lundi 26 mars 2012

ELECTIONS PRESIDENTIELLES 2012, LE PEUPLE SENEGALAIS A TRANCHE...


          Il vient de subir un démenti cinglant, ce dicton africain qui veut « qu’aucun autre arbre ne pousse et ne grandisse sous le baobab. » Ce dicton bien adapté à l’époque de la monarchie où le roi ne connaît son successeur que d’outre-tombe et où tout prétendant trop pressé de prendre le pouvoir ne parvenait plus au trône, semble gravé dans le subconscient de certains chefs d’Etat africains. Par cet échec conclusif  dont il aurait pu se passer, le président Abdoulaye Wade aura appris, malgré lui, que les temps ont changé et  que personne ne saurait arrêter la roue de l’histoire. Il a toutefois le mérite d’avoir vite reconnu sa défaite en félicitant son rival.

L’histoire du président Wade et de son successeur  s’apparente bien à l’arbre qui voudrait pousser sous le baobab. Premier ministre tombé en disgrâce, il aura  franchi tous les obstacles dressés sur son chemin avant d’aboutir aux félicitations de celui qui aurait dû être son parrain et maintenant, son meilleur conseiller, tenant ainsi quelques ficelles du pouvoir pour la gestion de son héritage politique. Mais hélas ! L’aveuglément du pouvoir, la logique des courtisans  ne voyant pas plus loin que leurs intérêts immédiats en auront décidé autrement. Se croyant le seul capable de conduire les destins du Sénégal dans les circonstances actuelles, le président Wade aura la bonne surprise d’écouter un autre président tant il est vrai qu’il n’y a pas d’indispensable sur cette terre.

Le mérite de cette bonne nouvelle venant de l’Afrique revient naturellement au peuple sénégalais. Les meilleurs constitutionnalistes commis à la tâche de trouver les mécanismes pour sauter les verrous du fameux article limitant le nombre  de mandats à deux, les stratégies de communication visant à déstabiliser tous les candidats en face, les gigantesques moyens déployés dans la campagne électorale auront été impuissants face à la détermination d’un peuple désireux de  vivre le changement. Bravo à l’opposition qui a pu s’unir contre la candidature jugée par elle, anticonstitutionnelle du président sortant.

L’histoire politique du continent africain vient d’enregistrer une énième fois l’avertissement qu’il faut savoir quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent. Abdoulaye Wade passera la main, non à un dauphin, mais à un rival. C’est un signal fort pour tous les présidents ayant quelque velléité de sauter la limitation des mandats présidentiels, même si chaque peuple a son histoire.

Mais à y voir de près, l’onde de choc du printemps arabe a certainement joué dans la détermination des jeunes qui ont beaucoup contribué à la victoire de Macky Sall. En réalité, ce n’est pas une vision de la société qui a triomphé sur l’autre puisque les deux candidats du second tour sont tous des libéraux, à des nuances près. Mais  les jeunes africains sont de plus en plus hostiles au pouvoir éternel et à l’immobilisme politique ;  c’est une donnée qu’il faut désormais prendre en compte. La situation socio-économique aggravée par le fort taux de  chômage  des jeunes n’est pas de nature à favoriser l’acceptation du statu quo. Les violences et les morts entre 6 et 15 morts ont creusé le désir du changement. Enfin, la rhétorique arrogante du pouvoir en place prédisant le « K.O » dès le premier tour, n’a fait qu’exaspérer la détermination des opposants et de la société civile créant la psychose de la fraude massive comme dans d’autres pays. La réaction a été la vigilance extrême que l’on a pu observer lors des deux scrutins dont l’exemplarité montre que les élections calamiteuses ne sont pas une fatalité en Afrique.  

Dans tous les cas, le peuple sénégalais aura envoyé au monde un message démocratique qui honore tous les africains, après la triste nouvelle du Mali qui nous a rappelé ces jours-ci un passé qu’on croyait révolu, celui des « juntes militaires » et de leur rhétorique classique « … suspendu jusqu’à nouvel ordre… »

Mais le plus dur va peut-être commencer maintenant pour Macky Sall ; en effet, en politique, il plus facile de s’unir contre que de s’unir pour. Le grand défi est de répondre aux préoccupations des sénégalais en faisant chanter à défaut de l’unisson,  tout au moins  de façon harmonieuse le choeur de  tous les artisans de la présente victoire. Ce ne sera pas une mince affaire.
P. Eric Oloudé OKPEITCHA


2 commentaires:

  1. J'ai aimé la réflexion. Mon premier commentaire est parti par erreur de manipulation. Il se résume en ces points: je ne crie pas encore victoire. L'Afrique n'a pas de traditions politiques, économiques, ecclésiales et nous les Africains nous ne semblons pas vouloir en créer pour le bien-être (vie et survie) de nos communautés politiques ou ecclésiales. Je ne serais pas étonné que Macky Sall ne veuille pas laisser le pouvoir le moment venu ou qu'il se mette à changer la constitution à des fins égoistes. C'est la nouvelle tradition politique en Afrique, après celle des coups d'état que l'on croyait révolue et celle,parrainée par les instances internationale de négociations, des partages de pouvoir après les élections dont les résultats sont discutés, les armes à la main.

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  2. Belle réflession. Pour agrémenter ce grand débat ouvert sur la politique en Afrique, je voudrais seulement apporter une pincée de sel, urine d'écureuil dans l'ocean, mais goutelettes ajoutéés qui augmente la quantité du liquide marain de quelque ml.
    A l'ère de la globalisation, les peuples africains se réveillent politiquement et étonnent parfois les pays qualifiés de grandes puissances, non seulement parce-que économiquement robustes, mais ausi parce-que politiquement stables.
    Ce réveil mème si il est tardif, est de toute façon salué de près ou de loin par les esprits éclairés, dignes fils du continent de l'espérance, je nomme bien l'AFRIQUE.
    Et si l'Afrique se réveille vraiment, la terre entière tremblera.En réalité, notre continent est capable de l'impensable et de l'imaginable si la politique des Etats qui le forme cesse d'ètre pensée dans des laboratoires occidentaux comme un vètement tout cousu que le berceau de l'humanité doit porter.
    Le second point de ma pauvre réflession porte sur les Africains eux- mèmes. Nous devons cesser de faire le procès de l'Occident et penser réellement à notre devenir responsable. Le manque de responsabilité et de Leadership patriotique dans nos divers Etats est le virus qui ronge et fragilise le continent regorgé d'énormes ressources juste à savoir gérer avec une vision claire et transparente qui vise le développement au pluriel et la prospérité partagé.
    Malheureusement, beaucoup de nos ainés Chefs d'Etats manquent de cette visione politique du développement au pluriel et continuent de diriger et gérer le continent comme une propriété privée. Ils n'ont pas hontes de la mauvaise gouvernance et gestion qu'ils font des Nations, pour démissionner comme ailleurs dans d'autres cultures. Et quand nous voulons les aider à démissionner, ils préfèrent s'éterniser au pouvoir et finalement le pouvoir les abandonne avec honte au visage.
    La nouvelle "mode" ou "civilisation" disons "phénomène présidentiel" qu'ils ont trouvé pour mourir au pouvoir consiste dans le changement de la constitution vers la fin de leur dernier mandat. Or l'Afrique a besoin d'anciens présidents, vraix sages illuminés qui sont arrivés au pouvoir avec des honneurs, mais qui ont aussi laissé au temps opportuns le pouvoir sans honte au visage.
    S'il y a un dernier élément à ajouter, c'est d'envoyer un signal fraternel aux puissances étrangères, message d'une Afrique unie et réconciliée, afin qu'ils arrètent de manipuler nos dirigents contre nos peuples et contre notre développement, pour des intérèts égoistes et éphémères.
    MK

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