Il vient de subir un démenti cinglant, ce dicton africain qui veut « qu’aucun autre arbre ne pousse et ne
grandisse sous le baobab. » Ce dicton bien adapté à l’époque de la
monarchie où le roi ne connaît son successeur que d’outre-tombe et où tout
prétendant trop pressé de prendre le pouvoir ne parvenait plus au trône, semble
gravé dans le subconscient de certains chefs d’Etat africains. Par cet échec
conclusif dont il aurait pu se passer, le
président Abdoulaye Wade aura appris, malgré lui, que les temps ont changé et que personne ne saurait arrêter la roue de l’histoire.
Il a toutefois le mérite d’avoir vite reconnu sa défaite en félicitant son
rival.
L’histoire du président Wade et de son successeur s’apparente bien à l’arbre qui voudrait
pousser sous le baobab. Premier ministre tombé en disgrâce, il aura franchi tous les obstacles dressés sur son
chemin avant d’aboutir aux félicitations de celui qui aurait dû être son
parrain et maintenant, son meilleur conseiller, tenant ainsi quelques ficelles
du pouvoir pour la gestion de son héritage politique. Mais hélas ! L’aveuglément
du pouvoir, la logique des courtisans ne
voyant pas plus loin que leurs intérêts immédiats en auront décidé autrement.
Se croyant le seul capable de conduire les destins du Sénégal dans les
circonstances actuelles, le président Wade aura la bonne surprise d’écouter un
autre président tant il est vrai qu’il n’y a pas d’indispensable sur cette
terre.
Le mérite de cette bonne nouvelle venant de l’Afrique revient naturellement
au peuple sénégalais. Les meilleurs constitutionnalistes commis à la tâche de
trouver les mécanismes pour sauter les verrous du fameux article limitant le
nombre de mandats à deux, les stratégies
de communication visant à déstabiliser tous les candidats en face, les
gigantesques moyens déployés dans la campagne électorale auront été impuissants
face à la détermination d’un peuple désireux de
vivre le changement. Bravo à l’opposition qui a pu s’unir contre la candidature jugée par elle, anticonstitutionnelle
du président sortant.
L’histoire politique du continent africain vient d’enregistrer une énième
fois l’avertissement qu’il faut savoir quitter les choses avant qu’elles ne
vous quittent. Abdoulaye Wade passera la main, non à un dauphin, mais à un rival.
C’est un signal fort pour tous les présidents ayant quelque velléité de sauter
la limitation des mandats présidentiels, même si chaque peuple a son histoire.
Mais à y voir de près, l’onde de choc du printemps arabe a certainement
joué dans la détermination des jeunes qui ont beaucoup contribué à la victoire
de Macky Sall. En réalité, ce n’est pas une vision de la société qui a triomphé
sur l’autre puisque les deux candidats du second tour sont tous des libéraux, à
des nuances près. Mais les jeunes
africains sont de plus en plus hostiles au pouvoir éternel et à l’immobilisme
politique ; c’est une donnée qu’il
faut désormais prendre en compte. La situation socio-économique aggravée par le
fort taux de chômage des jeunes n’est pas de nature à favoriser l’acceptation
du statu quo. Les violences et les morts entre 6 et 15 morts ont creusé le
désir du changement. Enfin, la rhétorique arrogante du pouvoir en place
prédisant le « K.O » dès le premier tour, n’a fait qu’exaspérer la
détermination des opposants et de la société civile créant la psychose de la
fraude massive comme dans d’autres pays. La réaction a été la vigilance extrême
que l’on a pu observer lors des deux scrutins dont l’exemplarité montre que les
élections calamiteuses ne sont pas une fatalité en Afrique.
Dans tous les cas, le peuple sénégalais aura envoyé au monde un message
démocratique qui honore tous les africains, après la triste nouvelle du Mali
qui nous a rappelé ces jours-ci un passé qu’on croyait révolu, celui des « juntes
militaires » et de leur rhétorique classique « … suspendu jusqu’à
nouvel ordre… »
Mais le plus dur va peut-être commencer maintenant pour Macky Sall ;
en effet, en politique, il plus facile de s’unir contre que de s’unir pour. Le
grand défi est de répondre aux préoccupations des sénégalais en faisant chanter
à défaut de l’unisson, tout au moins de façon harmonieuse le choeur de tous les artisans de la présente
victoire. Ce ne sera pas une mince affaire.
P. Eric Oloudé OKPEITCHA
J'ai aimé la réflexion. Mon premier commentaire est parti par erreur de manipulation. Il se résume en ces points: je ne crie pas encore victoire. L'Afrique n'a pas de traditions politiques, économiques, ecclésiales et nous les Africains nous ne semblons pas vouloir en créer pour le bien-être (vie et survie) de nos communautés politiques ou ecclésiales. Je ne serais pas étonné que Macky Sall ne veuille pas laisser le pouvoir le moment venu ou qu'il se mette à changer la constitution à des fins égoistes. C'est la nouvelle tradition politique en Afrique, après celle des coups d'état que l'on croyait révolue et celle,parrainée par les instances internationale de négociations, des partages de pouvoir après les élections dont les résultats sont discutés, les armes à la main.
RépondreSupprimerBelle réflession. Pour agrémenter ce grand débat ouvert sur la politique en Afrique, je voudrais seulement apporter une pincée de sel, urine d'écureuil dans l'ocean, mais goutelettes ajoutéés qui augmente la quantité du liquide marain de quelque ml.
RépondreSupprimerA l'ère de la globalisation, les peuples africains se réveillent politiquement et étonnent parfois les pays qualifiés de grandes puissances, non seulement parce-que économiquement robustes, mais ausi parce-que politiquement stables.
Ce réveil mème si il est tardif, est de toute façon salué de près ou de loin par les esprits éclairés, dignes fils du continent de l'espérance, je nomme bien l'AFRIQUE.
Et si l'Afrique se réveille vraiment, la terre entière tremblera.En réalité, notre continent est capable de l'impensable et de l'imaginable si la politique des Etats qui le forme cesse d'ètre pensée dans des laboratoires occidentaux comme un vètement tout cousu que le berceau de l'humanité doit porter.
Le second point de ma pauvre réflession porte sur les Africains eux- mèmes. Nous devons cesser de faire le procès de l'Occident et penser réellement à notre devenir responsable. Le manque de responsabilité et de Leadership patriotique dans nos divers Etats est le virus qui ronge et fragilise le continent regorgé d'énormes ressources juste à savoir gérer avec une vision claire et transparente qui vise le développement au pluriel et la prospérité partagé.
Malheureusement, beaucoup de nos ainés Chefs d'Etats manquent de cette visione politique du développement au pluriel et continuent de diriger et gérer le continent comme une propriété privée. Ils n'ont pas hontes de la mauvaise gouvernance et gestion qu'ils font des Nations, pour démissionner comme ailleurs dans d'autres cultures. Et quand nous voulons les aider à démissionner, ils préfèrent s'éterniser au pouvoir et finalement le pouvoir les abandonne avec honte au visage.
La nouvelle "mode" ou "civilisation" disons "phénomène présidentiel" qu'ils ont trouvé pour mourir au pouvoir consiste dans le changement de la constitution vers la fin de leur dernier mandat. Or l'Afrique a besoin d'anciens présidents, vraix sages illuminés qui sont arrivés au pouvoir avec des honneurs, mais qui ont aussi laissé au temps opportuns le pouvoir sans honte au visage.
S'il y a un dernier élément à ajouter, c'est d'envoyer un signal fraternel aux puissances étrangères, message d'une Afrique unie et réconciliée, afin qu'ils arrètent de manipuler nos dirigents contre nos peuples et contre notre développement, pour des intérèts égoistes et éphémères.
MK