mardi 14 février 2012

CRISE SYRIENNE, L’IMPASSE OU LES NEGOCIATIONS ?


La crise syrienne a  été marquée,  ces dernières semaines, par le veto russe et chinois à une résolution de l’Onu condamnant le régime syrien. Tollé général et consternation dans les capitales occidentales, reprise de la violence qui n’a jamais faibli en Syrie. Sur le plan diplomatique, les occidentaux  semblent avoir été pris à leur propre piège. Se profile à l’horizon l’impasse de l’enlisement avec son cortège d’énormes pertes en vies humaines, de destructions matérielles énormes, de déchirement du tissu social difficile à recoudre par la suite.

L’ombre du précédent libyen…

Le précédent libyen où  les forces de l’Otan ont largement dépassé le cadre de la résolution onusienne qui visait à protéger les civils en installant une zone no-fly au-dessus de la Libye reste encore dans les mémoires. Malgré les protestations russes quant à l’application de ladite résolution, l’Otan s’est rangé du côté des rebelles jouant un rôle décisif dans leur victoire qui s’est soldée par l’élimination du colonel Kadhafi dans les conditions qui restent à élucider.  Cette opération libyenne, dont se vantent certains leaders européens dans leur bilan, a provoqué d’énormes dégâts collatéraux  dont on ne parlera jamais. A quoi  servent et serviront ces tonnes d’armes volatilisées dans la nature qu’elles proviennent du dépôt de l’ex-dictateur ou de celles fournies à la population pour  s’auto-défendre ? Les violences de ces derniers jours en Libye et dans certains pays voisins, font croire que l’incendie n’est pas complètement éteint.

A notre avis, le précédent libyen explique, pour une large part,  la position de la Chine et de la Russie qui, une fois de plus, ne voudraient plus se laisser  berner par  la rhétorique occidentale des « mots » qui ne rendent pas toujours compte des intentions. A cela il faut, bien entendu, ajouter  la sauvegarde de leurs  propres intérêts économiques et géostratégiques  et la préservation de leur propre régime. Qui sait si demain, le vent de la contestation ne gagnera pas leur propre pays ? Déjà la Russie essuie des mouvements de révolte encore impensables, il y a encore quelques mois…     

Et si on commençait par négocier…

Pendant ce temps, la violence ne cesse de croître dans les villes syriennes, surtout depuis l’apparition d’une armée libre qui tente de reproduire le modèle libyen en combattant les forces fidèles au régime. Des pertes en vies humaines sont enregistrées au jour le jour. Quel est l’avenir de ce processus infernal ? n’est-il pas temps de négocier l’avenir du pays après un cessez-le feu ?

Pour notre part, étant donné que les conflits finissent toujours sinon souvent autour de la table des négociations, il est peut-être plus sage de ne pas verser trop le sang humain avant de s’y rendre. Les rapports de force entre rebelles et forces loyales sont disproportionnelles. Le régime syrien ne montre pas encore des signes d’essoufflement ou de fissure malgré les sanctions imposées par certains pays. L’Onu peine à s’accorder sur une action concertée. Les deux pays capables d’une action unilatérale (France et USA) sont  pratiquement en campagne électorale avec une réélection qui s’annonce difficile pour leur président respectif. Un appui direct et militaire devient peu probable eu égard à l’opinion peu favorable de ces deux pays aux interventions militaires. La ligue arabe est-elle en mesure d’intervenir militairement  sachant que le régime syrien conserve  encore des alliés de taille dans la zone ? Rien n’est moins certain.

Tout à notre avis, indique l’impasse ou  la voie des négociations. Les peuples sont différents et certainement différentes seront leurs révolutions. Le mimétisme, dans ce cas,  peut se révéler dangereux. Mieux vaut, dès maintenant,  poser les jalons des négociations de paix impliquant toutes les parties concernées.
P. Eric O. OKPEITCHA

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