mercredi 30 novembre 2011

" QUI SUIS-JE ?"



Un groupe d'adolescents attendant le Pape Bénoit XVI à Cotonou, le 19.11.2011.

Mon cher neveu,

De ce que je t’avais un peu dit sur le contenu de la psychologie du développement, tu souhaites que je t’explique davantage la question du « Qui suis-je ? » pour un adolescent comme toi. Mon cher Sonagnon, je t’avoue que tu poses là une question de grande portée. Je ne voudrais pas t’entraîner sur le sentier rocailleux des grandes théories psycho-scientifiques, je m’efforcerai de te trouver un langage adapté, toutefois il te faudra quand même un peu d’attention pour suivre et comprendre.
« Qui suis-je ? » est une question importante pour tout individu à certains moments de la vie. Pour un adolescent, « qui suis-je ? » signifie le devoir de construire son identité, mais attention ! ce n’est pas toujours une simple affaire !

Les crises, phénomènes liés à toute croissance
Avant tout, quand nous parlons d’adolescence, dans quelle tranche d’âge nous situons-nous ? Selon les auteurs, il existe différentes considérations, mais convenons, en Psychologie de l’éducation, avec Erickson et Berger, que l’adolescence globalement se situe dans la tranche d’âge comprise entre 10 et 20 ans (Berger, 2000, p. 283). Cette tranche d’âge ne doit pas être considérée de manière fermée et rigide parce que les phénomènes de l’adolescence parfois s’observent même au-delà des 20 ans. La période de l’adolescence est caractérisée par les changements biologiques liés à la puberté et aussi souvent par des crises : le petit garçon ou la petite fille qui, hier, voulait être comme papa ou maman qu’il prenait comme les meilleurs modèles du monde, devient maintenant un adolescent qui commence à tout remettre en cause. Une sorte de changement s’est opéré dans le jeune. La révolte, l’entrée en rébellion contre les parents et les conflits avec eux interviennent souvent en ce moment. Je reviendrai dans une autre lettre sur ce rapport conflictuel de l’adolescent avec ses parents, mais ce qui est fondamental tant pour le jeune que pour les parents est de ne ni dramatiser à outrance cette situation, ni désespérer du jeune comme d’un individu irrécupérable. Il faut considérer les crises comme des phénomènes normaux dans le processus de toute croissance. Désormais donc, l’adolescent s'éloigne de ses parents et préfère plutôt fréquenter le groupe des pairs ou amis d’âge (Berger, 2000, p. 339); pour lui, c’est le bon cadre de référence pour se mesurer aux autres, connaître ses compétences ainsi que  ses futurs engagements dans la société (Erikson, 1975). Ce qui préoccupe désormais l’adolescent, c’est le sens de sa vie et son identité où l’image corporelle revêt une grande importance, surtout pour la fille qui, parfois, passe des heures devant le miroir.
Cher Sonagnon, le « Qui suis-je ? » doit se monnayer sous forme d’autres questions : Quel est mon âge et qu’est-ce que cela implique pour moi ? Suis-je un garçon ou une fille ? Quelles sont mes compétences et résultats scolaires ?, qu’est-ce que j’aime faire, quels sont mes talents, quelles sont mes inclinations amoureuses, quelle est ma conduite morale, quel est le sens de ma vie ? etc… Trouver des réponses sincères à ces questions et réaliser son identité, voilà deux exigences que l’adolescent doit satisfaire pour devenir adulte). Nous pouvons ici nous permettre un véritable rapprochement avec l’initiation dans la tradition africaine qui a lieu pour le ou la jeune vers l’âge de  16 ans et qui marque son passage à l’âge adulte (Moumouni, 1998, 33).

Les multiples identités possibles
Sonagnon, comme tu le vois, il s’agit d’un processus psychosocial délicat et parfois perturbateur pour l’adolescent lui-même, mais il vaut mieux être informé pour être tranquillisé. Le processus peut varier d’un individu à un autre et parfois durer plusieurs années. De l’étude des chercheurs, certains jeunes n’entrent pas forcément en rébellion contre les parents et les figures d’identification de leur enfance. D’ailleurs, dans une société traditionnelle, on remarque que la formation de l'identité se déroule relativement sans heurts. Une adolescence sans remise en cause tapageuse n’est donc pas une anomalie ; pour les chercheurs, un jeune qui intègre dans le calme et le consensus les valeurs précédemment reçues a simplement une identité surdéterminée. Il existe d’autres types d’identité comme l’identité réalisée, l’identité négative, l’identité en moratoire et l’identité confuse (Berger, 2000, p. 340). Ce dernier type, selon les chercheurs, est l’identité des adolescents qui ne consacrent pas d'énergie à la recherche de leur individualité. Ces jeunes ont parfois de difficulté à faire leurs travaux scolaires et à réfléchir à leur avenir : ils n'ont pas encore une idée claire de ce qu'ils sont et de ce qu'ils veulent devenir (Waterman, 1985). Il est vrai que de nombreux adolescents traversent diverses périodes, développant d'abord une identité surdéterminée ou une identité diffuse, puis une identité en moratoire avant d'atteindre une identité réalisée. Mais mon cher neveu, le « qui suis-je » s’identifie au devoir du « connais-toi, toi-même ». Sortir avec les amis, se divertir, aller au bal, jouer au football etc., sont légitimes, mais ne doivent pas te faire oublier ce devoir vital de construction de ta personnalité et de ton identité : alors Sonagnon, quelle est ton identité ? quel type de jeune es-tu ?

Ton oncle Coffi Roger Anoumou

Berger, Kathleen S. (2000), Psychologie du développement, Traduit par Marie- Claude Désorcy, Modulo Éditeur, Mont-Royal (Québec), Canada.
Erikson, Erik H. (1975), Life history and the historical moment, Norton, New York.
Moumouni, A. (1998), L’éducation en Afrique, Présence Africaine, Paris.
Waterman, Alan S. (1985), Identity in the context of adolescent psychology. In Alan S. Waterman (Ed.), Identity in adolescence: Processes and contents: Vol 30. New directions in child development, Jossey Bass, San Francisco.

BENOIT XVI : UNE VISION EMINEMMENT POSITIVE DE L’AFRIQUE


Le Pape Benoît XVI recevant un présent des enfants d'Afrique. Bénin, le 19/11/11

Entre autres éléments, le récent voyage du Pape en Afrique, précisément au Bénin du 18 au 20 novembre, aura mis en relief, la vision nettement positive de Benoît XVI sur l’Afrique. L’Afrique « boîte de Pandore » pour les uns, « sanctuaire de tous les maux » pour d’autres,  a été qualifiée par le Pape de « poumon spirituel  pour une humanité  qui semble en crise de foi et d’espérance »[1] et de « réserve de vitalité » sur lesquels peuvent compter l’Eglise et l’humanité.  A travers les dix discours prononcés sur le sol béninois, mais aussi dans l’interview  accordée aux journalistes sur le vol qui le menait à Cotonou,  Benoît  XVI a proclamé haut et fort sa confiance et son estime pour le continent africain.

Ces deux expressions, pour ma part, sont essentielles d’abord pour les africains eux-mêmes , portés à leur insu, à l’auto-flagellation, à la résignation, au pessimisme par la vision que ne cesse de leur projeter les médias. En effet, à force de ne voir de soi que des images négatives, on finit par perdre l’horizon du bien et du beau dont on est  pourtant porteur. Le drame de l’immigration sauvage est là, devant nos yeux impuissants, pour témoigner à quel point une bonne partie des forces vives de l’Afrique, ne pense qu’à l’Europe, comme l’unique possibilité de vie et de survie. On pourrait se livrer à tous les dangers du désert et de la mer, pour qu’on parvienne aux portes de « l’Eldorado » l’Europe. Or, les problèmes actuels et futurs de l’Europe, conseilleraient autre chose.  L’Afrique, en se prenant au sérieux, en faisant face aux problèmes qui la minent et que le Pape a  si bien mis en relief dans l’Exhortation Apostolique  Post-synodale Africae Munus, offrira à l’humanité, non seulement ses ressources minières mais aussi humaines et spirituelles.

Ensuite, ces deux « expressions » pourraient aussi interpeller l’opinion publique européenne assez ignorante de l’Afrique, dans son ensemble. Certains y voient simplement un pays laminé par les guerres, les calamités et les épidémies, la  destination de leurs œuvres de charité pour lesquelles il convient de les saluer. Mais l’Afrique est plus cela. Elle est riche de sa pauvreté qui lui donne l’élan de recevoir et non  la nausée de la surabondance ;  elle est riche de son respect du sacré, de son sens de la vie et de la famille, de sa foi en Dieu et dans un au-delà de la vie qui tranche nettement avec un positivisme desséchant.  L’Afrique est riche de son espérance au cœur des difficultés, de sa jeunesse fraîche et nombreuse qui  ne demande qu’à être  bien formée et orientée pour déployer toutes ses potentialités.

Les titres du dernier chapitre et de la conclusion, respectivement « Lève-toi, prends ton grabat et marche ! » (Jn 5,8) et « aie confiance ! Lève-toi, il t’appelle ! » (Mc 10,49) sont assez suggestifs pour nous dire ce que l’humanité attend de l’Afrique.  



[1] Homélie  de la Messe d’ouverture de la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques (4 octobre 2009 ) . AAS 101 (2009), p. 907 ; DC 2433 (2009), p. 951.

samedi 26 novembre 2011

FAITES ATTENTION, VEILLEZ... !


PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT B

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(Is 63,16b-17.19b; 64,3-7/  1 Co 1,3-9 / Mc 13,33-37)

Le Pape Benoit XVI avec les enfants du Bénin

L’année liturgique B qu’inaugure ce premier dimanche de l’Avent, est aussi souvent qualifiée d’année de l’évangéliste Marc. Nous lirons plus Marc les dimanches que les autres évangiles. Quatre fois, Marc répète l’expression « faites attention, soyez sur vos gardes ! » (Mc 13,5.9.23.33) par laquelle s’ouvre l’évangile de ce jour. Le disciple du Christ a besoin d’une intelligence vigile et critique pour ne pas sombrer dans la nuit du mal, dans les ténèbres des faux prophètes et du péché.

1.     Dieu vient par Amour pour nous !
L’absence de Dieu de sa création n’est qu’apparente. Il est toujours avec nous. Nous sommes son peuple. Il ne saurait nous abandonner. Le prophète rappelle les prodiges du passé et revient sur la libération d’Egypte, expérience fondamentale qu’on retrouve au cœur du credo et de la prière tant du juif que du chrétien. Dieu Créateur est notre Père. Il est notre Go’el, Celui qui nous rachète , libère et protège. Dans la figure du Messie, Il se montre le Rédempteur (libérateur), le Dieu qui veut rendre l’homme libre de toutes servitudes. Si le péché ne peut nous séparer de son Amour, aucune excuse ne peut tolérer nos lâchetés. Notre communion doit devenir plus responsabilité active et vigilante fidélité.
        2.     Veillez…car vous ne savez ni le jour ni l’heure !

La vie en Christ est une vie de vigilance dans l’attente des biens à-venir. Notre vigilance se doit d’être une dynamique continue à sortir de la nuit du péché pour une vie spirituelle ardente, forte et pétrie d’espérance qui ne se laisse pas surprendre. Marc, en bon disciple de Pierre, parle du « chant du coq », expression qui pourrait être une allusion à la douloureuse nuit du reniement de l’apôtre. Le péril du reniement du Christ nous guette aussi en un monde où « Christ à venir est entièrement vidé et falsifié, réduit à un schéma moral général d’où rien ne vient et qui ne signifie rien » (Benoît XVI). Le monde présent avec ses richesses et faiblesses doit être perçu et vécu comme un avant-projet du Royaume de Dieu à-venir, comme matière première de ce qui nous attend. Cet avant-projet devient projet de vie à-venir au cœur de notre attente dans la prière, l’écoute de la Parole et la vie des sacrements qui ravivent en nous la certitude de l’événement au cœur du découragement ou l’insouciance que provoquerait l’incertitude du moment. Celui qui s’endort, abandonne la maison et sa propre vie aux mains des bandits. Ils en feront ce qu’ils voudront. L’image du veilleur renferme donc notre mission de custode de la maison jusqu’au retour du Maître qui nous dira, « serviteur bon et fidèle, entre dans ma joie ».

3.     Dans la Joie et la communion avec Dieu !
Christ est la manifestation de cette félicité qui nous attend dans le sein de Dieu, en son Royaume. Nous ne sommes pas devenus chrétiens à cause seulement d’une histoire passée mais le sommes et le demeurons grâce au Christ en qui nous vivons et qui vit en nous pour une histoire d’amour à-venir. Les « dons de la grâce » nous aident à faire de cette histoire d’amour, une fidélité vigile et active à fructifier nos talents à la lumière de la « richesse de la Parole et de la connaissance de Dieu ». Non plus seulement croire ou aimer mais surtout veiller à créer l’espace à la puissance du Ressuscité. «Soyez sobres, veillez! Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez lui fermes dans la foi.» (1 P 5,8-9a).


   P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, Bibliste.







mardi 22 novembre 2011

COMMUNIER A LA ROYAUTE DU CHRIST !

CHRIST ROI DE L’UNIVERS (A)

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(Ez 34,11-12.15-17  / 1Co 15,20-26.28 / Mt 25, 31-46)



En ce dernier dimanche de l’an liturgique A, Paul tourne nos regards vers les effets salvifiques de la Résurrection du Christ qui implique notre résurrection et est la certitude du Royaume de Dieu qui nous est préparé. Ce que nous pouvons attendre de Dieu implique selon Mathieu ce que nous devons faire.
 1.     Royauté et service !

Par l’image classique du pasteur ou du berger, Ezékiel présente le Seigneur attentif dans les moindres détails du soin à porter à son peuple de toutes parts coincé par la souffrance, la misère de l’esclavage. YHWH s’illustre Berger d’Israël. Il « veille, fait paître, fait reposer, rassemble et sauve ». Ces différentes actions annoncent la fin prochaine de la souffrance et proclament la sollicitude et la grâce prévenante du Seigneur. La joie de la fin de l’exil ouvre à la certitude que Dieu est le seul Bon Berger dont le Messie est l’envoyé. En ce Messie Christ, Dieu se fait présent sur nos chemins de misères et se manifeste Roi de l’univers. Sa royauté s’exerce dans le sacrifice et l’oblation qu’Il fait descendant dans les situations humaines les plus avilissantes et humiliantes en vue de notre salut : « le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon » (Mt 20,28)
2.     Créés pour une justice de salut !

Par sa solidarité avec « les affamés, les assoiffés, les étrangers, les sans-abris, les nus, les malades, les prisonniers... », Christ fait comprendre que les biens et service de cette terre sont destinés à tous et sont confiés pour le partage. Dieu est présent en chaque homme et plus particulièrement en tous ceux et celles qui souffrent et sont nécessiteux de notre amour. Christ s’identifie à eux ouvrant la vie d’ici-bas à l’éternité qui vient et dont Il est le seul qui en fait don. Mathieu le présente comme assis sur son trône de gloire, symbole de sa Seigneurie et de son autorité universelle qui est service et joie du salut offerts à l’humanité. Le jugement dernier sera un jugement universel mais personnel c’est-à-dire jugement que nous aurons nous-mêmes fait accueillant ou rejetant l’un de ces plus petits. Chaque action humaine doit être le reflet de cette vérité qui s’ouvrira sur ce futur de bonheur. Le jugement porte sur des actes concrets. Seul le service des plus faibles dans la lumière de l’évangile nous restitue notre vraie dignité et notre liberté de fils de Dieu. « Ce n'est pas en me disant : "Seigneur, Seigneur", qu'on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c'est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 7,21)
 3.     Créés pour la vie éternelle !

Faire sa volonté pour devenir citoyens du Royaume de notre salut, c’est accepter la lumière de vérité de la Parole transcendante de Dieu se projeter sur notre histoire personnelle et universelle. C’est enfin apprendre à être juste, c’est-à-dire, donner à pleine main et à plein cœur dans la simplicité de ce que nous avons nous mêmes reçus. La venue du Seigneur se prépare dans l’engagement quotidien à Christ Ressuscité. Après la mort de cette terre il n’y a pas l’anéantissement. La vie continue non plus sous sa forme ordinaire que nous connaissons mais une vie spirituelle et éternelle de félicité. Si Christ est mort et ressuscité, cela implique notre résurrection et notre vie. Le jugement dernier dont parle l’évangile est une indication claire à choisir le parti du Christ. Avec Lui, la cité d'ici-bas s’organise autour de vraies valeurs de paix, de vie, de justice… Choisir le camp contraire c’est vouloir librement demeurer en Adam, rejeter Dieu et accepter toutes confusions et désordres.

P.  Chelbin Alfred Wanyinou HONVO





 

vendredi 11 novembre 2011

FRUCTIFIER SES TALENTS

XXXIII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(Pr 31, 10-13.19-20.30-31  / 1Th 5, 1-6 / Mt 25, 14-30)
Ce dimanche, avant dernier du temps liturgique A, se présente comme la parabole du bilan de notre vie chrétienne en vue du « Jour du Seigneur » qui vient. Les textes nous y aident à travers trois moments simples où la réalité de la vie de tous les jours est lieu de vigilance et de fidélité actives.
 
1.     L’absence du Maître : temps de vigilance !
L’absence est en réalité une autre forme de sa proximité mais surtout de la confiance qu’Il nous fait. Le don de son Esprit après la résurrection est toujours actuel. Il est Dieu-avec-nous que nous sommes appelés à contempler et découvrir au quotidien. Il est dans l’instant présent qui passe. Dans la figure de la femme de valeur, le livre des Proverbes indique la possibilité du bonheur du vivre en Dieu ce temps présent pour le semer d’éternité. Cette femme est plus qu’une perle précieuse. Elle est un repère sûr, félicité de son époux, de sa famille et de la cité. Les pauvres et malheureux trouvent auprès d’elle, consolation et joie de vivre. Elle sème dans les cœurs la joie de la fidélité à l’Amour du Seigneur (crainte du Seigneur). Une telle femme est symbole de la personne qui se laisse imprégnée de la Sagesse divine, beauté et vérité de notre existence qui doit rendre compte au Maître à son retour.

2.     Responsabilité personnelle : temps de l’action !
L’engagement au quotidien de cette femme est l’exemple de ce que la vie de famille ou du travail de tous les jours doit s’illuminer de la Parole de Dieu. Les responsabilités journalières sont le lieu pour honorer le Créateur en ses multiples dons et s’abandonner à la victoire de son Amour, victoire de la croix du Christ sur les ténèbres. Le temps de la responsabilité est celui de l’engagement et de la fidélité : chacun a reçu des talents selon ses capacités et forces mais chose plus intéressante, le Maître donne l’espace d’autonomie pour les fructifier. La liberté fait bon ménage avec responsabilité et fidélité actives. Fructifier nos talents, c’est prendre le risque des peines et fatigues de tous les jours pour faire profiter le monde de nos qualités et responsabilités personnelles. Chacun a reçu quelque de chose de particulier et d’irremplaçable. Notre faillite ou banqueroute vient, non seulement du manque de foi ou de la peur mais de la fausse image que nous nous faisons de Dieu : « Seigneur,… tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. » (Mt 25,25) Il a agi comme Adam après le péché. Il a eu honte de se montrer serviteur de son Maître, honte de sa foi au milieu des hommes. Il a eu peur de Dieu et s’est coupé de l’Amour filial (Rm 8,15) oubliant que le manque de confiance et le refus de tout risque pour le Seigneur plonge dans l’amertume à la venue du fils de Dieu.
 
3.     La venue du Fils de Dieu : temps du bilan et de fête !
 
La venue du Seigneur sera le jour du salut, temps du bilan où tout sera récapitulé en Lui. Ce jour ne peut nous surprendre car vivants en témoins avisés de la foi en Lui, nous ne nous sommes pas laissés emporter par les ténèbres du mensonge et des illusions en vogue. Notre foi s’est fait inventive, forte et sans peur. Nous avons fructifié nos talents. Le temps du bilan sera comme on peut le deviner chez Paul, un temps d’apocalypse, temps du dévoilement des fruits que nous aurons produits et temps de pleine révélation de l’Amour de Dieu : « serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Maître » (Mt 25,21).

  P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO





 






mercredi 9 novembre 2011

SOMMET DU G20 DE CANNES, LES SIGNAUX FORTS....

Du 3 au 4 novembre 2011, s’est tenu au palais des festivals et des congrès de Cannes, le sixième sommet du G20. Il s’agirait là du plus grand sommet international jamais organisé par la France. Le président Sarkozy, président en exercice du G20 a reçu 25 chefs d’Etat et de gouvernement des pays qui pèsent 85% de l'économie mondiale ainsi que les représentants de 7 organisations internationales. A seulement quelques mois des élections présidentielles, le président français n’a pas manqué de cueillir cette opportunité pour célébrer le couronnement de son action sur le plan international. La crise de la dette pour la zone euro et celle de la Grèce en particulier, ont porté leurs ondes de trouble jusqu’à la veille de l’ouverture du G20 avec le coup de tonnerre provoqué par la décision unilatérale du premier ministre grec de soumettre au referendum l’accord du 27 octobre sur le plan d’aide à son pays. Comme l’a souligné le président Obama à la fin du sommet, le Président Français a fait montre d’un « leadership impressionnant » avec le chancelier allemand dans la gestion de la crise de la zone euro. Comme d’habitude, les discussions n’ont pas manqué, chaque participant représentant des intérêts particuliers. Au-delà des longues résolutions aux lendemains incertains, ce sommet envoie des signaux forts sur l’état du monde.

Le premier point est le lien désormais plus fort entre l’économie et la politique. La crise grecque finira par emporter dans ses flots furieux le premier ministre Papandreou. L’Italie, troisième économie de la zone euro, ressent au plus fort, les secousses provoquées par les incertitudes et la fragilité de son gouvernement. Nul doute que ce qui est arrivé à Papandréou en Grèce dopera l’énergie de l’opposition italienne, qui depuis des mois, réclame le départ du cavalière. Les problèmes économiques ne sont pas étrangers à l’essoufflement de l’immense espoir suscité par l’élection de Barack Obama.

Le second point est le déclin du leadership américain. Le président Obama est venu à ce sommet affaibli plus que jamais. Les Etats-Unis n’ont pas, en poche, la solution des problèmes du vieux Continent. Ils ne peuvent que conseiller et soutenir moralement. L’unilatéralisme américain semble désormais hors de mode, plombé par de sérieux problèmes économiques. Quant à la zone euro, elle est plus que jamais en difficulté, engluée dans un système économique et financier tiraillé par le désir contradictoire de l’intégration et de la conservation des souverainetés nationales. Barack a plusieurs fois souligné la difficulté de maintenir une monnaie commune avec des politiques budgétaires et fiscales aussi divergentes. Toutefois, les américains et les européens conservent la préséance militaire.


Nicolas Sarkozy et Barack Obama, lors de leur interview télévisée post-G20 le 4 novembre 2011, à Cannes. AP/SIPA
Le troisième point réside dans l’amitié et la convergencede vue affichées par Barack Obama et Nicolas Sarkozy à la fin du sommet. Honneur aux soldats ayant combattu en Libye, interview conjointe au journal télévisé… La parade des deux présidents en difficultés avec leur opinion publique et dont on connaît les divergences sur le plan économique et politique a quelle finalité ? on se rappelle encore le vote français en faveur de l’entrée de la Palestine dans l’Unesco malgré l’opposition des Etats-Unis. Quel est le but de cette opération de charme ? sinon se soutenir mutuellement dans la tourmente ? Par ailleurs, pouvait-on célébrer le succès des efforts en Libye sachant que les dégâts matériels importants, les victimes innocentes des bombardements de l’Otan et l’épilogue assez flou de cette guerre sont là pour montrer que l’opération n’était pas aussi propre. A moins que le succès réside uniquement dans le fait que l’Otan n’a perdu aucun soldat ? A-t-on vraiment évalué sur le court et le long termes les opérations menées en Libye ? ou ne voit-on que la chute d’un dictateur devenu gênant ? Mesure-t-on les conséquences des armes larguées sur des populations (une première), des dépôts de missiles pillés et disparus sans compter l’arsenal de guerre de Kadhafi volatilisé sans que personne ne puisse dire avec certitude dans quelles mains toutes ses armes vont atterrir ? S’est-on vraiment assuré des intentions et des projets des nouvelles autorités à qui on a vite fait conscience ? N’a-t-on pas posé les jalons d’une instabilité durable pour une zone située aux portes de l’Europe ? Déjà les résultats des élections tunisiennes font grincer des dents à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

La Chine et les pays émergents sont désormais appelés à prendre le relai de l’Occident en perte de vitesse en consommant une partie de sa dette. Les plans de rigueur votés ici et là signent la preuve qu’un mode de vie et un monde sont en train de disparaître… Même si le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, se veut rassurant « Les Chinois se comporteront en investisseurs», en Europe. «Ils ont investi énormément dans les bonds du Trésor américain pour autant que je sache les Etats-Unis ne sont pas devenus des vassaux de la Chine», la suprématie économique a toujours précédé celle politique.
P. Eric Oloudé OKPEITCHA

samedi 5 novembre 2011

LA SAGESSE DE LA VIGILANCE


XXXII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)

  COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

             

                                     (Sg 6, 12-16  / 1Th 4, 13-18 / Mt 25, 1-13)

" Veillez car vous ne savez ni le jour ni l’heure ! » Le présent est un temps de Grâce que nous procure la Sagesse bienveillante de Dieu. C’est un moment où nous sommes appelés à vivre pleinement notre relation avec le Seigneur. Perdre ce temps ou le laisser passer, c’est tomber dans le drame des 5 vierges insensées de l’évangile.


1.     Dieu, Sagesse assise à notre porte !
La Sagesse est Dieu à l’œuvre dans notre vie et dans notre histoire à travers sa précieuse Grâce. C’est elle qui nous fait vivre de la vraie vie. En Elle, nous avons le don d’ « être et de mouvoir »... Elle est à notre portée et se laisse trouver. « Ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils, » (1 Jn 4,10) Parole-Sagesse faite chair qui illumine le monde et chacun de nous de l’Amour divin. « Effluve de la puissance de Dieu », (Sg 7,25) Elle est à notre portée mais entreprend d’aller à notre rencontre et à notre recherche. Elle veille sur nous. La Sagesse divine est à la porte et dit, comme l’ange à l’Eglise de Laodicée : « voici, Je suis à la porte et je frappe. Si quelqu’un écoute ma voix et m’ouvre la porte, J’entrerai chez lui… » (Ap 3,20).
2.     Sagesse qui maintient nos lampes allumées !
« Écouter la voix du Seigneur et lui ouvrir la porte », c’est non seulement rechercher la Sagesse mais comprendre qu’Elle seule est digne de recherche. Avec Elle, nos cœurs veillent dans la vigilance d’une existence humaine de ce que nous sommes appelés à sortir, pour aller vers ce que nous devons devenir : la vraie vie qui nous est préparée en Christ Sagesse de Dieu. La beauté de notre existence se trouve dans cette relation de communion avec Dieu ici traduite à travers le symbolisme nuptial. La fidélité à maintenir cette communion rend davantage l’existence plus belle et plus féconde parce que l’intelligence est vive pour discerner et le cœur docile à la Parole. C’est cela la vigilance spirituelle qui contraste avec le sommeil, lourdeur spirituelle qui vide le vase de notre vie de tout espérance. Le texte de l’évangile ne reproche pas le sommeil aux filles des deux groupes. Il dit plutôt que les vierges insensées ne savent pas gérer l’instant présent qui passe où nous avons à vivre pour préparer l’ à-venir. En cet instant Dieu passe et de cet instant présent, nous sommes responsables. Notre vie est une belle métaphore de la lampe allumée c’est-à-dire de prudence et vigilance à nous purifier à l’aune de la Parole, à investir dans l’amour pour lire notre histoire en termes de salut et nous faire reconnaître de Lui.
 
3.     Sagesse qui nous arrache à l’ignorance !
La vigilance dans l’attente est un devoir de bon sens, d’intelligence et de fidélité : être à tout moment prêt à la rencontre du Christ Ressuscité. Sa résurrection est gage de notre résurrection. En sa résurrection, nous avons la pleine connaissance des biens éternels qui nous attendent. Nous sommes un peuple d’Espérance. Et quand bien même nous cheminons encore sur cette terre, la vie présente est semée d’éternité bienheureuse de la gloire qui vient. « Ne nous endormons pas, comme font les autres, mais restons éveillés et sobres » (1 Th 5,6) Il est temps de rester en éveil car notre salut est proche (Rm 13,11).

 P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO


jeudi 3 novembre 2011

REFERENDUM GREC, UNE LIMITE DE LA DEMOCRATIE


                              Photo de LEXPRESS.fr, publié le 30/09/2011
Après un sommet laborieux qui a finalement accouché tard dans la nuit d’un vote à l’unanimité sur le plan d’aide à la Grèce  assorti  d’un programme d’austérité pour les autres pays  de l’Euro  menacés par la crise comme l’Italie, l’Espagne et le  Portugal, tout semblait fin prêt  pour le G20 qui commence ce jeudi  3 novembre à Cannes. Mais coup de théâtre, le premier ministre grec Papandreou annonce, contre toute attente, la tenue d’un  referendum sur ledit plan d’aide comportant des mesures d’austérité. Tonnerre dans le ciel européen, les capitales locomotives de l’Euro, Paris et Berlin réagissent  consternées, les bourses déjà suffisamment agitées, replongent. La Grèce, dépassée par les vagues de protestations en cours et en vue, semble avoir pris de coup ses partenaires.  Cette décision est-elle salutaire pour la Grèce et pour l’Euro ? Faire parler ou décider le peuple est un principe certes démocratique, mais ne sommes-nous pas là en face des limites de le démocratie elle-même comme système ?

C’est vrai que la ou mieux les crises  successives de ces dernières années ont déjà prouvé les limites du système économique occidental basé sur la croissance. Le referendum grec nous donne l’opportunité de nous interroger sur les limites de la démocratie elle-même, basée sur le gouvernement du peuple par le peuple. Le premier ministre grec, quoique l’on dise, aura obéi à ce principe en voulant prendre l’avis du peuple sur son avenir  immédiat et à long terme. Seulement que le referendum dans un tel contexte met à mal toute la zone euro, car un « non » grec pourrait provoquer la faillite du pays due au non versement des 8 milliards d’euro correspondant à la prochaine tranche,  pourrait  entamer  la crédibilité de toute la zone et la contagion n’est pas à craindre pour les autres maillons faibles de la chaîne.

Face à tels enjeux, est-il opportun de donner la parole au peuple quand l’on sait que le  peuple, en temps difficile,  c’est-à-dire quand manquent le pain et  la paix, devient « foule »  entité sociale dominée par l’instinct  et ne voit que l’immédiat. Un peuple affamé, contraint  par les événements  à  changer de style de vie  ne saurait faire de la « métaphysique »  ni réfléchir à long terme. C’est dire donc le premier  ministre grec a pris de grands risques face à l’avenir et à l’histoire. Nul doute que le « non » l’emportera en cas de referendum libre et un grand pas  aurait été fait en direction de la catastrophe économique. Même  en déplaçant la question du referendum vers « l’appartenance ou non à la zone euro », la réponse du peuple en difficulté ne se concentrera que sur le présent. Ce qui représente une catastrophe pour le futur. On ne peut pas faire de la démocratie à propos de tout. La crise actuelle ne peut être gérée  à coup de referendum.
P. Eric Oloudé OKPEITCHA