samedi 30 juillet 2011

DONNEZ-LEUR VOUS MÊMES À MANGER… !

XVIII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)
COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
(Is 55,1-3 / Rm 8, 35.37-39 / Mt 14, 13-21 )


Dieu n’est pas indifférent à la souffrance de l’homme. Il étanche notre soif et assouvit notre faim matérielle et spirituelle. Toutes formes de misère de l’humanité est aussi le lieu privilégié de sa révélation. Plus qu’un simple appel, l’impératif « Donnez leur vous mêmes à manger ! » est une indication pour tout disciple à une collaboration intime avec le Christ dans la lutte contre toutes les misères de notre monde. Tout avec et par le Christ rien sans le Christ.

1. Pourquoi dépenser pour ce qui ne nourrit pas ?

Dans la première lecture, le prophète lance une invitation universelle à la fête. Il a recourt aux réalités du «manger et du boire », nécessités primordiales derrière lesquelles se cache le désir humain de se maintenir en vie. La fête ou le banquet est une image forte qui traduit l’amour de Dieu, la gratuité des biens spirituels dont Dieu comble ses enfants : l’eau est le signe de la vie, de l’Esprit et de la liberté. Le vin et le lait sont symboles de la fécondité de la terre promise… tous symboles de biens à venir, du banquet messianique, vrai pain, gratuité divine du don de la vie pour laquelle il est nécessaire de dépenser son argent et se dépenser. Le vrai Pain qui procure les biens à venir, c’est le Christ, Parole de Dieu qui maintient en nous la vie divine et rétablit dans l’alliance.

2. Nous n’avons que cinq pains et deux poissons !

Les disciples se montrent réalistes : « renvoie donc la foule… Nous n’avons que cinq pains et trois poissons… ». Cette solution humaine est à la fois pratique et économique mais elle peut traduire aussi l’expérience des limites et incapacités humaines et quelquefois notre manque de confiance en Dieu. Mathieu crée une tension narrative entre le peu à la disposition des disciples et l’invitation de Jésus. Cette tension est résolue par l’intervention de la générosité divine à laquelle collabore les disciples. Le geste est éloquent : Jésus bénit les pains et les poissons, donna aux disciples et ceux-ci les distribuèrent à la foule. Des disciples à la foule, la gratuité divine se prolonge et se perpétue au long des siècles dans la liturgie. La charité dénuée de la liturgie n’est plus charité, elle devient simple œuvre de philanthropie. Le danger aujourd’hui est de réduire la foi chrétienne à une agence d’aide alimentaire ou d’assistance sociale. La gratuité de l’Amour de Dieu se manifeste dans le sacrifice du Christ, dont l’eucharistie est le mémorial, style de vie du Fils de Dieu qui se fait frère de tous (dans le don de lui-même). C’est ce Fils, Christ qui est au centre notre charité et qui la fonde.

3. Rayonner de l’Amour du Christ qui rassasie !

Christ est le vrai Pain donné pour la vie du monde. L’intimité de vie avec Lui dans la prière, l’écoute de la Parole et dans l’Eucharistie, nous fait rayonner de son Amour qui illumine la femme et l’homme d’aujourd’hui, les relève de leur misère et les rassasie. Paul a recourt à une liste de situations difficiles qui peuvent déterminer voire conditionner notre choix du Vrai pain de vie. Mais en réalité l’apôtre y exprime notre participation unitive au sacrifice du Christ pour briser toutes les résistances à l’évangile et notre collaboration nécessaire pour étancher la soif et assouvir la faim de tous ceux qui –comme dit Dostoïevski- « …n’ont pas le courage de préférer le pain du ciel à celui de la terre. »

P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO

vendredi 22 juillet 2011

VIVRE POUR LE ROYAUME DES CIEUX … !

XVII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)
COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
(I R 3, 5.7-12 / Rm 8, 28-30 / Mt 13, 44-52 )

Le Royaume des cieux est l’action permanente et éternelle de Dieu en notre vie par le Christ qui nous ouvre aux réalités et aux délices éternelles. Il est un trésor, une sagesse à demander, une décision à prendre, mystère d’Amour de Dieu à contempler…

1. Une Sagesse à demander… !

Au Seigneur qui lui offre l’opportunité de demander tout ce qu’il désire, Salomon répond faisant part du grand besoin qu’il a de la sagesse pour bien discerner et bien gouverner. Il avoue son incapacité humaine et confie à Dieu son inexpérience à assumer une aussi lourde charge. Le texte hébreu dit littéralement, « je ne sais ni sortir, ni entrer » ce que les traductions rendent par « je ne sais comment gouverner ». Pour le jeune roi, l’art de bien gouverner commence par l’humilité et la reconnaissance de Dieu comme seul Maître de l’Histoire qui nous procure la vraie joie. Il nous indique la vraie valeur, nous illumine de sa sagesse en vue de la bonne direction et décision à prendre. Dieu l’a comblé au-delà de ses attentes. Salomon a découvert la perle précieuse, la chose la plus importante et nécessaire, la joie et la beauté authentiques.


2. Une décision à prendre…!


L’expérience de Salomon, nous fait voir le danger de perdre le goût du Beau et du Bien du Royaume des cieux que Dieu prépare et inaugure pour nous en Christ: un trésor caché dans un champ ou une perle précieuse devant laquelle le paysan ou le négociant qui la trouve ne peut pas ne pas succomber à la tentation de tout vendre pour l’acquérir. Trois moments (trouver, vendre, acquérir) importants qui nous font voir que l’élément central du texte est un appel à la décision et à la responsabilité. Quand la joie d’avoir découvert le Bien et le Vrai ne devient pas décision en vue du Royaume (vendre pour acquérir), elle reste stérile. La valeur de ce que Christ nous offre par le don de sa vie en vue de notre salut est la nouveauté pérenne qui arrache notre vie à la vétusté pour une vie dans l’Esprit. Tout le monde ne trouve pas le trésor ou la perle précieuse. Ce n’est pas non plus tout le monde qui se décide à l’engagement. La troisième parabole vient indirectement insister sur la chance offerte à tous. Le royaume des cieux est avant tout, ouverture de soi et décision à prendre pour donner sens à l’existence humaine.

3. Un mystère d’Amour à scruter… !

Ce sens à notre existence trouve son accomplissement dans la personne du Christ. En Lui nous sommes destinés à retrouver l’image parfaite de Dieu. Le Royaume des cieux, c’est Lui, Christ en qui nous nous sommes et devenons vrais fils. Cette participation à la filiation divine est la gloire de notre justification, gloire qui nous attend.

P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, bibliste

lundi 18 juillet 2011

A CHACUN, SON CHEMIN DANS LA VIE

La vie n'est pas une compétition pour que nous passions tout notre temps à nous comparer aux autres, méprisant ce que nous avons et mourant d'envie et de jalousie pour ceux qu'ils ont de plus que nous. A chacun, son chemin.

dimanche 17 juillet 2011

LE SOUDAN DU SUD INDEPENDANT : LE DEFI ET LES PIEGES


« Bienvenue au Soudan du Sud, bienvenue dans la communauté des nations », tels furent les termes de Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU, accueillant officiellement, le 14 juillet 2011, le 193ème membre de l’Organisation, le Soudan du Sud. En effet, depuis le referendum de janvier 2011, qui s’est soldé par la victoire sans équivoque du « oui » à l’indépendance, le 54ème Etat africain était né, en attendant de proclamer officiellement son indépendance le 9 juillet. C’est la fin d’un feuilleton tragique qui a coûté la vie à plus de deux millions de personnes, transformant plus de 4 millions en réfugiés tentant de survivre désespérément sur les routes du monde.


Plusieurs décennies de guerre civile, plusieurs accords de paix vite remis en cause. Les causes en sont multiples : volonté affichée du Nord majoritairement musulmane d’islamiser le pays entier, imposant à tous, la Shari’a introduite dans le code pénal, refus musclé du Sud (chrétien et animiste) de se laisser faire, contrôle des ressources pétrolifères du Sud, exploitées par les chinois. Le colonel John Garang, le leader charismatique du SPLM/A, la rébellion armée du Sud aura joué un rôle de premier plan avant de mourir, le 30 juillet 2005, au cours d’un accident d’hélicoptère dû au mauvais temps, avec 14 personnes, de retour d’une brève visite au président Ougandais Yoweri Kaguta Museveni, dont le rôle dans les pourparlers de paix n’est plus à souligner.Cet accident intervenait quelque temps après l’entrée triomphale de Garang à Khartoum comme vice-président du Sud.


Depuis l’histoire a porté devant la scène l’actuel président Salva Kiir Mayadit devenu entretemps l’adjoint direct de Garang. Moins charismatique que ce dernier, taciturne et introverti, il est cependant plus orthodoxe et plus rigoureuse dans la gestion financière et l’établissement d’une administration intègre et efficace dans les territoires du Sud. Pour cela, il n’hésitait d’ailleurs pas à s’opposer à Garang, qui comme tout héros, avait son petit côté qui consistait en un gestion paternaliste des ressources moyennant des accords à mains levées avec certaines multinationales. Vive le Soudan du Sud indépendant.


Aux lendemains de l’indépendance


L’analyse du parcours des 50 ans d’indépendance de plusieurs pays africains a désillusionné sur la portée de l’indépendance « acquise » de haute lutte comme c’est le cas du Soudan du Sud ou simplement octroyée. Quelles qu’en soient les conditions, elle n’est jamais une fin en soi. Bien au contraire, c’est le début d’une nouvelle aventure, d’une nouvelle expérience, celle de la liberté qui est loin d’être facile. L’histoire de la marche du peuple d’Israël dans le désert, après la sortie d’Egypte, est très suggestive, à cet égard. Pour revenir au Soudan du Sud, nous dirions que les défis et les pièges sont multiples.


A notre avis, le défi primordial est celui du respect de la mémoire des victimes civiles et militaires. Ce défi, en soi, contient tous les autres. En effet, le respect de la mémoire des millions de victimes impose qu’on ne gaspille pas l’opportunité. Mais qu’on la saisisse pour construire l’avenir des millions d’orphelins et de jeunes détruits à tout point de vue par la guerre. Ce serait trahir gravement la mémoire des victimes que de faire de ce changement notoire l’occasion offerte à quelques uns de satisfaire leur soif de pouvoir et d’opulence sur le dos des pauvres populations, se constituant en îlot de richesse dans une mer de misère absolue. Cela est déjà arrivé de par le passé ! Et c’est pour cela qu’il convient d’éviter un certain nombre de pièges.


Le tout premier réside dans la poursuite des relations conflictuelles avec le Nord. Cela ne rimerait à rien. Il faut pouvoir s’arrêter pour construire la paix. Une amitié avec le Nord vaut mille fois plus que des accords avec les grandes puissances ou les multinationales dont on connait désormais la politique.


Le deuxième piège est la mauvaise gestion des ressources pétrolifères. Ces dernières ont conditionné, pendant des années, le soutien multiforme des « grands amis. » Aujourd’hui, le devoir de reconnaissance ne devra pas sacrifier le bien-être du pays où tout est à construire ou à reconstruire. En effet, il ne suffit pas d’avoir les ressources pour être riche. Et de plus, le contrôle de ses ressources a toujours poussé les multinationales à souffler aussi bien le chaud que le froid ; d’où la vigilance.


Le troisième piège est le modèle de développement à choisir. Le développement ne doit pas être conçu seulement sur le modèle de la croissance économique. Il doit être d’abord humain et s’inscrire dans le temps. Du coup, le plus important aujourd’hui est de construire la conscience d’appartenir à un Etat qui doit prendre en main son destin. L’apport extérieur n’est pas philanthropique et ne remplacera jamais l’effort national.
Nous le reconnaissons, face à ce défi et à ces pièges, rien n’est d’avance gagné.

samedi 16 juillet 2011

LA PATIENCE DIVINE DÉTRUIT LE MAL… !

XVI DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)
COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
(Sg 12,13.16-19 / Rm 8, 26-27 / Mt 13, 24-43
)


Dans l’effacement et l’humilité se manifeste le Salut de Dieu. A nos vues humaines, le mal semble avoir raison. Les textes de ce jour nous convient cependant, à une autre lecture : dans le bien Dieu se révèle don. Et en situation du mal ou de péché, Il est pardon ; don et pardon qui écrasent le mal.

1. La « vengeance de Dieu » est sa miséricorde !

L’idée d’un Dieu vengeur, destructeur et guerrier s’efface peu à peu de notre imagination et laisse place à l’image d’un Dieu doux et plein de tendresse. L’ Israël de tous les temps se rend bien vite compte que la « vengeance de Dieu » est sa miséricorde. Sa compassion et sa douceur sans limite sont l’espace et le temps de grâce qu’il offre pour parvenir à sa connaissance. Sa Toute puissance et sa force sont au service de son indulgence, de sa justice en somme, de sa Miséricorde. Un trait caractéristique de cette miséricorde est la patience, un laisser-faire qui est confiance et « foi » en l’homme, lui donnant le temps du retour libre et joyeux, victoire du Bien sur le mal.

2. La Puissance dans la patience !

Sa patience dont l’évangile nous présente quelque aspect, nous indique que malgré les crises du moment nous devons regarder au-delà de l’instant présent qui peut nous enfermer dans le cercle de l’immédiat. Il faut donner du temps au temps et laisser croître ensemble zizanie et bon grain jusqu’à la moisson. La justice peut fleurir à côté de toutes sortes d’injustices arrogantes qui croient avoir le dernier mot. Là où Dieu a semé le Bien, l’ennemi par fourberie y a mis aussi du mauvais. L’évangile nous prévient de la grande tentation de vouloir tout de suite opérer l’épuration du mauvais, de l’ennemi… « non répond Jésus, de peur qu’en enlevant l’ivraie, vous arrachiez le blé en même temps. » (Mt 13,29) Le destin final du bon grain sera différent de celui de l’ivraie qui au fil du temps, finira par être brûlée. Dieu a grand respect de notre liberté. L’être-Église n’est pas une vocation à l’élimination des impurs comme c’est le cas dans le pharisaïsme. Mais la recherche d’un vivre ensemble conscient des limites (et pourquoi pas des péchés) de chacun en marche vers le Royaume des cieux. Le triomphe apparent du mal ou des forces des ténèbres sera, à la fin, au service de l’exaltation du Bien. L’omnipotence de Dieu se déploie dans l’effacement. C’est le mystère de l’humilité de Dieu que seul l’Esprit nous fera connaître.

3. L’Esprit Saint est au secours de notre faiblesse !

Notre marche vers le Royaume des cieux n’est pas un triomphalisme mondain. Elle est une vie humble de communion à travers l’acceptation des tribulations d’ici-bas dans l’espérance du jour de Dieu, gloire à-venir. L’Esprit est au secours de notre faiblesse et nous rassure que ce qui, dans la foi, semble trop modeste pour être vrai et réel n’est pas pour cela insignifiant. Notre persévérance dans la communion à la patience divine sera notre victoire.

P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO

samedi 9 juillet 2011

LA PAROLE QUI FÉCONDE NOTRE TERRE … !

XV DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)
COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
(Is 55, 10-11 / Rm 8, 18-23 / Mt 13, 1-23 )


L’Évangile est bonne nouvelle de la puissance de salut pour le monde. Mais notre manque de foi, et tant de sols pierreux et rocheux l’empêchent de nous illuminer. Le mal cependant, ne peut emprisonner le Bien. La Parole de Dieu finit par vaincre et, comme la pluie, elle inonde la terre et la fait germer de gloire éternelle.

1. Parole qui libère !

Israël est encore et toujours sous le douloureux fardeau de l’esclavage de l’exil en Babylone. Le prophète lui annonce la fin imminente de la souffrance. En Dieu, parole et action sont liées. La matérialité des images de la pluie, la neige, terre, renvoie à la réalité symboliquement signifiée de la vitalité de la Parole, son efficacité et sa puissance novatrice. Elle produit ce pourquoi Dieu l’a envoyée. Elle est créatrice et génératrice de salut. Elle féconde la vie de qui l’accueil et la met en pratique et provoque une décision et un choix : le choix de Dieu qui libère de l’exil des confusions et de tout esclavage pour donner sens à notre histoire personnelle et à celle du monde.

2. Parole qui résiste au mal !

L’action de semer est celle de Dieu qui de nouveau vient à son peuple. Il vient malgré tout refus de son amour et toute situation de crise. Sa fidélité n’a jamais fait défaut. Le refus de l’homme de cheminer avec Dieu ou le mal en nos cœurs n’empêche pas le don de la grâce et de la fécondité du verbe. Qui n’accueille pas la proposition de salut n’est pas rejeté. C’est d’abord à lui ou à elle que s’adresse la parabole, langage humain par lequel le Seigneur fait une analyse profonde de notre condition humaine nous faisant toucher du doigt la nécessaire purification de notre liberté. Par la parabole, Il nous arrache aux illusions de valeurs de ce monde et nous ouvre aux germes du Règne de Dieu. La simplicité des images d’une parabole provoque un exercice de discernement de nos résistances personnelles à la lumière de la Parole : tentations d’errer au bord de tous chemins se laissant emporter au gré de tous vents et opinions contraires…, tentation d’être sol pierreux ou pleines de ronces d’orgueil croyant que seuls suffisent notre avoir et savoir pour tout pouvoir. Quand ces tentations sont vaincues par l’ouverture de soi à la puissance de la Parole, ces quatre types de terrains (-terre ensemencée au bord du chemin, -sol pierreux, - semence tombée dans les ronces, -bonne terre) peuvent devenir des niveaux d’écoute de la Parole qui culminent avec la grâce et notre collaboration à être bonne terre de l’évangile qui produit de bons fruits pour la gloire de Dieu.

3. Parole de victoire et de vie éternelle !

Cette gloire à-venir sera la victoire de Dieu, victoire de sa Parole sur la loi du péché et de la mort. Le monde présent vit une situation de vive tension. Il est comme plus assujetti parce qu’elle vit loin de la Parole. Seule la Parole de Dieu arrache de la corruption pour une vie de lumière. Paul insiste en disant que les souffrances et douleurs du temps présent ne menacent en rien cette vie éternelle qui nous attend. La « victoire » du mal n’est qu’apparente et artificielle. Le Bien reste caché pour mieux éclore. Le Bien du Verbe de Dieu finit par vaincre. Notre collaboration à cette victoire est impérative : apprendre à lire gratuitement les écritures dans la Bible pour mieux accueillir, écouter et prier Dieu de Jésus-Christ qui nous parle.

P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, bibliste.

lundi 4 juillet 2011

Crise libyenne : qui gagne ?

Eu égard à l'ampleur des destructions causées par la violence des combats, la reconstruction de la Libye prendra du temps. De même, l'Europe ne pourrait réellement tirer profit de la ruine d’un Etat aussi proche et aussi stratégique.

Les récentes coupes du monde de football nous ont donné une leçon : il n’y a plus de petites équipes. Si autrefois, il était possible de prédire avec certitude l’issue d’un match entre l’Italie et le Bénin, aujourd’hui, il faut être prudent et attendre. Tout dépend… De la même perspective, il n’y a plus de petit pays ni de petite guerre. Tout dépend… Dans notre article « Crise libyenne : les occidentaux ont peur de Kadhafi III » du 19 mars 2011, alors même que venait de commencer la mise en application des résolutions 1970 (embargo sur les armes) et 1973 (autorisation du recours à la force) des Nations unies, nous nous interrogions en ces termes sur l’issue de l’opération : «A quoi pourrait-on s’attendre en Libye quand l’on connait le caractère belliqueux du colonel et des héritiers au trône qui voient leur espérance voler en fumée ? Ne s’acheminerait-t-on pas vers un schéma à l’irakienne, à l’afghane ou à la somalienne ? Aucune hypothèse ne pourrait être écartée au point où nous en sommes. La précaution diplomatique française pour inclure la Ligue arabe, la nature précise de l’intervention militaire qui ne doit pas tourner à l’occupation, ne sont pas des gages sûrs. Seul le terrain commande et l’avenir nous renseignera mieux. »

Après plusieurs mois, pas de solution en vue

Eu égard à la précipitation qui a entouré le déclenchement de l’opération, on avait toutes les raisons de douter de son efficacité. Les schémas irakien, somalien ou afghane évoqués ne semblent pas visiblement servir de leçon aux occidentaux bien enfermés dans leur lecture de la politique mondiale et dans leurs schémas de résolution des crises. Aujourd’hui, plus de trois mois après, toujours pas de solution en vue. Qu’on le veuille ou non, le colonel aura « résisté » face aux plus grandes nations du monde coalisées contre lui, dans une guerre aux mobiles peu clairs. L’article de Jean-Paul POUGALA, directeur de l’institut des études géo-stratégiques et professeur de sociologie à l’université de diplomatie de Genève, qui a longuement circulé sur le net, a apporté des informations complémentaires sur les dessous de la crise libyenne. La méthode occidentale de gestion de la crise libyenne offre aujourd’hui au colonel Kadhafi l’occasion de s’auto-lister parmi les leaders du continent qui, par le passé, ont bravé, au prix de leur vie, l’impérialisme, la colonisation, l’assujettissement de leurs peuples… même s’ils ont toujours fini par être vaincus grâce, - il faut le souligner - à la complicité de leurs frères africains. La facture de la guerre, allant au-delà des prévisions, les discordes se font jour dans les rangs des alliés qui ne blaguent pas avec la bourse et qui doivent rendre compte à leur opinion publique de plus en plus hostile à la guerre comme solution aux problèmes. A donner le ton, les américains, suivis par les italiens… A vrai dire, cette guerre commence par durer et lasser l’opinion internationale.
Mais au-delà de l’impasse actuelle, c’est l’avenir de ce pays africain, l’un des rares à avoir un niveau de développement appréciable, qui nous intéresse. Avec ou sans Kadhafi (nul n’est éternel), que deviendra le vivre ensemble quand, après les médicaments, des armes dites « d’auto-défense » sont larguées sur les territoires rebelles alors qu’un embargo sur les armes frappe le territoire libyen et non seulement le gouvernement de Tripoli ? De l’autre coté du front, les pro-Kadhafi ont adopté la même stratégie, distribuer les armes aux civils. Comment retourner après la crise à une vie normale ? La France habituée aux subtilités diplomatiques, a tenté de justifier cet acte devant la Russie (la Russie avec la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et tous les autres pays émergents s’oppose à l’ingérence des puissances occidentales dans les affaires des pays tiers) et pense certainement avoir convaincu. Mais le vrai problème est qu’on ne sait plus quoi faire pour sortir de l’impasse.

Devant le tribunal de l’histoire…

Comment expliquer demain, devant le tribunal de l’histoire, qu’on ait aidé des civils armés mais non entrainés, à aller combattre une armée régulière au prix de nombreux morts et blessés ? Les pauvres populations soumises à la psychose permanente des « pluies de bombes » - plus fréquentes que celles de médicaments et de nourriture,- avec les victimes collatérales ne savent plus à quel saint se vouer, entre un passé (avec peu ou pas de liberté) devenu meilleur face à l’enfer du présent et un avenir incertain. Les infrastructures détruites, la cohésion sociale mise à mal, l’économie au ralenti, les caisses de l’Etat mises à contribution pour la guerre au lieu du développement, la ruine de ce pays est désormais un fait. En plus, cet Etat (dirigé par l’un ou l’autre des protagonistes de la crise actuelle) devra demain, non seulement se reconstruire dans les conditions qu’il n’aura pas forcément choisies, mais ne manquera pas d’honorer aussi les factures de ceux qui aident et soutiennent aujourd’hui l’une ou l’autre des deux parties en face. La reconstruction prendra du temps.


Les répercussions sur l'Europe

De toute évidence, l’Europe ne pourrait réellement gagner dans la ruine d’un Etat aussi proche et aussi stratégique. Toute la main d’œuvre nord-africaine ou subsaharienne qu’employait la « Lybie d’hier », se déverse aujourd’hui, via l’Italie, sur l’Europe déjà en mal de travail pour sa propre jeunesse. Cette immigration via mer, quelles que soient les mesures prises, ne s’arrêtera pas dans les prochains mois, aggravant au passage, les problèmes sociaux de l’Europe. Finalement qui gagne dans cette crise ? Personne… La vraie solution aux problèmes humains n’a jamais résidé dans le crépitement des armes et la violence. Il faut beaucoup de temps pour que les décideurs le comprennent.

samedi 2 juillet 2011

L’HUMILITÉ QUI NOUS SAUVE … !

XIV DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)
COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
(Za 9, 9-10 / Rm 8, 9.11-13/ Mt 11, 25-30 )


Sans peut-être le vouloir, le monde moderne octroie peu de chance et d’espace aux faibles, aux petits et aux pauvres... On exalte plus les prouesses politiques et économiques, scientifiques et sportives et le nombre des laissés pour compte ne cesse d’accroître. Cette tentation ne manque pas aussi de guetter l’Eglise… La révélation divine au contraire, s’adresse aux tout-petits c’est-à-dire à ceux qui s’ouvrent à Dieu.

1. D’ un roi humble et juste vient la paix !

La foi naît et grandit dans l’humilité, la pauvreté et la simplicité d’un cœur qui se rend disponible à la grâce. L’enfermement de soi et le refus de l’autre et du Tout-Autre, viennent de l’orgueil, de notre arrogance et présomption d’autosuffisance. En pleine domination des Perses, le prophète Zacharie chante l’espérance d’une délivrance de la Judée qui verrait le jour à travers un roi juste, pacifique, humble et victorieux. Toute domination humaine est éphémère et seul YHWH est capable de redonner liberté et dignité à son peuple. Dans l’humilité, Dieu se révèle. Il combat pour nous et nous comble de tous bienfaits. Les savants et les sages de ce monde recherchent au contraire un dieu savant et fort oubliant que « Le salut d'un roi n'est pas dans son armée, ni la victoire d'un guerrier dans sa force…» (Ps 33,17) Les pauvres et les petits (qui d’ailleurs ne sont pas moins intelligents et forts que les premiers) découvrent cette sagesse divine dans les humbles traits de souffrance du Christ sur la croix. Ils mettent leurs forces et espoir humains en Christ, le Serviteur juste qui fera justice.

2. Venez à moi vous tous qui peinez !

Le mystère de l’humilité du Christ sur la croix est l’origine de notre véritable identité et celle de l’Eglise. C’est en Lui que notre humaine et fragile condition entre définitivement en communion avec Dieu-Père. C’est encore par ce sacrifice que nous avons part au banquet de l’amour, d’un amour familial, amour du Père ou de la Mère pour les fils et filles. La sagesse a bâtit la maison et a dressé la table pour les humbles de la terre qui ont reconnu et accueilli sa Parole. Le fardeau devient léger, christ libère du poids légaliste que nous impose notre société. Il nous demande de l’imiter, de vaincre l’homme charnel qui gît en nous pour devenir par grâce, ce qu’Il est par nature.

3. L’humilité fait vivre en Esprit !


Paul est clair : celui qui vit dans la chair est exclusivement orienté vers les plaisirs de cette terre et en devient esclave : « ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu !» (Rm 8,8) Les sages et les savants de ce monde et tous ceux qui comptent seulement sur les prouesses d’ici-bas sont emprisonnés dans les œuvres de la chair. La vie selon la chair conduit inéluctablement à la mort. Seul l’Esprit Saint fait de nous des humbles et des petits, dignes héritiers du Royaume des cieux.

P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, bibliste.