lundi 20 décembre 2010

" Demain, vous verrez sa gloire"

" Ce soir, vous connaitrez votre Sauveur, car le Seigneur vient; demain, vous verrez sa gloire" (Ex 16, 6-7)
Que le Sauveur qui vient à nous illumine le soir de vos détresses, de vos tristesses, de vos difficultés de cette année 2010 qui s'achève pour que vous puissiez voir, se manifester concrètemment dans votre vie, sa gloire en termes de bénédictions, de paix, de joie et de prospérité tout au long de l'année nouvelle.
A tous et à chacun, bonne, heureuse et sainte année 2011.
Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père, Amen.
Voir la video.

Noël, rumeur d’enfance au cœur de l’homme !



Noël, rumeur d’enfance au cœur de l’homme !

Devant le petit Enfant de Bethléem,

Laissons monter en nous la sève de l’innocence,


Laissons monter en nous la sève de la confiance totale en Dieu qui peut tout,


Et même se faire homme en naissant dans une étable.


Joyeux Noël à tous et à chacun !

Les vœux de fin d’année : pourquoi et comment ?



Le 12 janvier 2010, le monde entier est pris de cours et retient son souffle. Un tremblement de terre d’une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter venait de frapper Haïti, l’un des pays les plus pauvres de la planète. L’ampleur des dégâts est impressionnante. Des centaines de milliers de victimes ensevelies sous les décombres, un nombre inimaginable de sans-abris, de blessés et d’orphelins. Il faut saluer, à ce propos, la spontanéité et la mobilisation de la communauté internationale pour sauver ce qui pouvait l’être encore et porter secours aux rescapés.

Et pourtant quelques jours auparavant, tous ces hommes, toutes ces femmes et tous ces enfants ont émis des vœux de paix, de santé et de bonheur pour la nouvelle année qui commençait et qui, en réalité, ne leur aura réservé, que 12 jours. Ces expériences combinées à d’autres vécues au niveau individuel poussent certains à s’insurger contre la pratique des présentations de vœux en fin d’année. « c’est du formalisme ! », « c’est inutile ! », « cela ne change rien ! », « vœux pieux et sans effet ! ». Toutes ces réflexions s’appuient sur les expériences dont nous avons parlé plus haut et qui, effectivement, heurtent l’esprit humain.

Mais pour notre part, nous pensons qu’il est essentiel de souhaiter les vœux à nos amis mais surtout à ceux avec qui nous ne nous entendons pas bien. Ce ne sont plus de simples vœux mais plutôt des prières. Or, tous, nous avons le devoir de prier en tant qu’enfant de Dieu et nous avons aussi tous besoin de la prière des autres. Les vœux, entendus dans ce sens, sont à présenter à tous. Ainsi, si tu veux présenter les vœux de paix et de bonheur aux autres, crois d’abord à la possibilité de la paix et du bonheur pour l’humanité, prie ensuite du plus profond de ton cœur pour la paix et le bonheur et enfin œuvre pour la paix et le bonheur sur notre terre.

En clair, commence par méditer, par croire à tes vœux, porte-les ensuite dans la prière et enfin, travaille dans ta vie à les inscrire dans la réalité. Si les milliards de vœux qui, bientôt, fuseront de toutes les parties du monde, étaient tous des prières faites avec foi et conviction, 2011 sera vraiment heureuse et sainte pour chacun et pour tous.

dimanche 19 décembre 2010

Trois leçons de la crise ivoirienne

La Côte d’Ivoire du grand président Houphouet Boigny n’a pas cessé d’alimenter la chronique de l’actualité mondiale depuis quelques années. Ambiances de guerre civile, divisions du pays en deux parties, rebellions armées, présence des troupes de l’ONU, reports répétés d’élection ou élections contestées et pour comble, l’affreux spectacle de deux présidents et de deux gouvernements… Ce tableau qui n’a rien d’original, puisque plusieurs pays l’ont aussi vécu à quelques nuances près, attriste tout africain épris de paix et de prospérité pour le continent tant il est vrai qu’il s’agit d’un pays autrefois havre de paix et de stabilité, terre d’accueil et d’immigration pour beaucoup de bras valides de l’Afrique de l’Ouest à la recherche d’un mieux-être. Loin de nous la prétention de désigner le coupable dans ce drame qui commence par trop durer et bien malin qui pourra en dessiner avec certitude l’issue. Seulement, nous voudrions esquisser quelques réflexions surtout pour la jeunesse africaine qui vit de près ou de loin cet événement qui doit devenir une expérience pour tous les africains.
Le pouvoir, service ponctuel à la Nation
La situation actuelle a commencé tout comme une banale querelle de succession. Après plusieurs décennies de pouvoir paternaliste sans partage, le grand président Houphouet Boigny a finalement pris le chemin de tout le monde. Ce coup d’arrêt fatal va créer une crise sans précédent dans un environnement où l’on ne connait pas le mot alternance et où l’on ne conçoit pas la réalité du pouvoir comme un service ponctuel à rendre à la Nation et puis à laisser à d’autres. Qui ne se laisserait pas tenter par le fauteuil moelleux et doré du président défunt ? Le résultat est là et inspire indignation. D’où la première leçon de cette crise, à savoir la conception du pouvoir politique comme un service ponctuel que l’on rend à sa Nation. Nous souhaitons vivement que la jeunesse africaine extirpe de son esprit la vieille conception du roi africain qui ne doit pas connaitre son successeur. Le monarque africain, exerçant et jouissant des honneurs du trône jusque dans la tombe doit mourir en chaque dirigeant africain et surtout dans la jeunesse africaine, l’élite de demain.
Jamais la guerre comme stratégie ou solution
La deuxième leçon de ce drame de la Côte d’Ivoire est le phénomène de la guerre à proscrire radicalement comme stratégie de conquête ou de maintien au pouvoir. La guerre, dit un ancien chef d’Etat africain, on sait quand ça commence mais jamais comment ça finira. Les artisans de premier ou de dernier ordre de la guerre en Côte d’Ivoire ne pourront jamais imaginer la fin de ce feu qu’ils ont allumé. Dans la situation actuelle, la réalité de la guerre a beaucoup joué. La contestation des résultats provenant d’une partie du territoire échappant au « pouvoir central », les soupçons mutuels et les rancœurs nés de la guerre rendent difficile l’acceptation des résultats définitifs. Dans un pays qui a connu la guerre, la confiance est détruite pour longtemps entre ses fils. Comme un feu mal éteint que rallume un léger vent, les uns et les autres sont à l’affût de quelque événement pouvant provoquer un retour au chaos de la guerre. Ce qui compromet le présent et surtout l’avenir du pays.
Prioriser le compromis
La troisième leçon est le rôle de la communauté internationale. Elle s’est déjà impliquée dans la résolution de conflits internes de plus pays du monde, mais en général, c’est seulement la volonté de compromis entre les fils et filles du pays qui a toujours fait poser la colombe de la paix. Et plus que jamais, cela se vérifie dans le cas actuel. Certains ont accusé la communauté internationale d’ingérence dans les affaires internes de la Côte d’Ivoire. A notre avis, c’est facile de sonner la trompette du nationalisme. Mais quand l’on sait l’investissement logistique, financier que fait la communauté internationale depuis le début des troubles jusqu’aux dernières élections, on pourrait comprendre son impatience pour un retour à la normalité surtout que d’autres fronts dans le monde sollicitent son soutien, que ce soit dans le domaine de la santé ou du développement. Aujourd’hui, nous avons deux présidents : l’un refuse de se plier à la volonté de la communauté internationale qui lui demande de remettre le pouvoir, l’autre est perçu par une partie de la population comme le symbole du diktat de la communauté internationale. Dans un cas comme dans l’autre, ce sont les Ivoiriens qui compromettent leur avenir. Car comment gouverner sereinement un pays en se mettant toute la communauté internationale à dos avec les mesures habituelles d’exclusion, de sanctions ciblées, de gel des avoirs… ? de l’autre côté, comment asseoir un pouvoir en vue de la reconstruction d’un pays quand l’on passe pour un président issu d’élections contestées à tort ou à raison, soutenu et imposé par la communauté internationale… ? C’est dire donc, que la solution se trouve une fois encore dans les mains des Ivoiriens qui doivent faire l’effort de dépasser leurs différends pour s’occuper de l’avenir de leur Nation et surtout du sort qu’ils réservent aux futures générations. Bientôt, on commencera à parler de la génération de la guerre.

Wikileaks, un monde sans secret (suite et fin)

Les responsables de wikileaks ont tenu promesse en publiant les documents annoncés. Le contenu de ces documents confidentiels a oscillé entre le banal et le sérieux, entre le « déjà su » et le « rien d’étonnant ». Il ne s’agit pas pour nous d’évaluer ici la portée ou de nous interroger sur le sens de cette publication. S’agit-il de l’application du droit à l’information ou de la liberté de la presse ? les documents publiés peuvent-ils être qualifiés d’information ? quel est l’objectif poursuivi par les responsables de wikileaks et où trouvent-ils les moyens ? De toute évidence, wikileaks ne saurait être l’œuvre d’une seule personne, c’est une entreprise qui emploie un personnel. Laissant de coté ces légitimes interrogations, nous voudrions poursuivre notre réflexion en examinant les conséquences possibles d’un monde sans secret. Nous voudrions aller dans ce sens parce que la tentative de remettre ou de maintenir l’ordre ancien ne nous parait pas promise au succès. Et cette tentative réside dans ce qu’ont tenté de faire les Etats-Unis en mettant sur pied un comité scientifique dont la mission est de bloquer le fameux site en y envoyant des tonnes de virus et de mieux protéger désormais les documents par un système plus sophistiqué. Mais la technique a toujours servi à détruire la technique, d’où la possibilité de contourner ou de déverrouiller ce qui serait verrouillé.
La superficialité des communications
Le monde sans secret dans lequel nous entrons, à petits pas, aura pour première conséquence la superficialité des communications faites à travers les nouveaux médias. A l’exception des naïfs, l’on sait désormais qu’il ne faut pas « tout » dire au téléphone encore moins « tout » écrire sur facebook ou par mails. En définitive, la fameuse « ère de la communication » ne sera pas l’ère de la croissance de l’humain dans l’homme grâce à une ample ouverture à ses semblables mais celle de la méfiance ou du repli sur soi.
Retour à la communication non médiatisée
La deuxième conséquence, qui découle de la première, sera le retour aux formes traditionnelles de communications, plus directes et non médiatisées dans le sens où aucun support techniques ne s’insère entre les communicants. Il est juste de faire remarquer que cette forme de communication ne met pas non plus à l’abri de tout risque de trahison ou de publication même à faible échelle de ce qui était destiné à la sphère privée. Mais nous prenons en compte la dimension « contact humain » qui apporte une valeur ajoutée à nos relations. Et en ce sens, cela pourrait être bénéfique pour l’homme qui redécouvrira la valeur et la richesse de l’autre et, par ricochet, de lui-même.
Sens de responsabilité et de vérité
La troisième conséquence pourrait être l’accroissement du sens de la responsabilité et de la vérité dans tout acte de communication. En d’autres termes, que le communicant évalue ou soit conscient de l’impact qu’aurait eu le contenu de sa communication mis sur la place publique. Paraphrasant Kant, nous dirions « communique de manière à ce que le contenu de ta communication puisse être diffusé sans préjudice par les médias du monde entier. » L’application de cette maxime pourrait réduire l’opacité du « monde invisible » et l’hypocrisie des divers pouvoirs ou groupes de pression.

samedi 18 décembre 2010

Sur les pas de Joseph

QUATRIÈME DIMANCHE DE L’AVENT (Année Liturgique A)
(Is 7,10-14 / Rm 1,1-7 / Mt 1,18-24)

Les fiançailles en Palestine ancienne au temps du Nouveau Testament était un moment où, bien que ne vivant pas encore ensemble, les fiancés étaient juridiquement liés (Dt 20,7 et 22,23-27) et pour cela, considérés épouse et époux. L’infidélité de la fiancée était vue comme un adultère et au cas où venait à décéder le fiancé, elle devenait veuve. Pendant cette période (eruzin = fiançailles), sont prohibés les rapports intimes surtout dans la région de la Galilée où sévissait une morale très rigide par rapport à la Judée. Tel est en bref, le milieu où Joseph et Marie vivaient leurs fiançailles quand soudain, la maternité s’est manifestée en la jeune future épouse. Quel drame ! Que faut-il faire ? Que faut-il dire ?
Joseph, homme juste et homme de Dieu !
Joseph, pouvait-il la répudier secrètement sans acte juridique
(et donc sans témoins) ? ou s’était-il déjà rendu compte que Dieu avait un projet sacré sur la femme ? Toutes questions possibles ! Mais dans un sens comme dans l’autre, nous sommes en un contexte judaïque galiléen où il n’était pas facile de divorcer sans que les gens le sachent. S’il était possible de le faire, il ne serait pas non plus impossible de considérer que dans un village comme Nazareth, la contiguïté des cases était en faveur de la rapide diffusion des informations et de tout commérage. De toutes les manières, la situation se complique pour Joseph. Le drame atteint son sommet quand subitement l’ange lui apparaît comme en tout récit d’annonciation : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie… » (Mt 1,20). Dans l’expression « prendre chez toi Marie», est signifiée la deuxième et dernière étape de tout mariage juif : l’entrée solennelle de l’épouse chez l’époux (Nissuin=introduction). Dieu invite ainsi l’homme à prendre chez lui non plus seulement Marie son épouse, mais aussi l’Enfant-Dieu à naître. C’est l’appel à prendre conscience de la confiance que Dieu nous fait pour qu’à notre tour, nous puissions avoir confiance en Dieu. Le lecteur devine qu’en tout cela, l’évangéliste met en relief l’être-juste de Joseph et l’ouverture à la grâce qu’ implique sa justice. Il reçoit de Dieu l’indication sur le mystère à venir. Sans bien savoir où la route conduit, il l’accueille sans cesser d’être pleinement homme ou mieux, sans que sa raison capitule. L’exhortation « ne crains pas !» fait voir le degré du drame et dans le même temps procure sécurité à Joseph devant le mystère de Dieu qui dépasse tout entendement humain et au cœur duquel l’homme se perd.
Achaz, homme d’une religiosité sans foi !
Joseph fait confiance et entre dans le projet de Dieu. Le roi Achaz au contraire se ferme à l’initiative divine de protéger le royaume et d’y manifester sa gloire. En effet, devant le péril de la guerre Syro-Ephraimite qui mettait à haut risque Jérusalem et tout le royaume de Judée, Le roi refuse de demander un signe sous prétexte de ne pas tenter Dieu ou de forcer sa volonté. Là s’exprime en réalité, une prétendue religiosité ou respect de Dieu qui cache un manque de foi. C’est à Dieu lui-même qu’Achaz fermait la porte. Mais Dieu est plus grand que le cœur de l’homme. Son Amour se manifeste malgré notre refus car c’est lui qui le premier nous aima. (1 Jn 4,10). Le signe de cet Amour est la promesse de la venue du Messie, l’Enfant-Dieu, signe que Dieu chemine avec l’homme pour le salut. Dieu veut demeurer en nous et faire de nos vies et de chez nous, chez Lui.

Qui est cet Enfant ?
Mathieu nous permet ainsi de méditer le mystère de l’origine divine de l’Enfant-Jésus, l’Enfant-Dieu : « ..ce qui a été engendré en elle (Marie) vient de l'Esprit Saint, et elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1,20-21). Cet Enfant est l’Emmanuel, Dieu-avec-nous annoncé à Achaz, le « Dieu qui sauve des péchés » annoncé à Joseph. Ce mystère d’un Dieu-fait-homme au milieu des hommes est le signe de notre victoire sur le mal et sur les ennemis, signe que Dieu est à l’œuvre dans l’histoire pour la porter à son accomplissement. Cet accomplissement est l’annonce joyeuse et heureuse de notre salut récapitulée en la personne de l’Enfant-Dieu, Jésus-Christ. En sa personne cette Bonne Nouvelle de salut dont Paul se proclame l’heureux serviteur, atteint sa plénitude (Rm 1,1-3). L’action de l’Esprit donne vie à une nouvelle humanité dans le Christ. Dans notre vie et dans notre monde est entré Jésus pour que nous entrions à notre tour, dans la vie et le monde de Dieu.
L’annonce joyeuse de notre être-avec-Dieu
Au-delà d’une simple narration de ce qui s’est passé, les textes d’aujourd’hui nous portent à contempler en un premier temps, l’humilité de Dieu qui entre en notre chair mortelle, l’assume, la réhabilite pour l’élever en dignité ; et en un deuxième temps, l’appel de l’homme à collaborer à ce projet de salut. Somme toute, une fois transformée en Dieu et élevée, notre vie devient protagoniste de cette merveille de la présence vivante de Dieu. Protagonistes, nous pouvons l’être imitant le silence priant de Joseph. Nous pouvons le devenir imitant le zèle priant de Paul, annonciateur de l’évangile du salut, Jésus le Christ. En ces deux figures, nous écoutons la voix de l’Esprit qui nous dit : « puis-Je compter sur toi ?» Par notre foi, nous sommes sûrs qu’il vaut mieux compter sur Dieu mais Dieu peut-Il à son tour compter sur nous ? Joseph s’offre à nous comme un exemple d’humanité ouverte à Dieu. En lui s’est réalisée pour nous la parole de Dieu : « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Dt 8,3 ; Mt 4,4). Cette parole qui sort de la bouche de Dieu, c’est bien le Verbe du Père, Jésus le Christ.
Quelles sont en notre vie les situations à travers lesquelles l’Esprit Saint nous invite à nous abandonner comme Joseph à Dieu et à sa volonté ?

Père Chelbin-Alfred Wanyinou HONVO, Bibliste.

samedi 11 décembre 2010

Dimanche 12 décembre 2010. 3ème dimanche de l'Avent. Jean Baptiste: l' éternel missionnaire

L’histoire antique rapportée par Flavius Josephus (BJ VII, 6, 2-3) et les fouilles archéologiques de ces dernières décennies, attestent que Jean Baptiste était détenu prisonnier dans la forteresse de Machaerus à l’est de la mer morte, pendant presque toute la durée du ministère de Jésus en Galilée. L’épreuve de la prison que vivait cet homme habitué de la liberté des déserts (Lc 1,80), finissait certainement par lui faire poser des questions ou peut-être même douter à cause de ce qu’il entendait dire du Christ et de ses œuvres. Lui Jean, avait annoncé un Messie qui écraserait les ennemis, un Messie libérateur et glorieux. Mais à présent, il entend parler d’un Messie miséricordieux et plein de bonté envers tous. C’est déjà-là, la preuve que quelquefois, les signes de la présence parmi nous du Règne de Dieu ne nous sont pas perceptibles, non pas d’abord à cause de notre manque de foi mais surtout parce que nous voulons voir Dieu dans les grandeurs mondaines, les apparats de noblesse. Nous nous faisons l’image – comme le Baptiste – de l’avènement d’un Messie humainement fort et terrifiant, qui va «nettoyer son aire», et « consumer au feu qui ne s’éteint pas » (Mt 3,12). Pour mieux comprendre, Jean envoie ses disciples s’enquérir de la vérité auprès de Jésus : « es-tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre» ?
Es-tu Celui qui doit venir ?
Cette question communément interprétée comme expression du doute de Jean lui-même, pourrait bien aussi traduire le doute de ses disciples qu’il envoie écouter le Christ en personne afin de se convaincre eux-mêmes de son identité messianique. Dans un cas comme dans l’autre, on découvre en Jean, la figure d’un éternel missionnaire et infatigable chercheur de Dieu. Il vit pour Dieu, tant au désert que dans la souffrance de la prison. C’est l’exemple de celui qui s’engage totalement pour Dieu. Son doute est fondé sur la logique de l’attente de la fin, logique du jugement dernier qu’il a toujours prêché et qui contraste avec la figure d’un Messie doux et bienveillant dont il entend maintenant parler. Jésus ne vient ni comme un juge, ni comme un chef de guerre combattant contre les multiples violences subies par son peuple. Plus qu’un simple doute du Baptiste, il s’agit d’y voir une foi qui est toujours à la recherche de son intelligibilité, quête de vie profonde en Jésus-Christ et dans le même temps, humilité pour accueillir le Messie, non selon ses idées préconçues et préétablies, mais selon que Dieu se donne à voir et à comprendre. Pour connaître Dieu, il faut interroger Dieu lui-même. Mieux, pour parvenir à la connaissance de Dieu il faut la médiation du Christ.
Les œuvres révèlent l’identité du Christ
Jésus répond aux disciples de Jean en les renvoyant à ses œuvres. Il se sert des paroles d’Isaïe 35,5-6 (ou aussi Is 61,1) lues en première lecture. « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent…» Plus que cela, « la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Mt 11,5-6). Ce sont les actions ou les œuvres (miracles et évangile) qui révèlent l’identité du Messie. Cette réponse de Jésus totalise six verbes d’action qu’on pourrait aussi symboliquement comparer avec les six jours de la création. Ce sont des verbes qui traduisent la vie, la vie que Dieu nous donne. Ces actions sont la preuve de la vérité de la personne du Christ. N’est-ce pas aux fruits qu’on reconnaît l’arbre ?(cf. Mt 7,20) Notons bien cette méthode de Jésus : laisser les œuvres révéler notre identité. Cela vaut autant pour les chrétiens que nous sommes. C’est notre témoignage qui donnera crédibilité à notre profession et notre vie de foi. Peut-être verra-t-on là aussi, l’illustration d’une autre parole de Jésus : « tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu » (Mt 7,19). Mais seuls, les miracles ne suffisent pas. Le couronnement des œuvres du Christ, c’est la proclamation de l’Évangile. La Bonne Nouvelle annoncée à tous et singulièrement aux pauvres est source de bonheur et de joie, source de notre re - création permanente. Elle est la force qui transforme l’humanité, lui confère liberté et lui fait retrouver sa dignité première. Jésus-Christ lui-même est cet Évangile en personne, Bonne Nouvelle du salut. « Heureux qui ne se scandalise pas à cause de moi ! » (Mt 11,6) Jean et ses disciples et nous avec, devront faire de nos doutes, des portes ouvertes pour une nouvelle découverte de qui est véritablement Jésus-Christ, le Sauveur qui vient. Il n’est pas une idée abstraite, une légende entretenue le long des âges mais une personne vivante, agissante en nos vies. C’est cela l’annonce de joie de ce troisième dimanche de l’Avent : Réjouissez-vous (Gaudete) car Il vient…Il est là!
Notre vraie Joie est la rencontre avec le Christ
Notre première lecture nous porte au cœur de la joie que la venue du Messie nous procure. Le projet de Dieu pour l’humanité, et spécialement pour les chrétiens, est un projet de libération et de joie car le Royaume de Dieu est là tout près de nous. Ce Royaume est maintenant indiqué en la personne de Jésus-Christ, le Sauveur. L’avènement du jour du Sauveur, est un événement qui retentit et fait exulter toute la création. Si dimanche dernier le Seigneur nous a rassuré que le désert fleurira par sa puissance, aujourd’hui, le désert est invité à la joie. Pourquoi une telle Joie ? parce que la Parole de Dieu est le lieu où toute existence humaine est régénérée et transformée, lieu de notre re-création. Par la force du Verbe, les aveugles voient, les sourds entendent, l’espérance renaît en nos cœurs… En s’adressant à la foule, Jésus fait des précisions utiles sur Jean et sur lui-même. Jean est son véritable précurseur. Sa vie, qu’il a su positionner loin de toute séduction et illusion mondaines, est de totale fidélité à Dieu, exemple de transparence qui a donné crédibilité à son oeuvre prophétique. Les foules allaient à Jean parce qu’elles désiraient faire renaître l’espérance morte en leur cœur. Mais en Jésus, il y a plus que Jean.
En Jésus, toutes les promesses messianiques jadis annoncées dans la loi, les écrits et les prophètes, sont accomplies. Un monde nouveau fait de nouvelles relations avec Dieu, naît. Seule la conscience permanente à vivre cette nouveauté déjà dans le présent, sauvera l’humanité de faux paradis terrestres et de toutes forces de la nuit et de nuisance. L’exhortation de l’apôtre Jacques lue en deuxième lecture insiste sur la patience dans l’attente de l’avènement du Sauveur et la patience dans les épreuves comme une vertu de la foi. L’agriculteur et le prophète ont en commun la foi dans le futur de Dieu, la foi que la dernière parole reviendra à Dieu. Leur attitude que nous avons d’ailleurs découverte chez le Baptiste, est une invitation à ouvrir notre âme et notre raison à Dieu.

Père Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, bibliste.

Dimanche 5 décembre 2010. Urgence de la conversion

A quelque différence près, l’Évangile de ce deuxième dimanche de l’Avent revient, comme celui du dimanche dernier, sur les accents menaçants des « fins dernières »: le royaume de Dieu est proche, préparez-vous en vue d’échapper à « la colère prochaine ». Ces diverses images appartiennent en réalité à un mode pittoresque d’expression des prophètes et/ou des évangélistes (cf. par exemple la littérature apocalyptique de Daniel). Ils essaient ainsi de créer une tension vive en vue d’affirmer l’imminence du Règne de Dieu (en réalité déjà inauguré et déjà-là), et conduire l’homme à la pleine connaissance de Dieu à travers les exigences fondamentales de l’Évangile. La mission du Baptiste peut se comprendre dans ce cadre-là.

La mission de Jean Baptiste…

L’activité prophétique de Jean le Baptiste est toute orientée vers le Christ, « Celui qui doit venir ». Dernier de la longue lignée des prophètes annonciateurs du Messie, il nous est connu comme le précurseur du Christ, « celui qui prépare la voie…». C’est l’une des figures sublimes de l’humilité dans les Écritures : il s’efface devant le Christ, Celui dont il n’est pas « digne de dénouer la courroie des sandales » (Mt 3,11). Mais Jean se trouve dans la continuité de l’Ancienne Alliance : Isaïe en sa prophétie (Is 40,3) le présentait comme « la voix de celui qui crie… ». Aussi, le portrait physique de Jean ressemble à celui d’Elie (2 Rois 1,8) : «…vêtement fait de poils de chameau et un pagne de peau autour de ses reins ; sa nourriture était de sauterelles et de miel sauvage.» (Mt 3,4). Par là, Mathieu signale l’identité prophétique de Jean comme le nouvel Elie devant préparer les jours messianiques (Mt 11,14). Ces éléments sont l’authentification de la mission du Baptiste. Son activité s’inscrit dans l’accomplissement du règne de Dieu. D’une part, personne ne s’envoie et personne ne s’improvise prophète. On est envoyé en mission parce qu’on la reçoit de Dieu, une mission prophétique légitimement identifiable dans une généalogie sacrée de prophètes et vérifiable au double point de vue historique et théologique. Nous pouvons aussi lire d’autre part, en ce caractère ascétique de Jean, sa dynamique d’être et de vivre déjà dans l’Esprit du Christ qui vient. A son école, le chrétien peut vivre cette tension permanente, une vigilance (au sens de veiller dans le Seigneur) à opérer des choix éthiquement corrects en vue du Règne de Dieu. C’est tout cela sauf une simple et banale tentative piétiste de mortification. L’esprit de nos différents exercices d’ascèse et de mortification n’est-il pas avant tout d’indiquer que Jésus nous appelle à le suivre non simplement comme un personnage fameux, modèle à admirer ou à copier, mais comme une croix à prendre et à porter (imitation du Christ) ?

Urgence de Conversion

Le contenu de sa prédication est toute simple mais dense : « convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche.» Nous retrouvons cette même proposition impérative chez Jésus quand il inaugure sa mission publique (Mt 4,17 ). L’expression « Royaume des cieux » peut bien traduire l’universalité de la Seigneurie de Dieu. Ce pouvoir universel est le salut que Dieu inaugure pour son peuple. Ce salut se révèle maintenant tout proche de nous. Dieu est fidèle en sa promesse et l’évangéliste en donne les preuves en citant Isaïe. À l’initiative de Dieu devra correspondre notre réponse. Cette réponse humaine est un programme de conversion (étym. metanoia = changement (renversement, retournement) d’esprit, de cœur), de renversement intérieur des résistances de notre ego à la grâce. Le prophète s’illustre ici, celui qui est spirituellement capable de lire même dans les cœurs et les pensées de ces concitoyens : « engeance de vipères, qui vous a suggéré d'échapper à la Colère prochaine ?…ne vous avisez pas de dire en vous-mêmes : "Nous avons pour père Abraham." Car je vous le dis, Dieu peut, des pierres que voici, faire surgir des enfants à Abraham» (Mt 3,7.9). Personne ne peut se prévaloir d’être ou d’avoir de privilèges que d’autres devant le Seigneur. Tous doivent se conformer à l’urgence de pénitence, de changement de vie en vue du Règne. Au sacrement de baptême qui nous configure au Christ, doit suivre la conversion quotidienne intérieure, passage du vieil homme à l’homme nouveau inauguré en Jésus-Christ. Baptême et confession des péchés vont de pair et font entrer le Christ dans l’âme et la vie du croyant. L’une des dimensions de la grâce de l’incarnation historique du Verbe (logos), c’est la naissance du Christ dans le cœur de l’homme qui l’accueille. C’est un parallèle significatif. Le Christ fait irruption dans nos vies ou, le Règne de Dieu est proche de nous si et seulement si nous acceptons d’opérer ce changement radical dans notre relation avec Dieu. On reconnaît l’arbre à ses fruits.



Fruits de conversion

En réalité, les invectives de Jean contre les pharisiens et les sadducéens portaient surtout à dénoncer leur tendance à recevoir le baptême avec un esprit insincère, sans une volonté vraie de conversion. Le Baptiste n’arrêtait pas de le dire haut et fort : «…produisez des fruits dignes du repentir ». Autrement dit, donnez la preuve que vous êtes convertis. Et nous pouvons nous poser la question : quels sont ces fruits de conversion? Mathieu n’en donne aucun détail. Chez Luc au contraire, c’est un tableau de pratiques qui est dressé (Lc 3,10-14), répondant ainsi à la question « que devons-nous faire ? » Mathieu va au-delà de simples pratiques à observer. Et plus qu’une question du « faire », c’est une orientation nouvelle de vie. L’Évangile n’est pas d’abord un ensemble de « choses à faire », un ensemble d’observances religieuses. Cela vaut pour nous aussi aujourd’hui. L’Évangile est d’abord la foi en Jésus crucifié et ressuscité. Mathieu a certainement vu que la recherche de pratiques rigoureuses à accomplir, expose les croyants à un pharisaïsme dangereux et au risque du piétisme. Celui ou celle qui se convertit est comme un arbre dont les racines plongées en Dieu, produisent de bons fruits. Les fruits de la conversion sont donc la vie en Christ par la prière, la réconciliation, la justice et l’amour (Lc 3,10-14).
Les lieux du ministère du Baptiste sont à ce propos significatifs. Désert et Jourdain évoquent l’Amour de Dieu pour Israël. Le désert plus que tout, nous convoque au détachement, au silence. Son trait d’aridité nous signale aussi l’urgence d’une vie intense de prière pour comprendre que la foi est un de don de Dieu qu’il faut cependant, tous les jours demander et humblement conquérir par la prière. C’est la foi qui fait « refleurir le désert » et fait revivre l’arbre mort.

Ce sauveur qui fait refleurir le désert

L’élément fondamental qui dans les textes de ce dimanche pointe, est la figure ou la nature de ce sauveur qui vient, pas seulement à Noël et dans les sacrements que nous recevons tous les jours mais, qui vient « à l’accomplissement des temps ». Qui est ce Messie qui vient au « jugement final » ? « au dernier jour » ? Qui est ce Sauveur qui vient au jour de « la colère…» ou à l’avènement du Jour du salut ?
Plus haut, Jean Baptiste le présentait comme celui qui baptisera dans l’Esprit et le feu. Pour Paul en deuxième lecture, il est le serviteur qui a uni les peuples en vue du même salut. Et dans la première lecture, deux symbolismes frappent le lecteur d’Isaïe : un symbolisme relatif au règne végétal et un symbolisme relatif au règne animal. Par ces deux figures, le prophète annonce une humanité réconciliée et rénovée, une nouvelle création dont « le surgeon qui pousse des racines de Jessé » est le protagoniste. En réalité, la dynastie davidique anéantie et déclarée morte par les forces ennemies, reprend force ; les infidélités et péchés de cette dynastie n’ont pas eu le dessus. YHWH (Dieu) a eu le dessus. Et, en la personne du Messie se réalise et se manifeste la nouveauté de Dieu. La nouvelle création renaît sous le signe d’une humanité réconciliée et mise en harmonie. Grâce à l’Esprit de connaissance de Dieu, l’ordre de la création est rétabli. Les tensions entre raison et instinct, intelligence et émotion, désir et agir sont mises en harmonie. Le désert refleurit. L’arbre mort porte du fruit. C’est l’œuvre de ce Sauveur qui vient.
Dans l’humilité de Jean-Baptiste, redécouvrons la flamme vive de la connaissance de Dieu et notre vie renaîtra de ses cendres. Repartons du Christ pour produire les fruits de notre conversion.

Père Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, Bibliste.

dimanche 28 novembre 2010

Jeunesse africaine, lève-toi !: 28 novembre 2010. Premier dimanche de l'Avent Année A

Jeunesse africaine, lève-toi !: 28 novembre 2010. Premier dimanche de l'Avent Année A

28 novembre 2010. Premier dimanche de l'Avent Année A

Restons éveillés

Les catastrophes provoquées et toutes autres catastrophes naturelles de ces dernières années, ont tristement rendu célèbres diverses hypothèses fantaisistes et théories banales d’aventuristes militants qui, créent la psychose et font croire que bientôt sera la fin. L’une des dernières en vogue –jusqu’à une date récente– sur le site web prétend que le 21 décembre 2012 sera la fin du monde. Les lectures de ce dimanche qui, ouvrent notre préparation à Noël et inaugurent le début d’un nouvel an, une nouvelle année liturgique, ne parlent pas textuellement en termes de fin de notre monde sinon de : « il arrivera dans la suite des temps que…» (Is 2,2), «le salut est maintenant plus près de nous…» (Rm 13,11), « l’avènement du Fils de l’homme » (Mt 24,37). Toutes expressions qui indiquent que le « jour du Seigneur » qui vient est ou sera « un Jour de Salut ».
Le Jour qui vient est un jour de salut…
L’évangile propose une analyse de l’accomplissement définitif de cet avènement à partir d’une figure de comparaison avec les jours de Noé. Au-delà de la possible et très controversée réalité historique du déluge, Jésus lui-même nous remet en face d’une telle image « apocalyptique » pour annoncer son retour. Le terme classique qu’emploient les Écritures est emprunté à l’usage d’alors où, l’arrivée d’un souverain dans une ville, la cérémonie de la manifestation d’une divinité ou l’entrée solennelle d’un empereur était accompagnée de réjouissances populaires assorties d’une évaluation ou d’un jugement. Cette visite officielle de caractère à la fois politique et religieux, était désignée sous le vocable parousie (Parousia = venue, avènement). Cet avènement glorieux et joyeux célèbre la présence de l’hôte et le jugement qu’il prononcera. Les écrivains sacrés ont dû récupérer cette idée. La venue ou la parousie du Fils de l’homme est sa présence, son être-présent à son peuple. Dieu en personne vient demeurer en nous, nous remplir de sa présence.
Au temps de Noé, le déluge engloutit tous. Seuls Noé et sa famille furent épargnés : ce fut une certaine « fin du monde ». Mais à la suite des temps, le Fils apparaîtra et tous, femmes et hommes, passeront devant Lui, chacun dans la vérité de ce qu’il a été et de ce qu’il est. Chacun de nous pourra le contempler. Il sera présent en chacun de nous. Nous verrons clair dans le présent avec toute notre histoire passée pour être couronné de la gloire de fidélité qui nous attend. Cette épiphanie (manifestation glorieuse) du Christ porte en elle le projet de plénitude de la réalisation de nos vies à condition qu’elles ne soient pas comme au temps Noé. En Christ Jésus manifesté, chacune de nos vies sera exaltée à la dignité de la gloire que Dieu « effuse » en notre humanité de baptisés. Toutes les questions récurrentes autour du « futur de l’humanité», «le sens de l’histoire » et «le destin de chaque personne» s’éclairent : la venue du Fils de l’homme à la fin des temps est donc sa volonté manifeste de salut. Correspondre à cette volonté de salut, nécessite notre vigilance.

Le temps de s’y préparer est un temps de vigilance
Comme aux temps de Noé, on mangeait, on buvait, on prenait femme et mari… les gens ne se doutèrent de rien jusqu'à l'arrivée du déluge, qui les engloutit tous (Mt 24,38-39). Ce sont des actes ordinaires de la vie de tous les jours, qui peuvent aussi nous absorber et nous plonger dans l’insouciance ; ce sont les préoccupations humaines de toutes sortes qui pourraient distraire de l’essentiel et empêcher de discerner les signes des temps. Si on n’y veille, elles plongent dans la « non-connaissance » de Dieu ; « or la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, Toi, le seul véritable Dieu, et celui que Tu as envoyé, Jésus-Christ» (Jn 17,3). Cette non-connaissance de Dieu est la racine de tous les malheurs, cause de l’infélicité humaine. Jésus met en garde contre ce manque d’attention par rapport à cette volonté de salut qui s’actualise dans sa parousie. Toute distraction sera fatale. L’ignorance du moment ne sera pas une excuse. Le temps donné pour s’y préparer est un temps de vigilance.
L’impératif « veillez », sonne en grec « grêgorêite » duquel provient le très répandu prénom Grégoire. Grégoire, c’est celui ou celle qui veille, qui s’efforce d’approfondir la connaissance de Dieu et réaliser la volonté de Dieu. Cet exercice spirituel de la vigilance met en relation avec le Christ et le rend présent en nous. La vigilance nous arrache à l’insouciance et nous fait accueillir la volonté divine. Plus nous serons vigilants, plus nous serons capables de maîtriser spirituellement les désordres de notre de notre vie et les purifier. Précisément au v. 42, l’évangéliste remplace le titre « Fils de l’homme » par « votre Seigneur ». Il interpelle ainsi toute la communauté des croyants, mais avant tout c’est une note affective d’exhortation à persévérer dans la foi. Le jugement divin qu’insinuent les vv. 40-42, ne traduisent certainement pas une sentence irrévocable de tribunal. Ils affirment indirectement plutôt, une force de libération du pouvoir du péché, force de purification de nos libertés pour nous trouver dignes de ce jour de salut qu’Isaïe nous décrit en première lecture. (...)
Sortons de nos sommeils
Dans la Parole de Dieu les croyants trouvent l’énergie nécessaire à la vigilance. Le discours de Paul aux chrétiens de Rome (Rm 13,11-14a) est en ce sens une orientation impérative à être conscients du temps présent où ils doivent vivre leur vigilance, leur conversion. Ce temps est un moment de grâce. L’apôtre le reconnaît : « c'est l'heure désormais de vous arracher au sommeil ; le salut est maintenant plus près de nous…». Notre temps désormais marqué par Jésus-Christ est un temps favorable (kairos = temps opportun, moment favorable. Il n’est pas le chronos= le temps qui s’écoule, la durée). Il n’en existe pas d’autre. Bien vivre le temps présent c’est se mettre en route vers la montagne du Seigneur qui est son Eglise pour le culte unique du Dieu unique. Laissons les œuvres de ténèbres, revêtons les armes de lumière, revêtons-nous du Christ (Rm 13,12ss) pour faire honneur à notre dignité d’homme et de chrétien. Posons la conquête du Règne de Dieu en stratégie d’intérêts et le jour qui vient ne sera pas jour de colère (dies irae) mais jour de gloire (dies gloriae).

Père Chelbin Alfred W. HONVO,
Bibliste

samedi 27 novembre 2010

Wikileaks : un monde sans secret


Après les milliers de documents top secret publiés sur la guerre en Irak et en Afghanistan, le responsable du désormais célèbre site Wikileaks s’apprêtent à mettre dans les prochains jours, sur internet, c’est-à-dire à la disposition de tout le monde, près de 3 millions d’autres documents sur les rapports et correspondances à Washington des diplomates américains dans divers pays du monde. Cette annonce a semé la panique au Pentagone et dans les milieux diplomatiques américains, quant aux inévitables réactions des pays concernés par les dites révélations. Si la partie américaine parle d’initiative irresponsable tendant à déstabiliser la sécurité globale, pour les responsables de Wikileaks, il s’agit plutôt de créer un monde nouveau et de réécrire l’histoire contemporaine.
Guerre de vision ou d’interprétation d’un acte ; mais en réalité, il s’agit de deux visions du monde et de la société qui s’affrontent par-delà la culture créée par les nouveaux médias, tant il est vrai que l’on parle aujourd’hui de l’ère de la communication. Autrefois, les sociétés vivaient et survivaient par-delà les drames collectifs ou personnels grâce à ce que Walter Lippman appelait dans son ouvrage L’opinione pubblica, le « monde invisible » construit et géré par les gouvernants et non accessible aux gouvernés qui avaient seulement droit à une portion de la réalité. Ceci répond au fonctionnement des sociétés antiques avec la réalité des « secrets de cour » qui pouvaient couvrir des crimes et qui étaient connus seulement d’une mince minorité.
On pourrait souligner l’attachement aux secrets dans les sociétés africaines : les secrets de l’initiation, que le jeune initié passant du monde des enfants à celui des adultes grâce justement au « secret » ne doit jamais révéler, le secret de la religion, tenu par les responsables et transmis de génération en génération seulement dans la haute sphère, le secret politique que seulement détenaient les dignitaires de la cour. Et c’est justement sur cette base que la société était construite et tenait. En d’autres termes, chacun avait droit aux connaissances dignes de son rang et ne s’offusquait pas que des hommes et des femmes d’un autre rang soient mieux renseignés que lui.
Le monde nouveau des responsables du wikileaks s’oppose justement au monde des secrets ou celui divisé en « visible » et « invisible » de Lippmann. Le nouveau monde est celui où tout le monde peut tout connaitre au sujet de tout. Cela jouit certainement d’un charme. Il y a quelques décennies, Sakineh en Iran, Asia Bibi au Pakistan et bien d’autres sauvés par la mobilisation internationale, auraient déjà fini leur vie dans l’horreur couverte du lourd manteau du silence parce que non sue. Au jour d’aujourd’hui, elles vivent et certainement les jours à venir, nous le souhaitons fortement, recouvriront la liberté. Les écoutes et interceptions téléphoniques, les recherches policières permettant de reconstruire le contenu des portables (sms, appels, réceptions) des années après, le piratage des mails d’une tierce lancés après sur le net, la possible publication de documents marqués confidentiels grâce aux progrès de l’informatique (ce que fera bientôt Wikileaks, nous lancent un signal fort, celui de la mort du monde avec secrets et de la naissance d’un monde sans secret, un monde où « tout le monde peut tout savoir à propos de tout ».( à suivre)

samedi 20 novembre 2010

Dimanche 21 Novembre. Solennité du Christ Roi de l'Univers



Arrache-toi au pouvoir des roitelets.

L’attribution du titre de « Roi » au Christ pourrait mal résonner quand l'on sait que l'histoire de l'humanité regorge de rois peu vertueux et sanguinaires qui disposaient de la vie de leurs sujets et érigeaient parfois leurs caprices en lois. Mais justement la mission du Christ consiste dans la rédemption, la restauration de la création défigurée par le péché. Ainsi, par sa vie et sa mort sur la croix, il a redonné à la réalité du pouvoir sa signification profonde : le service. C’est en ce sens que se comprend la solennité que nous célébrons ce dimanche, à savoir le Christ, le Roi-Serviteur qui prend soin de ses sujets et donne sa vie pour leur bonheur.

Jeune africain, choisis ce Roi, dont le joug est facile et le fardeau léger. Obéis à ce Roi qui ne te réduit pas en esclave mais te hisse sur le piédestal du prince et te comble du bonheur.
Arrache-toi au pouvoir des roitelets qui veulent t’asservir et t’avilir. Comme Ulysse, bouche tes oreilles à leurs sirènes mélodieuses. Ils ont noms : l’argent, le pouvoir (politique mais aussi magique), le sexe, le plaisir érigés en absolus. Ces roitelets te serrent dans leurs fers, ruinent ta vie et détruisent ton bonheur. Ils ne te laissent aucun répit et aucune marge de liberté. Ils te miroitent un semblant de bonheur, véritable mirage.
La fête de ce jour t’impose un choix radical. Mets-toi sous la bannière du Christ, le Roi-Serviteur et tu auras le vrai bonheur en cette vie et, dans l’au-delà, la vie éternelle.

Le passé nous poursuit, criant justice.


L’extradition cette semaine de la Thaïlande vers les USA de Viktor Bout, le prétendu « seigneur » des armes russe pourrait être analysée dans l’optique diplomatique et politique. Mais à l’intention des jeunes générations, nous voudrions insister sur l’aspect moral et existentiel qui invite à vivre le présent en n’oubliant qu’il est appelé à devenir un passé en lien étroit avec le futur dont l’on ne saurait avoir un total contrôle.
Du point de vue diplomatique, les répercussions négatives pourraient être envisagées dans les rapports Russie-USA malgré les apparences rassurantes de part et d’autre. L’affaire des espions russes vivant, depuis plusieurs années aux USA, avait été, en son temps, bien gérée par les deux Etats. Celle de Bout, par contre, s’annonce plus croustillante parce qu’ayant un volet judiciaire et pouvant mettre à nu un certain nombre de dossiers obscurs notamment la vente d’armes aux rebellions d’Afrique pendant plusieurs décennies. Nous le savons, le continent africain ne produit pas encore les armes. Et pourtant c’est en ce lieu, berceau de l’humanité, sanctuaire de la vie, que les armes crépitent le plus, faisant couler abandomment le sang et envoyant à la mort de paisibles populations qui ne demandaient que le pain et la paix. Si cela pouvait interpeller les futurs dirigeants du continent !
On pourrait aussi analyser cette extradition faite, sous fortes pressions sur la Thaïlande, à la lumière de la politique interne et internationale de l’administration OBAMA. Aux lendemains de la défaite aux élections de mi-mandat, il faut bien reprendre l’initiative pour reconquérir l’opinion. Le récent voyage en Asie avec les retombées en matière de contrats économiques et donc d’emplois, s’inscrivent dans cette ligne tant il est vrai qu’en politique comme ailleurs, la défaite est un tremplin pour le succès. Les actions d’éclat ne manquent pas de charme en ce sens.
Mais nous voudrions juste relever l’aspect moral et existentiel : le passé ne sera plus le cimetière de nos bêtises. Il nous rattrape, criant justice. Ces dernières années, les images poignantes des « seigneurs » de la barbarie menottés ou sur le ban des accusés dans un tribunal, nous invitent à plus de responsabilité dans l’aujourd’hui de nos actions. De toute évidence, aucun parmi ces « seigneurs » ne pouvait imaginer l’avènement d’un tel jour. Ils n’avaient eu conscience que du « présent » de leur pouvoir ôtant au temps, ces deux autres dimensions, le passé et l’avenir dont nous n’avons jamais l’entier contrôle. C’est donc un avertissement aux jeunes générations, témoins de ces retours de manivelle, pour une conscience plénière du temps, c’est-à-dire dans toutes ses dimensions : présent devant devenir passé mais toujours en relation intime avec le futur. En clair, le passé ne peut plus être le cimetière de nos bêtises. Il nous poursuit et nous rattrape toujours !

mercredi 17 novembre 2010

Points d'ancrage de la réflexion (1)

Nous avions longuement insisté sur la nécessité de la réflexion personnelle pour le jeune africain. Le modèle du « copier- coller » a fait son temps et prouvé ses limites. Il lui faut substituer celui de « l’inspiration intelligente. » S’inspirer des réalisations des autres pour se tracer un chemin personnel dans la vie. Ce qui, à notre avis, requiert l’intériorisation et la lecture. Mais quels points d’ancrage réflexifs proposons-nous à la jeunesse africaine ? La culture, l’histoire et la géopolitique actuelle. Nous traiterons d’abord de la culture africaine que nous modulerons en plusieurs harmoniques.
Le jeune africain se doit de connaitre sa culture. Cette dernière est essentielle pour tout homme en termes d’équilibre de vie et de pensée. La sagesse africaine dit que « le séjour dans l’eau ne transforme pas le tronc d’arbre en crocodile ». De la même manière, le séjour ou l’immersion dans un monde global ne transformera pas le jeune africain, en jeune « global. » Il est et restera africain ou rien du tout et donc, un danger pour les autres et une perte au rendez-vous de l’histoire. Rien de pire n’est à souhaiter à un peuple que la perte de son identité culturelle, à un certain tournant de son histoire. Le drame se voit sous d’autres cieux et fait peur.
Connaitre sa culture, c’est d’abord s’informer de façon objective et positive, disons phénoménologie, sur les traditions, les us et coutumes de son peuple dans leur signification profonde et non, dans les interprétations externes. C’est la phase de la récolte des informations. Pius vient un second moment où l’on soumet aux feux de la critique les éléments recueillis afin d’en retenir ce qui pourrait aider à avancer sur les chemins de la vie d’aujourd’hui. Il y a plus que la solidarité ou la joie de vivre comme richesses culturelles africaines. Le respect de l’homme et de la vie humaine, l’approche du monde qui n’est pas simplement matériel, le destin de l’homme qui s’ouvre sur l’au-delà - et donc ne se limite pas simplement à l’horizon terrestre - avec ses implications éthiques et religieuses. L’homme, un élément du monde, appelé à vivre en harmonie avec les autres éléments.
L’homme érigeant sa liberté en absolu et ses caprices en loi de conduite morale n’est pas proprement africain et peinera à trouver une place sous le soleil africain. De même, « je suis athée » est une affirmation non valide dans le contexte africain. Néanmoins, elle trouvera sa place moyennant un mimétisme idéologique ou philosophique de surface. On ne saurait, sans faire entorse à l’histoire récente, nier le fait que, pendant des années, plusieurs pays du continent africain ont adopté et pratiqué l’idéologie marxiste-léniniste athée. Mais la vérité de l’histoire exige de reconnaitre que cette dernière n’a pas pu vider les églises, les mosquées encore moins les couvents de la religion traditionnelle africaine.
L’on découvrira aussi l’autre face de la médaille, moins belle, la conception fataliste de la vie quotidienne, « les traits de la paume de la main ne peuvent s’effacer » pour dire que la vie de l’individu est déjà programmée de toute éternité et qu’il ne pourra que subir ou suivre le chemin, devant lui, tracé par le destin. De toute évidence, cette conception est proprement démissionnaire et anti-développement. On pourra aussi découvrir cette autre idée ancrée dans la mentalité collective, selon laquelle, « aucun autre arbre ne pousse sous le baobab ». Ce qui empêche honnêtement d’envisager un rapport intergénérationnel positif et non conflictuel. Les ainés normalement devraient servir d’échelles ou d’ascenseurs aux nouvelles générations. Mais rien tel. Du coup, l’on ne sait pas se retirer ou laisser la place à d’autres. A défaut d’être éternel, on se console de s’éterniser dans son fils… Nous reviendrons en approfondissement sur chacun de ces points.
En définitive, chaque jeune doit ouvrir les yeux sur sa culture et se l’approprier dans le double mouvement que nous avons indiqué. Il y découvrira des ressources immenses pour sa vie d’homme.

lundi 8 novembre 2010

A la découverte d'une image sacrée





Après bien des réticences aux premiers siècles qui s’expliquent par leur provenance juive, les chrétiens ont commencé par représenter la figure du Christ, des scènes de la Bible et de la vie des saints. Malgré les controverses nées au sein de l’Eglise des siècles plus tard à ce sujet, cette pratique dure jusqu’à nos jours.
L’image ci-dessous est l’œuvre d’un artiste contemporain. Sur un fond sombre, elle représente trois hommes. Au milieu, debout et entouré de lumière, le Christ glorieux. Assis de part et d’autre, deux disciples avec qui il échange. Le pain posé sur la table fait penser aux disciples d’Emmaüs désespérés par l’événement de la passion qui a signé l’échec cuisant du « leader charismatique » en qui ils avaient cru et de qui, ils étaient devenus des disciples. Le Christ, selon les Ecritures, les rejoint pendant qu’ils retournaient à Emmaüs leur village, enfermés dans leur désespoir, troublés par les récits des femmes de leur groupe qui sont allées au tombeau de bon matin. Il leur explique les Ecritures qui avaient déjà prévu tout ce qui lui est arrivé et accepte de rentrer chez l’un d’eux, car le jour baissait. Ce n’est qu’à la fraction du pain qu’ils reconnaitront qui avait fait route avec eux. Et c’est le sens du pain posé sur la table. En bas de l’image, nous avons deux anges, probablement ceux que les femmes ont vu au tombeau et qui leur ont porté la bonne nouvelle de la résurrection du Christ d’entre les morts.
La parole créatrice d’un monde nouveau
Cette image met en relief les gestes de la main que faisaient les personnages pour signifier qu’ils échangeaient, qu’ils parlaient entre eux. Ceci rappelle l’importance capitale de la communication en toutes circonstances et surtout dans les moments difficiles. Et ici, il s’agit de la parole, la parole créatrice de réalité nouvelle. En effet, la passion les avait plongés dans l’obscurité d’un monde où tout s’était écroulé devant eux : leur joie et leur espérance s’étaient envolées comme fumée au vent. C’est tout le sens du fond sombre de l’image. Mais, grâce à la parole échangée avec le Ressuscité, un monde nouveau a vu le jour en eux et autour d’eux. Ils entrent progressivement dans la lumière du Ressuscité qui darde ses rayons sur eux et les illumine. Ils entrent dans sa joie et dans sa paix que rien ne pourrait désormais altérer, la mort étant vaincue une fois pour toutes par la vie.
Et ce qu’a fait le Christ avec ces deux disciples qui rentraient à Emmaüs, l’Eglise l’actualise chaque jour et ce, jusqu’à la fin des temps. Elle le reprend en accordant une place de choix à la Parole de Dieu qui est écoutée et méditée au cours de chaque messe. Le Ressuscité, à travers l’Eglise, entre en dialogue avec les hommes et les femmes de tous les temps pour créer en eux et autour d’eux un monde nouveau où l’espérance triomphe du désespoir, où la lumière dissipe les ténèbres, où l’amour est vainqueur de la haine. Que serait beau le monde si tous les hommes prêtaient un peu d’attention, ouvraient leur cœur à la parole qui régénère, à la parole de vie, à la parole de Dieu ! Et que ne gagneraient les sociétés si les dialogues cessaient d’être des monologues absurdes à défaut d’être des dialogues de sourds !
Le pain rompu sur la table
On ne saurait passer sous silence la présence du pain rompu sur la table. C’est la fraction de ce pain qui a finalement permis aux disciples de reconnaitre le Christ ressuscité et d’entrer pleinement en communion avec lui. Et c’est là, tout le sens du repas eucharistique que l’Eglise célèbre tous les jours. En prenant part à ce repas, le chrétien reconnait le Christ qui chemine avec lui sur les chemins du monde tout comme avec les disciples d’Emmaüs. Il le reconnait et entre en communion avec lui, pour se laisser transformer en profondeur par lui. Et ce repas lui donne la force d’aller témoigner de la résurrection du Christ tout comme les deux disciples, qui après le repas, se sont levés pour retourner à Jérusalem.
Remarquons que sur cette image, le Christ est debout. La stature « debout » symbolise aussi le relèvement, la résurrection. Il s’est levé comme l’aube, après le coucher du soleil et les ténèbres qui ont envahi la terre en raison de sa mort. Prenant ce pain, le chrétien est aussi invité à se lever, à vivre en ressuscité et en messager, à partir sur les routes du monde pour annoncer la bonne nouvelle de la résurrection aux hommes troublés par les événements malheureux qui les assaillent et leur font perdre espoir. Il est appelé à aider tous les hommes qui ploient sous le poids des fardeaux à se mettre debout. C’est ce que symbolise les maisons qui se retrouvent au fond de l’image.
Le visage très jeune du Christ sur cette image traduit enfin son éternité en ce qu’il échappe désormais au vieillissement et aux changements qu’opère le temps en tout être mortel. Et, en cela, il est le frère et le contemporain des hommes de tous les temps.

A la découverte d'une image sacrée

Après bien des réticences aux premiers siècles qui s’expliquent par leur provenance juive, les chrétiens ont commencé par représenter la figure du Christ, des scènes de la Bible et de la vie des saints. Malgré les controverses nées au sein de l’Eglise des siècles plus tard à ce sujet, cette pratique dure jusqu’à nos jours.
L’image ci-dessous est l’œuvre d’un artiste contemporain. Sur un fond sombre, elle représente trois hommes. Au milieu, debout et entouré de lumière, le Christ glorieux. Assis de part et d’autre, deux disciples avec qui il échange. Le pain posé sur la table fait penser aux disciples d’Emmaüs désespérés par l’événement de la passion qui a signé l’échec cuisant du « leader charismatique » en qui ils avaient cru et de qui, ils étaient devenus des disciples. Le Christ, selon les Ecritures, les rejoint pendant qu’ils retournaient à Emmaüs leur village, enfermés dans leur désespoir, troublés par les récits des femmes de leur groupe qui sont allées au tombeau de bon matin. Il leur explique les Ecritures qui avaient déjà prévu tout ce qui lui est arrivé et accepte de rentrer chez l’un d’eux, car le jour baissait. Ce n’est qu’à la fraction du pain qu’ils reconnaitront qui avait fait route avec eux. Et c’est le sens du pain posé sur la table. En bas de l’image, nous avons deux anges, probablement ceux que les femmes ont vu au tombeau et qui leur ont porté la bonne nouvelle de la résurrection du Christ d’entre les morts.
La parole créatrice d’un monde nouveau
Cette image met en relief les gestes de la main que faisaient les personnages pour signifier qu’ils échangeaient, qu’ils parlaient entre eux. Ceci rappelle l’importance capitale de la communication en toutes circonstances et surtout dans les moments difficiles. Et ici, il s’agit de la parole, la parole créatrice de réalité nouvelle. En effet, la passion les avait plongés dans l’obscurité d’un monde où tout s’était écroulé devant eux : leur joie et leur espérance s’étaient envolées comme fumée au vent. C’est tout le sens du fond sombre de l’image. Mais, grâce à la parole échangée avec le Ressuscité, un monde nouveau a vu le jour en eux et autour d’eux. Ils entrent progressivement dans la lumière du Ressuscité qui darde ses rayons sur eux et les illumine. Ils entrent dans sa joie et dans sa paix que rien ne pourrait désormais altérer, la mort étant vaincue une fois pour toutes par la vie.
Et ce qu’a fait le Christ avec ces deux disciples qui rentraient à Emmaüs, l’Eglise l’actualise chaque jour et ce, jusqu’à la fin des temps. Elle le reprend en accordant une place de choix à la Parole de Dieu qui est écoutée et méditée au cours de chaque messe. Le Ressuscité, à travers l’Eglise, entre en dialogue avec les hommes et les femmes de tous les temps pour créer en eux et autour d’eux un monde nouveau où l’espérance triomphe du désespoir, où la lumière dissipe les ténèbres, où l’amour est vainqueur de la haine. Que serait beau le monde si tous les hommes prêtaient un peu d’attention, ouvraient leur cœur à la parole qui régénère, à la parole de vie, à la parole de Dieu ! Et que ne gagneraient les sociétés si les dialogues cessaient d’être des monologues absurdes à défaut d’être des dialogues de sourds !
Le pain rompu sur la table
On ne saurait passer sous silence la présence du pain rompu sur la table. C’est la fraction de ce pain qui a finalement permis aux disciples de reconnaitre le Christ ressuscité et d’entrer pleinement en communion avec lui. Et c’est là, tout le sens du repas eucharistique que l’Eglise célèbre tous les jours. En prenant part à ce repas, le chrétien reconnait le Christ qui chemine avec lui sur les chemins du monde tout comme avec les disciples d’Emmaüs. Il le reconnait et entre en communion avec lui, pour se laisser transformer en profondeur par lui. Et ce repas lui donne la force d’aller témoigner de la résurrection du Christ tout comme les deux disciples, qui après le repas, se sont levés pour retourner à Jérusalem.
Remarquons que sur cette image, le Christ est debout. La stature « debout » symbolise aussi le relèvement, la résurrection. Il s’est levé comme l’aube, après le coucher du soleil et les ténèbres qui ont envahi la terre en raison de sa mort. Prenant ce pain, le chrétien est aussi invité à se lever, à vivre en ressuscité et en messager, à partir sur les routes du monde pour annoncer la bonne nouvelle de la résurrection aux hommes troublés par les événements malheureux qui les assaillent et leur font perdre espoir. Il est appelé à aider tous les hommes qui ploient sous le poids des fardeaux à se mettre debout. C’est ce que symbolise les maisons qui se retrouvent au fond de l’image.
Le visage très jeune du Christ sur cette image traduit enfin son éternité en ce qu’il échappe désormais au vieillissement et aux changements qu’opère le temps en tout être mortel. Et, en cela, il est le frère et le contemporain des hommes de tous les temps.

samedi 30 octobre 2010

Dimanche 31 Octobre. Prendre de la hauteur

La parole de Dieu de ce dimanche nous donne l’occasion de méditer un passage très connu de l’Evangile : la conversion du collecteur d’impôt Zachée. Ce dernier voulait voir Jésus qui passait, certainement pour satisfaire sa curiosité, tellement la renommée de ce dernier croissait à cause de sa prédication mais aussi des miracles et guérisons qu’il opérait au milieu du peuple. Mais sur le chemin de la réalisation de son désir, se dressent deux obstacles majeurs de nature à le décourager : sa petite taille et la foule qui se pressait autour de Jésus.
Dans la petite taille, nous voyons le symbole de l’étroitesse de nos points de vue qui n’arrivent pas à s’affranchir des urgences et préoccupations terrestres. Nous sommes rivés sur les biens de cette terre et nous n’arrivons pas à lever les yeux vers les cieux, vers les réalités d’en haut. Quant à la foule, elle représente la société, les courants de pensée hostiles à la dimension religieuse de l’homme, la mode de la licence morale érigeant les caprices en absolus, qui nous empêchent d’aller à Jésus. Comme Zachée, nous sommes appelés à prendre de la hauteur par rapport à ces pesanteurs. Ce qui ne pourrait se faire sans un minimum d’effort, de violence sur soi. Juché sur le sycomore, Zachée est perçu par le Christ qui s’invite chez lui : « Vite, descends, car aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer chez toi. » Zachée accueillit le Christ avec joie ; le salut et la grâce sont entrés dans sa vie. Et du coup, il y a eu une explosion de joie et d’amour. Zachée promet de distribuer la moitié de ses biens aux pauvres et de réparer quatre fois plus tout dommage créé à autrui. L’accueil de Jésus ou la conversion produit des fruits immédiats de justice, de paix, de bonheur et d’amour.
La première leçon à retenir est que nul n’est perdu pour Dieu ; aucun cas n’est désespéré ou irrécupérable pour le Christ. Jeunes drogués, débauchés, empêtrés dans le vol, le crime, le Seigneur t’aime même s’il déteste ton péché. Il est venu pour toi aussi et il t’attend.
La deuxième leçon est qu’aller à Jésus exige, de notre part, un peu d’effort et de volonté pour vaincre les obstacles. Prendre de la hauteur, s’arracher aux habitudes, ramer à contre courant de la mode ne sont pas des sinécures. Il y a toujours un prix à payer. Jeune africain, n’hésite pas à dire « non » à ce qui compromet ton avenir, ton bonheur et ton amitié avec Jésus.
La troisième et dernière leçon nous rassure sur la bonté du Christ qui vient à notre rencontre dès que nous nous décidons à aller vers lui. Il vient à nous, nous combler de grâces de conversion. Et dès que nous l’accueillons, la joie et le bonheur éclatent dans notre vie. Ne tournons pas plus longtemps le dos à Jésus notre vie et notre bonheur. Allons à lui qui vient à notre rencontre.

samedi 23 octobre 2010

Ecrivez-le simplement dans un livre


« Si vous avez quelque chose à cacher à l’africain, ne l’accrochez pas à un arbre et ne l’enfouissez pas dans un trou. Ecrivez-le simplement dans un livre. Il ne le découvrira jamais ! » Cette boutade fait sourire et pourrait paraitre méprisant mais elle traduit une réalité difficile à nier : la carence en matière lecture. L’africain provient d’une culture profondément marquée par l’oralité ; et cette dernière continue de dicter sa loi malgré la scolarisation et donc, l’introduction de l’écriture et de la lecture.
Que ce soient les entreprises de presse comme celles du livre, la plainte est unanime. La prospérité dans les affaires n’est pas à l’ordre du jour. Les livres comme les journaux peinent à quitter les étagères. Du coup, la lutte pour la survie devient un impératif au niveau de ces entreprises. Celles de la presse sont obligées de s’inscrire à des chapelles politiques pour assurer les lendemains qui ne chantent pas forcément puisqu’il n’y a aucun espoir d’autonomie financière à l’horizon. Tournant ainsi le dos à l’objectivité, à l’impartialité et à la neutralité qui devraient normalement caractériser l’exercice de leur noble fonction, elles prennent simplement l’allure des organes de propagande pataugeant entre diffamations, calomnies et louanges aveugles.
Les écrivains, pour leur part, ne destinent pas prioritairement leurs œuvres au public africain. Il faut choisir des problématiques qui peuvent aussi intéresser le public occidental plus prompt à la lecture. Ces contraintes et pressions sur l’inspiration peuvent parfois conduire à une distorsion dans l’observation et la présentation des faits. Ce qui n’est pas une nouveauté dans l’histoire de la littérature africaine. Les enseignants ne sont pas non plus, les plus heureux face à la performance en lecture de leurs apprenants. D’où les multiples initiatives de promotion de la lecture à travers les concours, qui, bien évidemment, rencontrent moins d’intérêt et d’engouement que les concours de danses ou de beauté. Toute chose destinée à toujours confiner le jeune africain dans la superficialité et l’instantanéité.
Au regard de tout ce qui précède, la lecture devient un défi important à relever. Elle est indispensable à la réflexion. En effet, comment apprendre à réfléchir sans confronter sa pensée à celle des autres dans le silence du livre ? Nous avons estimé, qu’au lendemain des 50 ans d’indépendance, les jeunes africains doivent tourner le dos au modèle du copier-coller par rapport à l’occident pour exercer leur droit à la réflexion, à l’autonomie dans la pensée. Ceci ne peut advenir sans l’appui de la lecture. Il urge donc de se soustraire à la fascination de l’image qui complète bien l’oralité de l’africain pour s’adonner à la lecture. Les apports de la lecture à la personne humaine en matière de connaissance et de comportement sont immenses.
Jeunesse africaine, un trésor est caché dans les livres des bibliothèques de ton lycée, collège ou de ta ville. Va le chercher, en te privant de quelques heures de discothèque, de télévision ou de films, et tu auras relevé un immense défi pour ton avenir et pour celui de ton cher continent.

vendredi 15 octobre 2010

Dimanche 17 octobre : La persévérance dans la prière

Deux idées essentielles émergent de la méditation des textes de ce dimanche: la persévérance dans la prière et la fécondation de l'action par la contemplation. Voir la video

mercredi 13 octobre 2010

L’intériorisation, berceau de la réflexion


Nous avions analysé le modèle du copier-coller qui a prévalu dans les relations entre l’Occident et l’Afrique pendant longtemps et surtout durant les 50 dernières années. Et l’évaluation globalement négative des fruits de ce modèle nous a poussé à envisager la réflexion par soi comme premier défi à relever par la jeunesse africaine à qui, la poursuite avec ce paradigme de mimétisme dans les domaines politique, sociale, économique et même culturel n’apportera strictement rien dans le contexte actuel. Mais la réflexion exige, en contrepartie, comme prix à payer, un contexte psychologique : l’intériorisation.
Du fait de l’oralité et d’autres facteurs culturels dans le détail desquels nous n’entendons pas entrer ici, l’africain est spontanément porté à l’extériorisation, à l’exubérance. Entre le culte traditionnel et les réjouissances populaires, la frontière, en termes d’intériorisation du fait vécu, n’est pas trop visible. Certes, le contexte et les circonstances de temps, de lieu et de modalité sont différents. Cette forte extériorisation des sentiments et des émotions est parfois utile pour rendre heureux l’homme qui, par nature, est un être relationnel. D’ailleurs, il s’étouffe et s’étiole à trop se renfermer sur lui-même. Nous le constatons facilement en Occident où l’excessif repli de l’individu sur lui-même conduit souvent, en cas de graves difficultés, au suicide, à la drogue et autres déviances…
Mais la stabilité des relations humaines et la cohérence de vie ne peuvent faire l’économie d’un impératif, la construction, la structuration de l’être intérieur. Et c’est justement à ce niveau que se noue le défi de l’intériorisation qui ne rime pas ici, du moins dans le sens où nous l’envisageons, avec repli sur soi.
Les jeunes africains déjà portés culturellement à l’extériorisation, découvrent un monde dominé par la communication et s’y engouffrent. Pour avoir été enseignant dans un collège pendant plusieurs années, nous avons pu mesurer la grande difficulté à faire régner le silence dans les classes toujours plus bruyantes même en présence du professeur. A l’université, le constat est pratiquement identique. Cet état des choses, ne pourrait en aucun cas, favoriser la concentration requise pour la réflexion. Il urge aujourd’hui que les jeunes africains se paient le luxe du silence et du dialogue intérieur. C’est à cette seule condition qu’ils seront capables d’opérer des reprises de leur vécu en vue de le conformer un tant soit peu à la raison et aux objectifs fondateurs de leur existence.
Les éducateurs, à divers niveaux (écoles, familles, église) sont invités à intégrer en bonne place cette valeur dans leur projet éducatif. Paraphrasant Hegel, nous dirions volontiers que rien de grand ne peut se faire sans un minimum d’aptitude au silence et à la vie intérieure.
Pour être plus concret et plus précis, le jeune africain pourrait s’entrainer à observer systématiquement 10mn de silence le matin au lever, en vue de recentrer les objectifs généraux et ceux spécifiques de la journée. Il pourra ensuite les confier à Dieu dans la prière. Il sera invité à faire le même exercice, à la fin de la journée, mais en termes d’ évaluation pour tout fondre en action de grâce. Les effets de cet exercice apparemment banal seront immenses pour qui oserait s’y livrer constamment. C’est véritablement un premier pas sur la route qui mène vers l’intériorisation, terreau sur lequel germe la réflexion. En définitive, il s’agit d’oser s’offrir le précieux cadeau du silence, devenu aujourd’hui un luxe dans un monde d’hyper-communication mais aussi d’hyper-bruit.






samedi 9 octobre 2010

Savoir dire "merci" à Dieu

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Le modèle du copier-coller

La réflexion sur le parcours du continent africain en 50ans de relation avec l’Occident nous a donné l’occasion de constater la dominance du modèle « copier-coller ». Si ce modèle pourrait s’expliquer et se comprendre, son évaluation en matière de gain pour l’Afrique d’aujourd’hui et de demain se révèle profondément négative.
Pendant plusieurs siècles, avec la complicité des chefs africains eux-mêmes devenus aussi des négriers, des millions de noirs ont été déportés vers les Amériques pour aller travailler dans les plantations. Cette hémorragie humaine, ces humiliations et pratiques déshumanisantes sont aujourd’hui vite passées sous silence dans l’opinion internationale. Mais là n’est certainement pas le plus grave. Le plus grave, le pire en fait, réside dans le poids quasi infirme de cet événement dans la conscience des noirs d’aujourd’hui. On comprend alors que cet odieux phénomène de traite humaine, de ravalement de l’homme au rang de la bête, se reproduise de nos jours sous d’autres formes. Inutile de dire que, sous d’autres cieux, il aurait pu être lesté d’un coefficient idéologique fort, créant ainsi une conscience collective. Mais, c’est sans compter avec le rapport particulier qu’entretient l’homme noir avec la souffrance et l’histoire.
Puis après la traite, la colonisation où l’homme occidental, qui a toujours les clés de l’histoire en main, tente de s’établir en Afrique pour « civiliser » l’Africain, le transformer en « blanc » en lui arrachant innocemment ce qu’il a et ce qu’il est. Faisons litière de toute l’humiliation subie pendant cette période dont quelques rescapés sont, il faut le dire, nostalgiques.
Nous intéressent particulièrement les 50 années d’indépendance où les africains ont apparemment pris en main les destins de leur pays. Dans la plupart des cas, c’était pour reproduire le modèle des anciens chefs colons qui, rentrés en Europe malgré en eux, sont devenus, sous le couvert de la coopération, des acteurs de l’ombre de la politique des nouveaux Etats érigés sur les frontières coloniales dont le caractère arbitraire n’est plus à démontrer. Palais présidentiels luxueux, intrigues politiques, armées, drapeaux et hymnes nationaux, défilés militaires, bureaucratie… Les noirs ont simplement pris la places des chefs colons pour mieux exploiter leurs frères. Si l’on se mettait à faire le décompte macabre des victimes des diverses dictatures qui se sont établies aux lendemains des indépendances, l’on atteindrait sans le vouloir, des records épouvantables. Massacres de populations innocentes, génocides, mutineries, coups d’Etat… Du point de vue économique, le développement a été conçu comme reproduction du modèle européen. Le résultat est connu. Faillite des économies, échec des divers programmes de développement conçus pour les Etats africains, paupérisation plus grande des peuples, assauts répétés des maladies…
Sans pousser plus loin les détails d’un tableau bien connu dans sa noirceur, disons que l’une des leçons à tirer pour les 50 années à venir est le paiement du prix de la réflexion par les africains eux-mêmes pour leur continent. Le modèle du copier-coller a montré ses limites doit être abandonné notamment par la jeunesse africaine. Ce qui pourrait être favorisé par la pédagogie participative ou active mise en œuvre dans certains pays à travers l’Approche par compétence. Dans cette perspective, l’apprenant se prend en charge, construit sa connaissance avec l’aide de l’enseignant, cherche par lui-même et apprend à réfléchir, à résoudre ses problèmes. Ces réformes sont à encourager même si des corrections sont à faire dans leur mise en œuvre pas toujours heureuse du fait des divers acteurs pas toujours prêts et du manque des moyens. La réflexion par soi est, avant tout, une exigence fondamentale de la dignité humaine. Y renoncer au profit d’un autre est purement suicidaire.

samedi 2 octobre 2010

Ravive la flamme de ta foi

« Mon fils, je t'invite à raviver le don spirituel que Dieu a déposé en toi par l'imposition de mes mains. » Cette invitation de saint Paul à son fils spirituel Timothée, dans la deuxième lecture de ce dimanche, me parait essentielle. En effet, par le baptême, nous recevons le Saint-Esprit pour une vie nouvelle en Jésus. Mais il nous revient d’entretenir cette vie, de raviver la flamme de cette foi reçue au baptême et que les autres sacrements sont censés entretenir et consolider. Malheureusement, après les sacrements de l’initiation chrétienne, beaucoup de jeunes abandonnent les chemins de l’Eglise, livrant la flamme de leur baptême aux intempéries du monde que sont les courants de pensée peu orthodoxes, les caprices et les fantaisies de la mode, les vices du moment plus faciles à imiter et à reproduire que les vertus. Ainsi, ils parviennent à l’âge adulte avec une foi purement infantile et affaiblie par les exigences et remises en cause de la croissance intellectuelle et de la maturité humaine. Quel drame de rencontrer des jeunes africains ignorant tout de la tradition et des religions africaines parce que issus de familles chrétiennes et tout aussi marqués par une absence de culture proportionnelle de la religion chrétienne ! Cette vacuité qui s’installe dans leur âme n’est pas propice à la construction d’une personnalité forte pouvant affronter les avatars de l’histoire humaine. Jeune africain, ce vide ne peut te porter bonheur. Comme le recommande saint Paul, ravive le don de Dieu que tu as reçu au baptême en reprenant le chemin de la pratique religieuse, en cherchant à t’instruire dans ta foi par des sessions de formation, des retraites, la lecture de la Bible… C’est ainsi que tu doteras l’édifice de ta personnalité d’un soubassement spirituel solide, d’un fort ressort interne capable d’amortir les épreuves de la vie qui s’ouvre peu à peu devant toi avec ses exigences, ses monts mais aussi ses vallées.
Mais cette phrase de saint Paul pourrait s’interpréter aussi à la lumière des dons et atouts personnels que le Créateur a bien voulu déposer en nous. Un don qui n’est pas développé par l’exercice et l’effort se sclérose et puis disparait. Or, de chaque don reçu de Dieu pour le bien de tous, nous aurons à répondre. Qu’il nous souvienne la parabole des talents. Alors jeune africain, ne laisse pas pourrir tes talents. Développe-les. Ta famille, ta Nation, ton continent et le monde entier en ont besoin. Et puis tu en rendras compte un jour à Dieu, le Père de tous.
Enfin, nous pourrions comprendre l’exhortation de saint Paul à la lumière de la motivation. Ainsi, nous avons, sans cesse, à revenir aux projets que nous avons conçus pour les raviver en nous, pour les remettre en première ligne dans notre pensée. Pourquoi ne pas présenter chaque matin à Dieu ce que nous voulons devenir, ce qui nous tient à cœur pour notre vie, dans une humble prière ? Ceci nous recentre personnellement sur nos objectifs et sollicite sans cesse la bénédiction de Dieu qui nous demande de prier sans relâche. Ainsi, portés par une foi vive et des objectifs clairs, nous avancerons sans hésitation, sur les chemins de la vie.

vendredi 1 octobre 2010

On pouvait fêter autrement

Nous avions indiqué trois raisons en faveur d’une célébration des 50 ans d’indépendance de certains pays africains. Mais quelles réflexions nous suggèrent la manière dont ces célébrations ont été réalisées ? En somme trois. Tout d’abord les célébrations ont été faites en cascades tout comme les indépendances. Ensuite, elles ont été, pour la plupart, l’occasion de démonstrations de force et de manifestations exubérantes. Enfin peu d’initiatives en faveur de la jeunesse fer de lance pour les 50 prochaines années.
Le moins que l’on puisse dire est que la célébration du cinquantenaire a respecté la logique des indépendances acquises dans les années 60, c’est-à-dire en rangs dispersés, en cascades. Les pays ont, en général, rivalisé de génie pour fêter selon leurs moyens et même parfois au-dessus de leurs moyens puisqu’il faut nécessairement faire mieux sinon plus que le voisin. Ce qui se comprend aisément quand l’on considère les tâtonnements en vue de la consolidation de l’union du continent. Les résistances de tout genre et les marches en arrière n’ont pas manqué en 50 ans, au point de transformer ce noble projet de l’union du continent en une vaste chimère destinée à emballer seulement les pires rêveurs. Qu’est-ce qui aurait pu empêcher des initiatives communes ou tout au moins sous-régionales ?
Qu’a-t-on remarqué, en général, au niveau des programmes des festivités ? sinon des parades militaires, des discours officiels, des réjouissances populaires, grands banquets des chefs d’Etats et de gouvernements, des plantations d’arbres ou l’érection de monuments… En somme, l’exubérance et l’extériorisation qui ont toujours caractérisé l’africain et qui, si elles ont des aspects positifs, ne sont pas toujours des vertus. La réflexion, la prospection ont eu peu de place dans ce concert de réjouissances populaires. Une manière de confirmer que l’africain réduit tout aux chants et aux danses et tourne tranquillement la page. En somme, qu’est-ce qui a été fait pour capitaliser le parcours des 50 ans ? Qu’est-ce qui a été fait pour que les populations découvrent les enjeux de ce carrefour de leur histoire, les implications de ce monde dit « globalisé » ? Peu de choses. Et inutile d’ajouter que pour beaucoup, la fête est terminée ; le temps est déjà à la préparation des prochaines échéances électorales ou à des subterfuges politiques pour tordre le cou aux constitutions afin de s’éterniser au pouvoir. Et comme d’habitude, on livrera aux intempéries les infrastructures réalisées pour la plupart du temps dans la précipitation et à un montant très élevé.
Enfin quelle part a été réservée à la jeune génération dans ces célébrations ? N’a-t-elle pas servi d’ornements de fête dans la plupart des cas? N’avait-elle pas meilleur rôle à jouer ? En somme peu d’initiatives en vue d’une réelle transmission des valeurs positives. Et c’est là qu’il convient de saluer l’initiative du président Obama qui a rassemblé des jeunes issus des pays qui célèbrent leur indépendance pour échanger avec eux, leur ouvrir les yeux sur les tares du continent et surtout les projeter vers l’avenir en leur montrant la valeur de la motivation, du travail personnel et de la volonté de réussir. Sans tambours ni trompettes, de la bonne graine a été semée dans le cœur et l’esprit de ces jeunes qui ne sont pas prêts d’oublier cette mémorable rencontre. On pouvait vraiment fêter autrement.

dimanche 19 septembre 2010

Des petites compromissions d'aujourd'hui aux grandes de demain

A la méditation des textes de ce dimanche, deux idées essentielles ont retenu mon attention.
1. Saint Paul qui nous recommande explicitement de prier pour nos chefs d'Etat dans sa lettre à Timothée : " J'insiste avant tout pour qu'on fasse des prières de demande, d'intercession et d'action de grace pour tous les hommes, pour les chefs d'Etat et pour ceux qui ont des responsabilités afin que nous puissions mener notre vie dans le calme et la sécurité en hommes religieux et sérieux." A ce propos, jeune africain, tu dois prier intensément, jeuner régulièrement pour ton pays et pour ceux qui les gouvernent aujourd'hui afin que l'Esprit du Seigneur les éclaire, leur inspire les bonnes décisions et enfin leur donne le sens du bien commun. Tu seras, par ces actes, plus utile à toi-meme et à ton pays qu'en participant à des manifestations où tu te fais abattre ou blesser gratuitement alors que ceux qui jouiront du pouvoir sont au chaud avec les leurs.
2. "Celui qui est digne de confiance dans une petite affaire est digne de confiance dans une grande" nous dit Jésus dans l'Evangile. Pour toi jeune africain, corrige dès aujourd'hui chez toi les tares que tu remarques chez les anciens : corruptions, détournements, népotisme, fraudes, débauches, irresponsabilité parentale... c'est dès aujourd'hui, à travers les petites responsabilités qui te sont confiées au lycée et à l'université que tu construiras le cadre ou le responsable intègre que tu seras demain. Ne l'oublie jamais : les petites compromissions d'aujourd'hui préparent les grandes de demain.

vendredi 17 septembre 2010

50 ans d'indépendance : 3 raisons en faveur d'une célébration

En cette année 2010, plusieurs pays africains célèbrent le cinquantième anniversaire de leur accession à l'indépendance. La polémique enfle. Pour certains, une célébration fastueuse n'est pas à l'ordre du jour vu l'état déliquescent de la plupart de ces pays. D'autres sont d'avis contraire. Pour notre part, trois raisons militent en faveur d'une célébration de l'événement : l'enseignement de l'histoire des peuples, les lueurs d'espoire ici et là et surtout la projection dans l'avenir moyennant une reprise intelligente du passé.
Il y a 50 ans, une vingtaine de pays africains ont accedé à la souveraineté nationale et internationale. Tout s'est pratiquement fait dans la précipitation et surtout en rangs dispersés. Comme d'habitude, l'exubérance était aussi au rendez-vous : drapeaux, hymnes, danses aux rythmes de la Rumba "Independance Tcha tcha" La suite, on la connait; avalanche de coups d'Etat, mutineries, haines fratricides, réveil des vieux démons des conflits ethniques, pillage des ressources économiques pour financer les luttes armées, installation des dictatures... Tout ceci a meublé les 50 ans que nous célébrons et continue d'avoir des répercussions sur le présent.
D'où le débat suscité au début de cette année 2010. Fallait-il "faire une célébration" de cette page de l'histoire des peuples africains? Ne serait-il pas mieux de faire des "heures de silence" à la mémoire de tous les africains emportés dans les flots de cette histoire tumultueuse qu'ils aient été victimes directes des conflits ou du sous-développement et de la misère?
Pour ma part, il convient de célébrer cet anniversaire. Pour la simple raison que l'histoire des peuples passe toujours par monts et vallées, par des hauts et des bas. L'Afrique pourrait-elle échapper à cette loi de l'histoire? Ensuite, il n'y pas que les ténèbres qui ont recouvert les 50 ans mème si elles sont épaisses. Il y a aussi des lueurs d'espoir par-ci et par-là. Enfin, c'est l'occasion de se projeter dans l'avenir moyennant une capitalisation des expériences du continent dans tous les domaines depuis 50ans. Que pouvons-nous tirer du parcours des pères de l'indépendance? Comment envisager l'avenir en entrant pleinement dans le présent? Autant de raisons qui pourraient sous-tendre la célébration de ce cinquantenaire des indépendances de certains pays africains.

samedi 11 septembre 2010

dimanche 12 septembre 2010: "Le vertige de la liberté"

L'évangile de ce dimanche nous est très familier en ce qu'il met en relief la miséricorde sans limite de Dieu qui court derrière le pécheur et qui, sans procès, le restaure dans sa dignité. Sans négliger cet aspect, nous voudrions axer notre méditation sur le personnage du jeune prodigue, pressé de prendre sa liberté vis-à-vis de tous et de s'éloigner de tous, surtout de la maison du père où la liberté a certainement un cadre. Le résultat est connu : la faillite sur tous les plans et la déchéance totale. Ce vertige de la liberté et de l'autonomie prend tout homme dans sa croissance humaine mais aussi spirituelle.

C'est aussi le lot des jeunes africains, qui veulent aujourd'hui s'affranchir du cadre familial, culturel et religieux en menant dans les villes une vie débridée privée de tout référence à Dieu et à la morale. Ce chemin conduit droit à l'impasse au gran dam des familles qui voient leur espoir partir en fumée dans leurs fils emportés prématurément par les maladies, ou ruinés par la drogue et la criminalité envisagées comme palliatif à une faillite sans appel. La liberté ne saurait devenir un absolu privé de limites.

A ceux qui sont en conflits avec leurs parents, nous proposons la démarche de l'enfant prodigue. Qu'ils essaient de se réconcilier avec ces derniers. En contexte africain, la prière et la bénédiction des parents ne sont jamais de trop à la réussite de leur progéniture. Que ceux qui se sont éloignés de Dieu et de son Eglise pour mener une vie à leur guise imitent le courage et l'humilité de l'enfant prodigue en revenant de tout coeur à Dieu, par un changement radical de vie et une conversion sincère à Jésus-Christ. Implorons l'intercession de saint Augustin qui a connu les misères de l'éloignement mais surtout le bonheur du retour à Dieu. Avec lui disons : " Tu nous as faits pour toi Seigneur et notre coeur est sans repos tant qu'il ne demeure en Toi."