolutions de l’Onu. La réaction du chef de la diplomatie russe SergueïLavrov ne s’est pas faite attendre après la mort du colonel : « "Il n'y a aucun rapport entre la zone d'exclusion aérienne et une attaque contre un objectif au sol, en l'occurrence le convoi" de Mouammar Kadhafi … D'autant qu'il ne pouvait être question de protéger des civils, vu que ce convoi n'attaquait personne, on peut même dire qu'il était en fuite". Il est possible qu’un jour, tous les non-dits de ce conflit dont l’épilogue a eu lieu la semaine dernière, soient révélés au grand jour.

Quant au traitement du corps du colonel - qui en 42 ans de pouvoir, rappelons-le, n’a pas été un enfant de chœur encore moins un ange, il laisse beaucoup à désirer. Là encore, la pornographie de la violence qui est une caractéristique des médias, a beaucoup joué. On se rappelle celui de Oussama Ben Laden, on se souvient des images de la pendaison de Saddam Hussein… Qu’inscrivent ces images dans l’imaginaire collectif ? Décourager l’option pour la dictature ou le terrorisme en montrant le triste sort de ceux qui l’ont opérée ? normalement oui, mais rien n’est moins sûr à cause du mécanisme de fonctionnement de la violence prise en soi comme phénomène social. Les Libyens, dit-on, avaient peut-être tout sauf la liberté, l’étroite collaboration et la bénédiction des puissances occidentales. Espérons qu’aujourd’hui et surtout demain, ils ne manqueront de rien avec la libération, l’affluence des conseillers occidentaux dans les couloirs des salles de décisions, la bousculade des hommes d’affaires occidentaux dans les hôtels… Kadhafi en refusant la fuite comme Ben Ali de la Tunisie, l’humiliation comme Moubarak de l’Egypte, a préféré s’accrocher au pouvoir jusqu’au bout s’inscrivant dans la triste galerie des fins tragiques de dictateurs : Benito Mussolini et sa compagne en Italie, Samuel Do au Libéria, Nicolae Ceaușescu et son épouse en Roumanie, pour la petite histoire. Une chose est sûre, de même qu’elle a tourné la page des monarchies à quelques exceptions près, l’humanité est en train de tourner celle des dictatures.



P. Eric Oloudé OKPEITCHA


samedi 22 octobre 2011

L' AMOUR DE DIEU ET DU PROCHAIN... !

XXX ème  DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(Ex 22, 20-26  / 1Th 1, 5c-10 / Mt 22, 34-40)

Dieu nous fait vivre et nous re-crée dans l’amour. Tout en notre vie chrétienne a pour but de faire croître en nous cette merveille de salut qui libère de nos misères et ténèbres pour une vie heureuse de communion avec Lui.

1.    Souviens-toi d’Égypte d’où tu es sorti  !


Ex 22, 20-26   vient d’un ensemble de prescriptions juridiques, morales et religieuses dites code de l’alliance (Ex 20,22-23,19). Un ensemble de textes qui avant d’être impératif, est indicatif de l’identité du peuple biblique: un peuple pauvre et humilié, peuple de pécheurs pardonnés aujourd’hui sauvé par la grâce de Dieu, et comblé de toute richesse. L’impératif auquel le peuple est invité n’est pas un ajout. Il fait partie de son histoire d’amour avec YHWH toujours préoccupé de la souffrance de l’homme. Il est le Dieu qui écoute le pauvre. Celui qui aujourd’hui vit dans quelque abondance doit faire mémoire de son passé pour se sentir redevable du Seigneur. Sa bonne action envers « l’étranger, la veuve, l’orphelin ou l’emprunteur » ne peut plus être de l’ordre d’une assistance économique ou du désir de se débarrasser d’un surplus encombrant ou nuisant, encore moins l’exigence d’aider des pauvres pour qu’ils ne viennent menacer sa propre sécurité. Son comportement s’origine et prend forme à partir de celui de Dieu, fidèle à son alliance et à son Amour.
2.    Tu aimeras ton Dieu…et ton prochain…



Contrairement à notre conception ordinaire de loi qui oblige ou opprime, le commandement dans les écritures, est un instrument de révélation de l’ Amour de Dieu, lieu où le chrétien apprend à discerner la volonté divine. Dieu n’est ni un lointain ni un inconnu. Il est le Dieu qui vit avec, celui qui est à l’œuvre dans l’histoire particulière et communautaire de chacun. L’Ancien Testament ne manque pas de revenir sur le devoir de mémoire des merveilles de YHWH pour nous: Il nous a libérés de l’esclavage de nos terres de misère, nos terres d’Égypte. Il a fait de nous son peuple, un peuple racheté et ressuscité par Christ son Fils. Notre amour est devoir de mémoire, connaissance et recherche approfondie de Lui par la prière, l’écoute de sa Parole et dans la souffrance autour de nous. C’est pourquoi le véritable amour engage, et le cœur, et l’âme, et l’esprit, c’est-à-dire, ce qui fait la vie de la personne, son énergie vitale. En cela, l’amour ne doit jamais être réduit aux sentiments amoureux. « L’amour n’indique pas un sentiment mais une orientation de soi, une ouverture de soi » (Klemens Stock) Cette ouverture édifie l’homme et rend heureuse sa vie terrestre. Il peut contempler Dieu en son Amour dans la vie de ses frères et sœurs, créés à l’image de Dieu. L’amour de Dieu justifie l’amour du prochain. Ce dernier est une conséquence logique du premier. Mais le risque est grand d’absolutiser le prochain ou de réduire Dieu à une morale de relations interpersonnelles. L’amour de Dieu contient celui du prochain. Il est principe de notre divinisation, de notre ouverture et de notre transformation.


3.    L’écoute de l’Évangile en Église, convertit à l’amour !


L’accueil de sa Parole à travers l’humble service des ministres du Christ – comme les thessaloniciens à l’égard de Paul – fait abandonner les idoles, fait croître la foi et crée la communion avec Dieu. La communauté ecclésiale devient « commandement  d’amour» (co-mandare), c’est-à-dire « ensemble envoyé pour l’amour», pour secourir Christ abandonné et souffrant dans « l’étranger, la veuve, l’orphelin… ». La finale de l’évangile de ce dimanche est significative : l’amour de Dieu et du prochain est l’accomplissement total des écritures. Il est l’unique voie qui mène au salut. Seul l’amour de Dieu sauvera le monde.

P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, Bibliste.



vendredi 21 octobre 2011

LE BENIN SE PREPARE A ACCUEILLIR LE PAPE BENOIT XVI



L’Eglise du Bénin et tout le peuple béninois se préparent à accueillir le Pape Benoît XVI du 18 au 20 novembre 2011. Durant son séjour, le Pape célèbrera la clôture des 150 ans d’évangélisation du Bénin, signera et remettra l’exhortation apostolique post-synodale à tous les évêques africains et  enfin, ne manquera pas d’aller se recueillir sur la tombe du Cardinal GANTIN, avec qui il a collaboré pendant des décennies au sein de la Curie Romaine. Rappelons que le dernier Synode sur l’Afrique portait sur la Réconciliation, la Justice et la Paix et s'est tenu au Vatican en octobre 2009. 


Il faut ajouter que tous ces événements s’inscrivent, par le dessein de la Providence, dans le cadre des quarante années de relations diplomatiques entre le Bénin et le Saint-Siège. Suivez toute l'actualité dudit voyage à partir du site internet crée à cet effet. 

Père Eric Oloudé OKPEITCHA  

mardi 18 octobre 2011

A ROME, LA MANIFESTATION DES "INDIGNES" DEGENERE EN VIOLENCES

Le mouvement quasi mondial des « indignés » contre le « système » financier actuel de notre planète a pris un ton et un goût amers à Rome ce samedi 15 octobre 2011. Un groupe de violents (black bloc) cagoulés a très tôt infiltré le cortège, cassant, brûlant et affrontant la police. Le bilan est lourd, 70 blessés dont des policiers, une fourgonnette des policiers brûlés et au moins 12 arrestations. Le Rubicon a été franchi quand aux environs de 16h a  été attaquée une église San Marcellino et Pietro, cassant une croix et portant en « trophée » une statue de Notre Dame de Lourdes, brisée peu après au milieu de la voie. Et ceci, à quelques pas de la Basilique du Latran, la cathédrale du Pape. L’onde de choc de ces événements n’a pas manqué de susciter une vague de protestations depuis le Président de la République jusqu’aux partis politiques toutes tendances confondues, les associations catholiques et tout naturellement le Saint-Siège. Mais au-delà de tout cela, le fait mérite réflexions.

Comment ce vandalisme qui n’a rien à voir avec le mouvement civique et réfléchi des indignés qui, à travers le monde entier, ont manifesté pacifiquement et dignement leur ras-le-bol face à un système financier devenant infernal et étouffant, a pu échapper aux forces de sécurité d’un pays aussi policier ? on se rappelle le 14 décembre dernier, la dégénération d’une manifestation des élèves et étudiants en affrontements, créant d’énormes pertes à la ville et à des particuliers. A ce moment-là, tout le monde avait jugé la violence inacceptable. Et puis après ? Qu’a-t-on pu faire depuis ce temps pour que la même scène se répète, provoquant les mêmes refrains de condamnation ?

Mais à y voir de près, le malaise est profond ici en Europe, surtout au niveau de la jeune génération. On se rappelle les  tristes événements de Londres durant l’été dernier qui ont reçu, une réponse prompte et musclée du gouvernement du premier Ministre David Cameron. En voyant en flamme la fourgonnette des policiers, la Statue de la Vierge brisée au milieu de la voie, il faut reconnaître qu’on est monté de plusieurs crans. S’attaquer à l’Etat et à la Religion, c’est le signe d’un désespoir profond désormais sans frontière ni horizon. En effet, l’Etat et la Religion sont des composantes indéniables de la civilisation par rapport au « chaos initial ». C’est le drame des sociétés européennes qui ont tout misé sur la croissance économique mettant en veilleuse les autres aspects de la vie. Le résultat est là, effrayant. Vers quel horizon se dirige-t-on ? vers des lendemains sombres si le malaise n’est pas pensé et la plaie pansée en profondeur, c’est-à-dire à partir des piliers de la société que sont la Famille, l’Education civique et l’Eglise qui ont assuré les heures de gloire de l’Occident.

Pére Eric Oloudé OKPEITCHA

samedi 15 octobre 2011

A CESAR, CE QUE DIEU VEUT QU'ON LUI DONNE...

XXIX DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(Is 45, 1.4-6a  / 1Th 1, 1-5 / Mt 22, 15-21)



Le pouvoir politique de Cyrus, humble roi païen mais conquérant entre dans le dessein de salut de Dieu pour Israël. Les prétentions divines de César compromettent le bien et la vie. L’homme est créé à l’effigie de Dieu (Gn 1,27). Il n’appartient pas à un pouvoir ou système politique.



1.    Il est l’unique Dieu de notre l’histoire



L’enjeu spirituel de cette prophétie lue en première lecture, est la prise de conscience religieuse de l’unicité de Dieu et l’affirmation de son universalité. Il s’est servi de Cyrus (Is 44,28) roi païen, pour libérer et rétablir le peuple d’Israël sur sa terre. L’expérience politique de ce roi non juif et non croyant nous est proposée comme le signe que toute vraie sagesse vient de Dieu. La liberté et l’autonomie si chères à sa politique sont des valeurs spirituelles, dons de la Sagesse infinie de Dieu qui appelle l’homme à répondre au commandement de procréer et de rendre la terre plus viable et plus habitable pour tous. Le service politique n’a d’autres objectifs que la réalisation du Shalom divin (Shalom= la Paix, le Bien, le Beau et la Vrai…). Ce service n’est pas à confondre avec la « politique politicienne » faite de mensonges, de gangstérisme électoral et d’exploitations de tous genres. Dieu nous guide dans notre volonté de faire le bien et nous élève dans notre humilité et ouverture à sa grâce. Sa tendresse et sa bonté envers tous (juifs comme païens), montre qu’Il est l’unique Dieu vrai en sa victoire, en son Amour, expérience vivante de salut en notre histoire.



2.    Même César est créature de Dieu…



L’autorité politique ou civile est au service de l’organisation spatio-temporelle et matérielle du bien-être et du bien-vivre avec autrui. Il est normale de payer la taxe pour le bien de tous. Cependant il faut se garder des interprétations qui trop vite vont en besogne faisant de cet évangile, fondement de la séparation de l’autel du trône ou celle de la religion et de l’Etat. La logique du Christ est tout autre. Il veut indiquer que l’homme n’est pas un absolu. Il a plutôt un absolu qui est Dieu. Sur la monnaie de l’empereur il est écrit : Tiberius Caesar Divi Augusti Filius Augustus Pontifex Maximus (Tibère César, fils du divin Auguste, Auguste, grand prêtre). L’empereur se prend lui-même pour dieu. C’est un blasphème insupportable que Jésus relève subtilement. Exprès, Jésus positionne « César » au début de la phrase de sa réponse pour en restreindre et limiter la valeur et la subordonner à Dieu. En d’autres termes, Jésus dit : l’empereur n’est pas Dieu. Il est lui-même créature de Dieu. Et si donc une politique se positionne comme absolue et divine, elle se retrouvera en face de la stricte et dure résistance des chrétiens. Quand une autorité ou un système même la plus démocratique qui soit veut contrôler la foi, le comportement moral, décider du début ou de la fin de la vie humaine, envahir les consciences, les espérances et les rêves des citoyens elle se prend pour absolue. En ce piège peut tomber tout pouvoir (pouvoir exécutif, législatif, judiciaire ou pouvoir de la presse…). L’homme est créé à l’image de Dieu. Il n’appartient pas à un système politique. César peut bien se tromper dans ses critères de jugement et d’imposition. Il faut lui donner ce que Dieu veut qu’on lui donne. Ne lui donnons pas ce qui en n’appartient qu’à Dieu.



3.    A Dieu ce qui Lui revient

Le Royaume de Dieu commence ici mais ne se réduit pas à notre être et notre vivre ici bas. Toute la vie du chrétien est une vie en vue de la gloire éternelle but de toute action de grâce. L’action de grâce ou eucharistie est union des hommes entre eux dans une solidarité spirituelle en vue de l’union à Dieu. Elle est l’école de fidélité à Dieu comme engagement en vue d’une vie chrétienne digne dans la cité. Ainsi, la vie chrétienne devient célébration des mystères divins de notre foi, de notre espérance dans une charité politique ferment de la victoire de Dieu dans l’histoire. Le chrétien doit être une chance pour sa société.



     P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO



dimanche 9 octobre 2011

TOUS SONT INVITÉS AU ROYAUME !

XXVIII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(Is 25, 6-9  / Ph 4, 12-14.19-20 / Mt 22, 1-14)



La foi chrétienne est une vocation à la joie, à la fête dans la grande perspective de la vie qui nous attend après celle d’ici-bas. L’Eucharistie est un avant-goût de ce festin éternel.
1.   Un festin pour tous les peuples… !
La première lecture fait partie des chapitres 24-27 désignés comme l’ « apocalypse » d’Isaïe. Elle décrit la joie retrouvée d’être tous unis, frères et sœurs, enfants d’un même Père : une fraternité universelle finalement retrouvée et fruit d’une vivante relation avec Dieu qui inaugure un nouvel ordre de paix et de joie pour notre histoire. Ce banquet offert, nous éveille à l’unité de la foi, à la centralité de « sa montagne sainte » symbole de son Temple, de l’Église du Christ et à l’annonce de l’eucharistie comme repas de l’Amour divin qui détruit le mal et la souffrance parce que sacrement d’unité et de rencontre de tous dans le sein de Dieu.
 
2.   Être digne ou indigne du banquet éternel ?
Ce banquet de noces est signe et symbole de la beauté de notre relation avec Dieu en vue du Royaume des cieux. Son initiative d’inviter au festin, communion de joie et d’allégresse de tous ceux qui sont en Jésus-Christ, est l’ouverture de l’amour entre les personnes divines à l’humanité. Quand on aime on prend d’initiatives... A plusieurs reprises Dieu envoya chercher les invités. Il est fou d’amour pour sa créature. Les refus et rejets successifs, refus d’Israël du Messie, rejet et homicide des prophètes et missionnaires d’hier et d’aujourd’hui ou le refus d’accepter de se soumettre à la vérité de l’Evangile, n’empêchent pas la promesse du salut, n’entament en rien cet amour mais le portent à son accomplissement. Le Royaume des cieux est donc festin du salut, festin d’unité et de réconciliation entre tous les peules en Dieu. L’abondance en cet évangile de la racine du verbe grec « appeler=inviter » peut nous permettre d’approfondir comment la réponse positive de l’homme et singulièrement du croyant, fait naître l’harmonie dont la vie avec Dieu nous inonde. L’harmonie universelle entre les peuples à la fin des temps, n’en est que le fruit. Le rejet ou toutes autres réponses contraires à l’appel par exemple, « l’un va à son champ, l’autre à son commerce… », est l’exclusion de soi des noces préférant s’asseoir orgueilleusement sur des privilèges personnels, tuant Dieu dans et par l’indifférence ou dans la négligence de ses appels à la conversion. C’est là, l’attitude de l’homme sans l’habit de noces. Aussi amicalement que possible, le maître l’interpelle. Il oppose un refus de dialogue, refus d’entrer en relation avec le maître, Dieu.
3.   Notre vraie richesse est en Christ Eucharistie !
Le Royaume des cieux est un festin d’amour, une merveille dont la beauté se trouve dans l’Eucharistie. L’authentique relation avec Dieu est « faire noces » avec son Christ en communauté des sauvés (Église). Cela suppose de ne pas sous-évaluer la vie à-venir, vie éternelle pour hyper-valoriser la vie présente. Dieu n’est pas indifférent à la vie du monde et à notre histoire. L’esprit de pauvreté ou de détachement auquel Paul convie en deuxième lecture, est un chemin simple pour comprendre que le présent est un don en vue de la vie d’après. Auquel cas, il y a risque de courir loin du Dieu de la vraie joie et le rejeter. L’évangile du Christ ou la Parole de Dieu, ne peut jamais être encombrant ou mal adapté à notre temps. La vie chrétienne est une vie à vivre à partir du Christ en vue du Royaume à-venir. Là où le christianisme est vécu sans la vie à-venir, il est réduit à une morale, à une satisfaction et une course après les guérisons immédiates.

P. Chelbin-Alfred Wanyinou  HONVO, bibliste.




lundi 3 octobre 2011

LE CNS OU LE CNT (bis) ?



Ce week-end, le CNS (Conseil National Syrien) réunissant toutes les chapelles de l’opposition au régime de Bachar Al-Assad, a été porté sur les fonts baptismaux. C’est à la faveur d’une rencontre à Istanbul, sanctionnée par un communiqué final lu par Burhan Ghalioune, un universitaire basé à Paris. Il disait notamment, « le Conseil syrien est ouvert à la participation de tous les Syriens. C'est un Conseil indépendant qui incarne la souveraineté du peuple syrien dans sa lutte pour la liberté." Le rapprochement entre ce Conseil et celui formé par les opposants libyens saute aux yeux. Pour autant parviendra-t-il au même résultat ? Rien n’est moins sûr.

Le caractère hétérogène dudit conseil qui regroupe les Comités locaux de coordination (LCC) pièce maîtresse des  manifestations en cours en Syrie, les libéraux, les Frères musulmans ainsi que les Kurdes et les Assyriens est un facteur limitatif. L’écart entre les divers courants idéologiques est énorme ; la conception de la nature de l’Etat devant naître est loin de faire l’unanimité. L’apparente union affichée tiendra tant que l’adversaire commun « Bachar Al-Assad » sera encore au pouvoir et poursuivra la même gestion de la contestation populaire.

Le CNT libyen a agi de l’intérieur, aux côtés des jeunes révoltés qui, au prix de leur vie, allaient manifester pour réclamer un autre avenir pour leur pays. Le CNS aura l’handicap d’être une force de l’extérieur, bien à l’abri des balles. De plus, plusieurs autres organisations laïques actives sur le terrain ont déjà pris leur distance à son égard, à cause de la supposée prédominance des Frères Musulmans, craignant une récupération islamiste du mouvement en faveur de la démocratie et des droits de l’homme.

L’appui de la communauté internationale, dans ce cas-ci, sera mitigé. Dans le cas de la Libye, la France qui entendait retrouver un leadership raté dans le cas de la Tunisie et de l’Egypte, a voulu saisir l’opportunité pour un coup d’éclat. Le Président Sarkozy, à quelques mois des élections présidentielles, espérait faire miroiter à son opinion « la gloire et la grandeur » de la  France. Mais la longue durée des opérations, les nombreuses victimes civiles ont lassé l’opinion qui, de plus en plus avertie et hostile à l’ingérence étrangère dans les affaires internes des peuples, croit peu aux campagnes de dénigrement contre tel ou tel dictateur. Pour justifier le renversement de Jean-Bedel BOKASSA, on pouvait  facilement agiter dans les médias son anthropophagie pour susciter l’émotion collective. Aujourd’hui, il en est autrement. Ce coup, son coup qu’il s’est d’ailleurs empressé d’aller célébrer avec le premier ministre britannique, n’aura pas tellement arrangé la popularité en chute libre du président français. Sur le plan économique, le maintien de la plupart des accords établis avant la crise, ne laisse pas présager de gros avantages. Sur le plan diplomatique, la « rhétorique » ayant servi à éviter tout éventuel véto contre la résolution onusienne sur la Libye, aura du mal à fonctionner cette fois-ci. Les partenaires qui y avaient cru, ont maintenant compris et du coup, se raidissent sur le cas de la Syrie. L’historique passage du Sénat français à gauche ces jours-ci devrait préoccuper davantage le président français et le pousser à se  tourner  plus vers la politique intérieure pour sauver ce qui peut l’être encore.

Le président Obama, mis en difficulté par la crise, se tourne aussi de plus en plus vers la politique intérieure. On l’a vu récemment, lors de l’Assemblée générale de l’ONU sur le conflit israélo-palestinien.

Tout ce contexte politique rend difficile une action décisive de la communauté internationale aux côtés de l’opposition syrienne. Enfin la Syrie n’est pas la Libye, on l’aura assez répété depuis le début de la répression. Une action maladroite jetterait immédiatement le feu aux poudres dans la région.

Ceci dit, le sang des manifestants pacifiques n'aura pas coulé en vain même s’il faut envisager, pour les jours à venir,  un essoufflement des manifestations. Chaque pays a son destin.

Vivement que les parties en face en Syrie retrouvent la voie du dialogue pour opérer les inéluctables changements requis par le vent de liberté qui souffle dans le monde et qui n’épargnera aucun pays. La violence ne construit pas ; elle détruit.
           
Père Eric Oloudé OKPEITCHA


samedi 1 octobre 2011

O MON PEUPLE, QUE T'AI JE FAIT ?


XXVII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(Is 5, 1-7  / Ph 4, 6-9 / Mt 21, 33-43)



Le texte d’Isaïe appelle Israël, vigne du Seigneur, son peuple bien-aimé. Dans l’évangile, Israël devient vignerons, vignerons homicides. Du « chant d’amour » pour son peuple, Dieu passe au « chant des impropères » (du latin improperium = reproche), chant de reproches où nous sommes provoqués à faire une réflexion sur l’histoire de notre salut et de notre fidélité.

1.    Vigne aux raisins d’amertume… !

Le prophète entre dans la liturgie et l’ambiance festives des vendanges. Mais les notes et les accents de sa musique passent à l’amer. La fiancée a produit des fruits d’amertume et de honte : injustice, recherche égoïste du profit, course aux faveurs et aux amitiés utiles pour avoir une carrière puissante dans la cité ou dans l’Église et l’entretenir à tous les prix. Les pauvres ploient sous le joug de toutes formes d’exploitations. L’adoration du vrai Dieu est remplacée par des religiosités modernes du veau d’or et des rencontres festives. La brebis souffrante qui a besoin d’être spirituellement assistée ne trouve personne. L’institution est vidée du charisme et devient oppressante. Tout devient politique. La crise nous surprend ! La vigne s’obstine à être infidèle à l’alliance pire à se débarrasser de Dieu et de son Christ.
 
2.    Vignerons qui se débarrassent de Dieu et tuent le Fils…!

Le peuple veut devenir propriétaire et maître de lui-même. Les vignerons de l’évangile ne travaillent pas par amour du vrai propriétaire de la vigne, ni par amour de la vigne mais seulement pour s’accaparer d’elle. N’avons-nous pas toujours horreur des envoyés de Dieu et/ou d’entendre la voix de Dieu lui-même ? Ses envoyés sont persécutés, martyrisés et finalement, Dieu est rejeté et tué en son Fils. Mais nous oublions que, l’unique mesure de valeur authentique du Bien de la personne humaine est ce Christ Fils de Dieu et Dieu lui-même. C’est Lui seul qui, épousant notre condition humaine excepté le péché, dit la vérité sur la femme et l’homme d’hier, d’aujourd’hui et de tous les temps. Ce n’est pas parce que nous ne portons de fruits que nous rejetons Dieu et ses envoyés. Mais parce que nous les rejetons que nous ne produisons pas de bons fruits. Les conséquences sont dangereuses : le mal est vu comme bien et le bien comme mal, faisant des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres. (cf. Is 5,20) Dieu nous laisse au déshonneur et à la déchéance dont nous sommes les seuls protagonistes et responsables. Mais nos infidélités n’entament en rien sa Fidélité : sa mort sur la croix annoncée dans cet évangile, révèle la force de son amour.

3.    Dieu confiera sa vigne à un autre peuple…!

Confier la vigne à un autre peuple est une autre tentative de sauver Israël son peuple bien-aimé. La puissance divine rayonne malgré notre liberté qui est aussi malheureusement capacité de Lui dire non. Dieu est respectueux de la liberté humaine. A nos infidélités, il répond par la Fidélité jusqu’à la mort sur la croix. Les textes d’aujourd’hui ouvrent une piste de réflexion personnelle et ecclésiale sur la réponse à cette alliance d’amour dans laquelle Dieu en Jésus-Christ, donne vie à notre monde, à notre terre, notre société et nos familles. L’Église sacrement de ce salut est appelée à se rénover dans l’obéissance pour répondre pleinement à sa vocation sinon, les prostitués et les publicains qui entre temps se seraient convertis et adhérés à l’annonce du Royaume, deviendront le nouveau peuple, le reste fidèle. Quels fruits portons-nous ? fruits d’amertume ou fruits spirituels dont le monde a besoin ? Paul indique que ce ne sont pas les biens matériels immédiatement utiles qui procurent le bonheur. Et la foi ne nous soustrait pas aux épreuves d’ici-bas mais nous aide à nous attacher plus fortement à Christ, chemin vérité et vie. La foi se nourrit de prières, d’action de grâce et de l’évangile pour être forte et fidèle dans la Fidélité de Dieu.
« Vigne aux raisins d’amertume,
    Vigne aux sarments desséchés
Souviens-toi !
…..
  Moi, j’ai voulu, vivante Sève,
        jeter l’espoir de fruits nouveaux ;
   toi, tu te coupes de mes eaux
                               mais pour aller vers quelle sève ? »
(Impropères)


          P.  Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, bibliste.