La crise syrienne a été marquée,
ces dernières semaines, par le veto russe et chinois à une résolution de
l’Onu condamnant le régime syrien. Tollé général et consternation dans les
capitales occidentales, reprise de la violence qui n’a jamais faibli en Syrie. Sur
le plan diplomatique, les occidentaux semblent avoir été pris à leur propre piège. Se
profile à l’horizon l’impasse de l’enlisement avec son cortège d’énormes pertes
en vies humaines, de destructions matérielles énormes, de déchirement du tissu
social difficile à recoudre par la suite.
L’ombre du précédent libyen…
Le précédent libyen où les forces de l’Otan ont largement dépassé le
cadre de la résolution onusienne qui visait à protéger les civils en installant
une zone no-fly au-dessus de la Libye reste encore dans les mémoires. Malgré
les protestations russes quant à l’application de ladite résolution, l’Otan
s’est rangé du côté des rebelles jouant un rôle décisif dans leur victoire qui
s’est soldée par l’élimination du colonel Kadhafi dans les conditions qui
restent à élucider. Cette opération
libyenne, dont se vantent certains leaders européens dans leur bilan, a
provoqué d’énormes dégâts collatéraux dont on ne parlera jamais. A quoi servent et serviront ces tonnes d’armes
volatilisées dans la nature qu’elles proviennent du dépôt de l’ex-dictateur ou
de celles fournies à la population pour
s’auto-défendre ? Les violences de ces derniers jours en Libye et
dans certains pays voisins, font croire que l’incendie n’est pas complètement
éteint.
A notre avis, le précédent libyen explique, pour une
large part, la position de la Chine et
de la Russie qui, une fois de plus, ne voudraient plus se laisser berner par la rhétorique occidentale des « mots »
qui ne rendent pas toujours compte des intentions. A cela il faut, bien entendu,
ajouter la sauvegarde de leurs propres intérêts économiques et
géostratégiques et la préservation de
leur propre régime. Qui sait si demain, le vent de la contestation ne gagnera
pas leur propre pays ? Déjà la Russie essuie des mouvements de révolte
encore impensables, il y a encore quelques mois…
Et si on commençait par négocier…
Pendant ce temps, la violence ne cesse de croître
dans les villes syriennes, surtout depuis l’apparition d’une armée libre qui
tente de reproduire le modèle libyen en combattant les forces fidèles au
régime. Des pertes en vies humaines sont enregistrées au jour le jour. Quel est
l’avenir de ce processus infernal ? n’est-il pas temps de négocier l’avenir
du pays après un cessez-le feu ?
Pour notre part, étant donné que les conflits
finissent toujours sinon souvent autour de la table des négociations, il est peut-être
plus sage de ne pas verser trop le sang humain avant de s’y rendre. Les rapports
de force entre rebelles et forces loyales sont disproportionnelles. Le régime
syrien ne montre pas encore des signes d’essoufflement ou de fissure malgré les
sanctions imposées par certains pays. L’Onu peine à s’accorder sur une action
concertée. Les deux pays capables d’une action unilatérale (France et USA) sont
pratiquement en campagne électorale avec
une réélection qui s’annonce difficile pour leur président respectif. Un appui
direct et militaire devient peu probable eu égard à l’opinion peu favorable de
ces deux pays aux interventions militaires. La ligue arabe est-elle en mesure d’intervenir
militairement sachant que le régime syrien conserve encore des alliés de taille dans la zone ?
Rien n’est moins certain.
Tout à notre avis, indique l’impasse ou la voie des négociations. Les peuples sont
différents et certainement différentes seront leurs révolutions. Le mimétisme,
dans ce cas, peut se révéler dangereux.
Mieux vaut, dès maintenant, poser les
jalons des négociations de paix impliquant toutes les parties concernées.
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