samedi 1 octobre 2011

O MON PEUPLE, QUE T'AI JE FAIT ?


XXVII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(Is 5, 1-7  / Ph 4, 6-9 / Mt 21, 33-43)



Le texte d’Isaïe appelle Israël, vigne du Seigneur, son peuple bien-aimé. Dans l’évangile, Israël devient vignerons, vignerons homicides. Du « chant d’amour » pour son peuple, Dieu passe au « chant des impropères » (du latin improperium = reproche), chant de reproches où nous sommes provoqués à faire une réflexion sur l’histoire de notre salut et de notre fidélité.

1.    Vigne aux raisins d’amertume… !

Le prophète entre dans la liturgie et l’ambiance festives des vendanges. Mais les notes et les accents de sa musique passent à l’amer. La fiancée a produit des fruits d’amertume et de honte : injustice, recherche égoïste du profit, course aux faveurs et aux amitiés utiles pour avoir une carrière puissante dans la cité ou dans l’Église et l’entretenir à tous les prix. Les pauvres ploient sous le joug de toutes formes d’exploitations. L’adoration du vrai Dieu est remplacée par des religiosités modernes du veau d’or et des rencontres festives. La brebis souffrante qui a besoin d’être spirituellement assistée ne trouve personne. L’institution est vidée du charisme et devient oppressante. Tout devient politique. La crise nous surprend ! La vigne s’obstine à être infidèle à l’alliance pire à se débarrasser de Dieu et de son Christ.
 
2.    Vignerons qui se débarrassent de Dieu et tuent le Fils…!

Le peuple veut devenir propriétaire et maître de lui-même. Les vignerons de l’évangile ne travaillent pas par amour du vrai propriétaire de la vigne, ni par amour de la vigne mais seulement pour s’accaparer d’elle. N’avons-nous pas toujours horreur des envoyés de Dieu et/ou d’entendre la voix de Dieu lui-même ? Ses envoyés sont persécutés, martyrisés et finalement, Dieu est rejeté et tué en son Fils. Mais nous oublions que, l’unique mesure de valeur authentique du Bien de la personne humaine est ce Christ Fils de Dieu et Dieu lui-même. C’est Lui seul qui, épousant notre condition humaine excepté le péché, dit la vérité sur la femme et l’homme d’hier, d’aujourd’hui et de tous les temps. Ce n’est pas parce que nous ne portons de fruits que nous rejetons Dieu et ses envoyés. Mais parce que nous les rejetons que nous ne produisons pas de bons fruits. Les conséquences sont dangereuses : le mal est vu comme bien et le bien comme mal, faisant des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres. (cf. Is 5,20) Dieu nous laisse au déshonneur et à la déchéance dont nous sommes les seuls protagonistes et responsables. Mais nos infidélités n’entament en rien sa Fidélité : sa mort sur la croix annoncée dans cet évangile, révèle la force de son amour.

3.    Dieu confiera sa vigne à un autre peuple…!

Confier la vigne à un autre peuple est une autre tentative de sauver Israël son peuple bien-aimé. La puissance divine rayonne malgré notre liberté qui est aussi malheureusement capacité de Lui dire non. Dieu est respectueux de la liberté humaine. A nos infidélités, il répond par la Fidélité jusqu’à la mort sur la croix. Les textes d’aujourd’hui ouvrent une piste de réflexion personnelle et ecclésiale sur la réponse à cette alliance d’amour dans laquelle Dieu en Jésus-Christ, donne vie à notre monde, à notre terre, notre société et nos familles. L’Église sacrement de ce salut est appelée à se rénover dans l’obéissance pour répondre pleinement à sa vocation sinon, les prostitués et les publicains qui entre temps se seraient convertis et adhérés à l’annonce du Royaume, deviendront le nouveau peuple, le reste fidèle. Quels fruits portons-nous ? fruits d’amertume ou fruits spirituels dont le monde a besoin ? Paul indique que ce ne sont pas les biens matériels immédiatement utiles qui procurent le bonheur. Et la foi ne nous soustrait pas aux épreuves d’ici-bas mais nous aide à nous attacher plus fortement à Christ, chemin vérité et vie. La foi se nourrit de prières, d’action de grâce et de l’évangile pour être forte et fidèle dans la Fidélité de Dieu.
« Vigne aux raisins d’amertume,
    Vigne aux sarments desséchés
Souviens-toi !
…..
  Moi, j’ai voulu, vivante Sève,
        jeter l’espoir de fruits nouveaux ;
   toi, tu te coupes de mes eaux
                               mais pour aller vers quelle sève ? »
(Impropères)


          P.  Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, bibliste.



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