C'est un blog de réflexion qui vise essentiellement la jeunesse africaine. Il se propose de l'aider à entrer pleinement dans l'histoire d'aujourd'hui en comprenant les enjeux de l'avenir.
vendredi 28 octobre 2011
KADHAFI EST MORT, LE MONDE TOURNE LA PAGE DES DICTATURES.
Le jeudi 20 octobre 2011, dans sa ville
natale de Syrte où il s’était réfugié depuis quelques semaines, le colonel
Kadhafi a été finalement retrouvé mort après avoir été capturé vivant dans un
collecteur d’eau selon les vidéos diffusées par la presse. Son fils Motassem a
subi le même sort que lui dans des circonstances restées floues. Il ne faut pas
attendre beaucoup des enquêtes demandées par l’Onu qui pourraient embarrasser
les forces militaires des nouvelles autorités du pays. Peu avant dans la
matinée, le convoi dans lequel il tentait de s’échapper a été repéré par les
avions de l’Otan, et « stoppé »pour reprendre les mots du ministre français des
Affaires étrangères Alain Juppé.
Au-delà de l’émotion suscitée par
l’événement et les images choc qui ont été reprises en boucle par les médias
étrangers, on pourrait se poser des questions sur les circonstances de la mort
du colonel Kadhafi. L’Otan, dont les opérations militaires ont été déterminées
par la résolution1973, avait pour mission d’instaurer une zone d’exclusion aérienne
au-dessus de la Libye pour protéger les populations civiles. Mais depuis
quelques semaines, elle a pris une part active dans le conflit, bombardant
systématiquement les positions de l’ancien chef d’Etat et facilitant les
opérations au sol des forces militaires des nouvelles autorités du pays. Tous
les observateurs de la politique internationale s’accordent pour reconnaître
qu’on se trouve devant un cas de figure inédit du droit international. «
Stopper » un convoi au sol, et Dieu seul sait ce que recouvre ce mot utilisé
par un diplomate, relevait-il de la mission de l’Otan ? Moscou qui avait voté
l’abstention, n’a cessé de crier à qui veut l’entendre que l’ampleur des
opérations sortait largement du cadre des résolutions de l’Onu. La réaction du
chef de la diplomatie russe SergueïLavrov ne s’est pas faite attendre après la mort du colonel : « "Il n'y a aucun rapport entre la zone
d'exclusion aérienne et une attaque contre un objectif au sol, en l'occurrence
le convoi" de Mouammar Kadhafi … D'autant qu'il ne pouvait être question
de protéger des civils, vu que ce convoi n'attaquait personne, on peut même
dire qu'il était en fuite". Il est possible qu’un jour, tous les
non-dits de ce conflit dont l’épilogue a eu lieu la semaine dernière, soient
révélés au grand jour.
Quant au traitement du corps du colonel
- qui en 42 ans de pouvoir, rappelons-le, n’a pas été un enfant de chœur encore
moins un ange, il laisse beaucoup à désirer. Là encore, la pornographie de la
violence qui est une caractéristique des médias, a beaucoup joué. On se
rappelle celui de Oussama Ben Laden, on se souvient des images de la pendaison
de Saddam Hussein… Qu’inscrivent ces images dans l’imaginaire collectif ?
Décourager l’option pour la dictature ou le terrorisme en montrant le triste
sort de ceux qui l’ont opérée ? normalement oui, mais rien n’est moins sûr à
cause du mécanisme de fonctionnement de la violence prise en soi comme
phénomène social. Les Libyens, dit-on, avaient peut-être tout sauf la liberté,
l’étroite collaboration et la bénédiction des puissances occidentales. Espérons
qu’aujourd’hui et surtout demain, ils ne manqueront de rien avec la libération,
l’affluence des conseillers occidentaux dans les couloirs des salles de
décisions, la bousculade des hommes d’affaires occidentaux dans les hôtels…
Kadhafi en refusant la fuite comme Ben Ali de la Tunisie, l’humiliation comme
Moubarak de l’Egypte, a préféré s’accrocher au pouvoir jusqu’au bout
s’inscrivant dans la triste galerie des fins tragiques de dictateurs : Benito
Mussolini et sa compagne en Italie, Samuel Do au Libéria, Nicolae Ceaușescu et
son épouse en Roumanie, pour la petite histoire. Une chose est sûre, de même
qu’elle a tourné la page des monarchies à quelques exceptions près, l’humanité
est en train de tourner celle des dictatures.
P. Eric Oloudé OKPEITCHA
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