samedi 30 avril 2011

Jeunesse africaine, lève-toi !: LA VIE DU RESSUSCITÉ EN NOUS !

Jeunesse africaine, lève-toi !: LA VIE DU RESSUSCITÉ EN NOUS !

LA VIE DU RESSUSCITÉ EN NOUS !




DEUXIÈME DIMANCHE DE PÂQUES (A)
COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
(Ac 2,42-47/ 1 P 1,3-9 / Jn 20,19-31 )


L’évangile que nous lisons ce dimanche, met ensemble 2 épisodes : l’apparition de Jésus à ses disciples et le face à face spécial entre Jésus et Thomas. Ces 2 récits sont en réalité liés par le don de soi du Ressuscité révélant ainsi que, l’une des plus grandes victoires en nous de sa Passion-Mort-Résurrection, est sa présence agissante bien au-delà de nos expériences humaines immédiates où nous avons tendance à l’enfermer. La vie en Eglise et la rémission des péchés sont deux éléments fondamentaux de cette présence pérenne en nous du Ressuscité.

1. L’Église, lieu de communion avec Ressuscité

De la résurrection du Christ est née l’Eglise, communauté des apôtres, des disciples et de tous chrétiens jadis emmurés dans le sépulcre de la peur. Le Ressuscité vint et se tint au milieu de cette communauté et lui infuse la force de l’Esprit. L’auteur des Actes des Apôtres indique la fidélité à l’enseignement des témoins du Christ, la prière, la célébration de l’eucharistie et la vie de communion (koinonia) comme actes qui fondent et actualisent au quotidien, la présence victorieuse du Christ. Il ne s’agit donc pas d’un quelconque désir d’être ou de vivre ensemble mais d’un appel à faire communauté de foi consacrée par le Ressuscité lui-même qui agit et continuera d’agir. C’est pleinement en Eglise qu’on jouit de la victoire de la Résurrection et du don de son pardon.

2. La Rémission des péchés

L’apparition du Ressuscité au milieu des disciples enfermés est le signe que le chemin de Pâques ne finit pas avec la mort de Jésus et que la résurrection n’est pas l’acte ponctuel d’un passé qui prend fin un matin ou un soir. Elle inaugure, au contraire, le jour nouveau et le nouveau cheminement spirituel où Christ Verbe de Dieu s’incarne dans la foi des disciples rassemblés, dans l’évangile du salut célébré et annoncé à tous les peuples. Tout comme Dieu à la création de l’Homme (Gn 2,7), Jésus souffla sur les disciples rassemblés et leur fait don de sa vie, don de l’Esprit saint, signe de cette nouvelle humanité et nouvelle création que l’administration dans le temps et dans l’espace de ce don de sa Paix et de la rémission des péchés par les disciples, rendra toujours possible et présente. Ce sacrement du pardon des péchés, est l’acte divin de la « régénération » de notre identité chrétienne et de notre foi.

3. La foi se vit en communauté

La foi en la résurrection du Christ n’a pas été aussi facile pour les disciples. Et l’expérience de Thomas semble un échec de l’annonce pascale par les autres frères. Mais son désir était de pouvoir dire comme les autres, « Il m’est apparu à moi aussi ! » (1 Co 15,8). Son expérience de foi peut être dite celle du « voir » pour comprendre et du « comprendre » pour croire et se laisser davantage saisir par le Christ. Mais le danger de la non acceptation du témoignage des frères nous expose à l’isolement dont Christ seul peut nous en guérir. A Thomas, Jésus répond : « ne sois pas incrédule mais croyant ». On ne naît donc pas croyant ou incroyant. On le devient. Jésus réserve une béatitude particulière à nous qui ne l’avons pas vu mais qui avons foi en sa Parole. C’est notre victoire en Christ !

Père Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, Bibliste.

jeudi 28 avril 2011

Rien de plus paralysant que le doute de soi

Le doute de soi paralyse l'intelligence et la raison, crée un malaise profond dans l'homme et surtout le jeune pour enfin le projeter sur l’autoroute de l’auto-destruction.

"Le doute de soi n’est pas l’humilité, je crois même qu’il est parfois la forme la plus exaltée, presque délirante de l’orgueil, une sorte de férocité jalouse qui fait se retourner un malheureux contre lui-même, pour se dévorer. Le secret de l’enfer doit être là."

Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne (1936), Paris, Plon, 1974, pp.264-265

mercredi 27 avril 2011

Côte d’Ivoire, vers une « justice des vainqueurs » ?

« Les nouvelles autorités ivoiriennes annoncent l’ouverture des enquêtes préliminaires sur les massacres et autres crimes commis par le camp Gbagbo. Mais, il faut absolument redouter une « justice des vainqueurs » unilatérale, sommaire et émotive. C’est un fait, le démon mal exorcisé revient plus fort. »


Dans un pays qui se remet difficilement de son cauchemar, les nouvelles autorités ivoiriennes annoncent l’ouverture des enquêtes préliminaires sur les massacres et autres crimes commis par le camp Gbagbo en vue d’éventuels procès. Cette démarche, somme toute normale, pourrait se comprendre dans la mesure où l’on ne saurait laisser ou confier aussi facilement à la poubelle de l’histoire, la mort tragique de milliers de personnes prises au piège par le rouleau compresseur de la passion et de la violence, sans compter les victimes indirectes (personnes âgées ou malades restées sans soins, faute de pouvoir se déplacer). Mais, il faut absolument redouter une justice des « vainqueurs » comme l’histoire contemporaine en regorge aux lendemains des grands conflits.


Qu’il nous souvienne, aux lendemains de la première guerre mondiale, l’Allemagne est jugée seule responsable. Sous la forte influence de Clémenceau et de Wilson, le Traité de Versailles impose à l’Allemagne de perdre 1/7 de son territoire, 10% de sa population avec des clauses financières et militaires énormes. Quelques années plus tard, Hitler avait beau jeu de remettre en cause cet état des choses. La suite, on la connait avec les atrocités épouvantables de la seconde guerre mondiale. Encore une fois, des vainqueurs et une vaincue, l’Allemagne nazie. Le 1er octobre 1946, c’est le verdict du tribunal des vainqueurs à Nuremberg ; sont accusés plusieurs dignitaires du IIIème Reich, Martin Bormann, Hans Franck, Wilhelm Frick et compagnons. De toute évidence, les vainqueurs ont jugé les vaincus. Mais certains vainqueurs auraient pu être sur le banc des accusés pour les mêmes crimes. Qui a pu pointer du doigt les déportations massives, les exécutions sommaires systématiques de soldats et de civils, les viols et autres pillages des populations libérées observées dans le camp des vainqueurs ? De cela, l’histoire ne parlera pas jusqu’au jour où la vérité revendiquera son droit de cité. A ce propos, le livre La justice des vainqueurs : de Nuremberg à Bagdad, (2009) de Zolo Danilo est très éclairant. L’auteur y montre, entre autres, la double vitesse du droit international contemporain malgré une apparente impartialité, la justice sur mesure avec impunité absolue garantie pour les atrocités commises par les puissances occidentales dans toutes les guerres menées sous les prétextes bien fallacieux de « protection de populations civiles » ou de « lutte contre le terrorisme » avec la bénédiction des institutions internationales, noble farce et innocente face des vainqueurs du second conflit mondial.


Pour revenir au cas de la Côte d’Ivoire, il faut souhaiter tout simplement que la Justice soit rendue. Cela passe par l’établissement de la vérité des faits depuis les débuts de la rébellion jusqu’aux événements qui ont trouvé leur dénouement le 11 avril 2011. Que les atrocités du camp Gbagbo comme celles de ses opposants, aujourd’hui vainqueurs soient mises en lumière et traités équitablement. En accompagnant la Côte d’Ivoire sur ce chemin très difficile, l’Union africaine et surtout la communauté internationale auraient fait un saut qualitatif et auraient œuvré pour une vraie paix. Le contexte africain, marqué par le poids des entités sociologiques à savoir ethnies, tribus et clans requiert une telle délicatesse pour cicatriser les blessures, guérir la mémoire collective et conjurer les vieux démons de la violence. Tout autre procédé, à savoir une justice unilatérale, sommaire et émotive ne ferait que dresser le lit à de nouveaux conflits dans l’avenir. C’est un fait, le démon mal exorcisé revient plus fort.

mardi 26 avril 2011

JOYEUSES PAQUES A TOUS ET A CHACUN !

Christ est vraiment Ressuscité, Alléluia !!!


Avec Lui, nous sommes invités à sortir


de nos tombeaux remplis de haines,


d’égoïsmes, d’âpreté aux plaisirs mondains


pour accueillir la vie nouvelle


à travers les Saintes Ecritures et l’Eucharistie,


présence du Ressuscité au milieu de nous jusqu’à la fin des temps.
Joyeuses Pâques à tous et à chacun !


Christ est vraiment Ressuscité, Alléluia !!!


Voir la video


VICTOIRE DU RESSUSCITÉ, NOTRE VICTOIRE !



DIMANCHE DE PÂQUES (A)
COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
(Ac 10,34a.37-43/ Col 3,1-4 / Jn 20,1-9 )

Le Nouveau Testament ne décrit pas comment s’est produite la résurrection du Christ. La plupart des écrits - comme Marc - se contentent de la formule passive « Il est ressuscité » (Mc 16,6) mais y ajoutent surtout l’accueil de l’événement par les proches de Jésus indiquant ainsi comment la résurrection du Christ s’ouvre à l’expérience humaine, la pénètre et la transforme.

1. L’Action divine !

La proclamation du message de la résurrection par Pierre se présente aussi comme «l’événement qui s’est produit dans toute la Judée» (Ac 10,36ss). Cet événement est, en réalité, le résultat de l’action de Dieu qu’exprime le passif «Il est ressuscité». De cette action divine, les croyants auront la rémission et le pardon des péchés. L’humanité prise dans son ensemble sera soumise au jugement du Fils de Dieu. En cette puissance divine manifestée, la résurrection du Christ devient pour les disciples ses témoins et pour tous, l’accès à la vie de Dieu, garantie de notre résurrection (1 Co 6,14), notre insertion dans la nouveauté du Christ.

2. La nouvelle création !

Le récit de la passion selon Mathieu lu dimanche dernier, finissait par une note apocalyptique et cosmique au vue de laquelle le Centurion et ceux qui y étaient, ne pouvaient s’empêcher de reconnaître la Seigneurie du Christ. De même, l’événement de sa résurrection détruit les chaînes du passé qui retiennent l’homme captif du péché et de la mort. Le monde présent s’ouvre à cette nouveauté inaugurée par le christ et dans le Christ. L’indication temporelle de l’évangéliste Jean (premier jour de la semaine) est la nette précision de ce passage de nos anciens jours marqués par les ténèbres au Jour de la nouvelle création, Jour où la créature rencontre son Créateur et entre en communion d’amour avec Lui pour un renouvellement sans fin. Conquise par cet amour, Marie Madeleine « court » et fit l’expérience du tombeau vide qui n’est automatiquement pas preuve de résurrection. Pierre et l’autre disciple troublés par la narration de la femme ont constaté que si le corps avait été volé, il l’aurait été avec les autres accessoires. Mais le Ressuscité les illumine. Ils comprennent que sa résurrection dépasse notre expérience humaine immédiate et historique. L’autre disciple « vit et crut ». Le sépulcre vide devient lieu de rendez-vous universel où Dieu en son silence apparent, nous pénètre et nous remplit de la force de sa « présence-absence ». Devant ce vide, l’homme fait l’expérience de l’échec de sa présomption à se sauver lui-même, tourne son cœur et son être vers Dieu. Pierre en sait davantage. Il est devenu protagoniste de l’annonce de la résurrection non pas d’abord parce qu’il est choisi premier d’entre les disciples mais parce qu’il est le premier à avoir fait l’expérience de la fidélité du Christ devant l’infidélité et le reniement de l’homme. La mort et la résurrection du Christ sont advenus pour nous, pour notre salut. En Lui et à travers le baptême nous sommes intérieurement transformés. C’est la victoire du Christ qui nous est communiquée et répandue en nos vies.

3. Les réalités d’en haut !

Nous vivons donc sous les effets de la grâce de sa Résurrection et sommes inséparables de Lui. Sa vie donnée, est sacrifice pour la gloire de l’homme. Entretenir en nous cette gloire et cette nouvelle dignité, exige de nous des devoirs : tendre vers les réalités d’en haut. L’opposition entre terre et ciel, réalité d’en haut et celles d’en bas signifie que la victoire de la résurrection du Christ ne nous pénètre de sa puissance que si nous acceptions de quitter l’ordre de la chair , du vieil homme et du péché pour vivre dans la mouvance de l’Esprit. C’est à cette condition que la victoire du Ressuscité devient notre victoire.

Père Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, bibliste.

samedi 16 avril 2011

PASSION DU CHRIST, VIE ET BONHEUR DE L’HOMME !


DIMANCHE DES RAMEAUX (A) COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES (Is 50, 4-7/ Ph 2,6-11/ Mt 26,14-27,66 )


«…Il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu ! » ( Ph 2,6).


A Noël, les divers récits de la naissance de l’Enfant-Dieu, orientaient déjà notre regard vers le mystère de sa souffrance. Par exemple, la version grecque de la prophétie d’Isaïe (Is 9) utilise entre autre vocabulaire pour désigner Jésus nouveau-né, pais (enfant) terme signifiant à la fois, « fils » et « serviteur ». A Pâques, le mystère de la Passion éclaire ces deux dimensions, Fils envoyé et Serviteur du salut de Dieu accordé à l’humanité dans la fidélité au Père. La narration de Mathieu concentre particulièrement l’attention sur cette fidélité du Christ à Dieu-Père et son amour pour l’homme.


1. Passion du Christ ou valeur de l’obéissance à Dieu !


La vie du Christ souffrant révèle avant tout sa ferme docilité à la volonté du Père. Au cœur du mal de la souffrance Il n’ouvre pas la bouche. II met Dieu au cœur et au centre de tout : « Père,…non pas comme je veux, mais comme tu veux.» (Mt 26,39). Cette obéissance de Jésus fait voir l’unité et la communion profonde entre les personnes divines. L’abandon de soi et la fidélité du Fils au Père dans le drame de la Passion donnent sens et valeur à l’obéissance humaine à la volonté de Dieu : le bonheur et la grandeur ne s’acquièrent que dans notre capacité à rendre Dieu présent dans la vie de tous les jours.


2. Passion du Christ ou l’Histoire d’Amour de Dieu pour l’homme !


En Christ, Dieu se donne. Il accepte de prendre le chemin de l’homme et de la femme d’aujourd’hui et de le parcourir en tout : Il ne recule pas devant le reniement de Pierre, la trahison de Judas, la fuite des disciples, ni devant les flagellations des soldats ou toutes autres formes de dénigrement de son Amour. Pour Dieu, peu importe le mal contre Lui. Aussi, peu importe le mal que nous avons subi ou infligé aux autres ! Dieu n’est préoccupé que de ce que nous sommes. Il nous prend tels et nous relève du mal qui nous défigure. C’est le paradoxe de son Amour : dessaisissement de Lui-même par amour, pour nous communiquer le sens de tout amour.


3. Passion du Christ ou Victoire sur le mal !


La passion du Christ comme Amour donné exprime aussi la solidarité du Fils de l’homme avec les femmes et les hommes qui affrontent le drame de la souffrance et du mal sous toutes ses formes : le sang de l’innocent répandu par orgueil et mensonge ou l’angoisse de la maladie, trouvent dans la souffrance de Dieu, la proximité du Crucifié en personne qui, illumine la douleur et la transforme en vie et résurrection. L’abaissement et l’humilité du Christ traduisent le vrai sens de la gloire, de la richesse et du pouvoir 3 tentations qui périclitent nos sociétés modernes dans les guerres d’intérêts et l’illusion de la présomption de nous sauver par nous-mêmes. Le mal vient surtout de notre refus à accepter nos limites humaines. « Es-tu roi des juifs ? Jésus répond, « tu l’as dit » ! » Une réponse simple et limpide de Jésus qui écrase l’arrogance de l’avoir et du pouvoir pour les faire devenir service, humilité, vérité et justice, seuls gages d’un monde juste où les uns ne se croiront pas plus démocrates que les autres pour la leur imposer par la violence.


4. L’expérience de Pierre : comment vivre aujourd’hui la Passion du Christ ?


Judas et Pierre ont fait chacun à sa manière l’expérience du Christ. Le premier a vendu son maître pour 30 pièces d’argent. Le second l’a renié 3 fois. Tous deux ont péché. Ils ont trahi. Judas s’est donné la mort. Pierre voulait défendre le Christ, mourir pour Lui. Devant la persécution, il a fui. Ce n’est pas nous qui mourons pour Dieu. C’est Lui qui meurt pour nous. Mais Pierre s’est humblement repenti et ses pleurs l’ont introduit dans une nouvelle vision de l’identité vraie du Christ. Les sacrements nous permettent de re-découvrir cette nouveauté de Dieu pour vivre de sa vie.


Père Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, Bibliste.

mardi 12 avril 2011

Crise ivoirienne : la fin du feuilleton !

Lundi 11 avril 2011, Laurent Gbagbo, son épouse et son fils Michel sont arrêtés et conduits à l’hôtel du Golf, quartier général de son rival Alassane Ouattara. Une fin prévisible, étant donné que la situation qui prévalait jusque-là devenait intenable pour les troupes qui s’affrontent mais aussi et surtout pour la population civile privée de tout et qui ne savait plus à quel saint se vouer. Il faut bien attendre pour savoir ce qui s’est réellement passé dans ce pays depuis le soulèvement de la rébellion (qui n’est pas un fait banal) en passant par les divers accords en faveur de la paix, le désarmement chanté ici et là, les « fameuses » élections de novembre 2010, la gestion et la proclamation des résultats, la contestation des résultats par le camp Gbagbo, la reconnaissance unanime de la victoire de Ouattara par la « communauté internationale » les pressions de la CEDEAO et de l’Union africaine, les multiples missions de médiation, la reprise des combats, les divers massacres, la résolution de l’Onu sur la protection des civils et la destruction des armes lourdes de Gbagbo, le retournement de l’ONUCI et des forces Françaises contre celles de Gbagbo, les bombardements du palais présidentiel et l’assaut final qui a connu la participation des forces françaises et celles de l’Onu. Les images sont assez fortes et appellent bien des commentaires. On pourrait se demander qui a finalement vaincu Laurent Gbagbo ? L’issue actuelle est-elle une victoire de son rival Ouattara ? Et le peuple, pauvre peuple ivoirien ?



Il faut bien laisser passer l’euphorie légitime des « vainqueurs » et l’amertume des « vaincus » pour situer les responsabilités, celles des héritiers (Gbagbo, Bédié et Ouattara) du vieux Houphouët Boigny d’une part et celle de la France, ancienne métropole d’autre part. Il faut bien laisser passer le temps pour savoir ce qui s’est réellement passé par-delà la propagande des divers protagonistes et la rhétorique politique, "ils sont mauvais, nous sommes bons"



Mais en attendant, la jeunesse africaine qui vit ces événements de près ou de loin devra apprendre à savoir raison garder en toute chose et surtout savoir s’arrêter à temps. Comme tout excès, le « jusqu’au-boutisme » à tout crin, n’est pas une vertu. On ne peut, tout seul, toujours avoir raison contre tout le monde.



Ensuite, toute l’humanité est embarquée sur le même navire. De même qu’une plaie au pied se fait sentir au niveau de tout l’organisme, de même un pays tisse avec les autres un réseau de relations avec les autres basé essentiellement sur les intérêts. C’est un fait qu’on ne peut nier sous peine de naïveté. Le nationalisme aveugle n’est plus de mise. Le mieux est d’éviter l’ingérence des autres pays dans la résolution de vos problèmes internes.



Que la jeunesse africaine aiguise sa conscience en suivant de près la phase de « reconstruction » qui est, avant tout, celle des « marchands ». Elle commencera bientôt avec le déferlement des hommes d’affaires à la faveur du nouvel ordre politique. L’essentiel pour l’élite africaine de demain est de pouvoir s’inscrire dans une logique de « gagnant-gagnant » dans toutes ces négociations désormais inévitables.

samedi 9 avril 2011

EN DIEU, LA VICTOIRE SUR LE MAL ET LA MORT


5ème DIMANCHE DU TEMPS DE CARÊME (A)

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(Ez 37, 12-14/ Rm 8, 8-11/ Jn 11, 1-45 )



1. Croire en la puissance de l’Esprit qui nous délivre de nos tombeaux !


La vision d’Ezéchiel en première lecture, nous touche dans la réalité historique du retour d’exil du peuple élu. En YHWH, la renaissance et la libération sont bien possibles. Dieu est le Dieu de la vie, de la vie éternelle. L’exil et l’esclavage assimilés aux tombeaux, pire à la mort sont la métaphore du mal ou du péché toujours présent qui ronge l’homme et la femme d’aujourd’hui, les détruit et les conduit, à leur insu, à la mort. Dieu est plus fort que toutes les décompositions et putréfactions humaines. Sa miséricorde, va bien au-delà d’une simple consolation de cœurs attristés et se donne à voir comme Amour actif qui reconstruit et fait renaître dans et par la puissance de son Esprit qui « donne la vie aux morts et appelle le néant à l'existence » (Rm 4,17). En première personne, YHWH Lui-même s’investit et communique son Esprit de Vie. Cette même action d’insuffler l’Esprit (le verbe grec emphysáō = insuffler l’Esprit) se retrouve dans l’évangile de Jean au soir de Pâques. C’est l’Esprit du Seigneur, « Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus des morts » qui fait vivre.


2. Avoir foi en la Passion-Mort et Résurrection du Christ!


La première lecture nous offre la conviction que Dieu n’est pas le Dieu de la mort. Notre vie terrestre bien qu’étant passagère est le lieu de la manifestation de sa gloire. « Nos os sont desséchés, notre espérance est détruite. » (Ez 37,11) La maladie semble avoir raison de nous. Jésus n’arrache pas ses amis à la souffrance et ne les empêche pas de connaître la mort d’ici-bas. Nos infirmités sont donc et doivent être espace de révélation de la gloire de Dieu c’est-à-dire expression de sa puissance. Cette manifestation de la gloire de Dieu en nos vies fait naître la glorification du Fils de l’Homme, sa passion et sa mort : la vie donnée à Lazare provoque la haine des hommes. Ainsi, dans la souffrance du Christ nous avons la vie et l’aurons en abondance. (Jn 10,10). La foi en Christ pour notre vie et notre résurrection, devient nécessaire et incontournable. Marthe fait montre d’une foi titubante, fragile, indécise par rapport à tout ce que Jésus lui disait. Elle accepte bien les paroles du Seigneur mais les interprète à la lumière de la résurrection finale des morts. Non ! Jésus lui montre qu’Il est en sa personne la plénitude de cette résurrection et bien plus, Celui qui seul peut et donne, dans le hic et nunc, la vie. Celui qui croit en Christ passera par la mort et les souffrances mais aura toujours en lui la vie divine grâce à sa foi. La foi de Marthe est encore parsemée de tant de doutes mais en elle-même, cette femme reste humble, ouverte et disponible à la grâce et à l’illumination du Christ. L’humilité du pécheur fait vivre de la vie du Christ, Seigneur de notre résurrection.



3. Rejeter les œuvres de la chair pour vivre de l’Esprit !


Par le retour de Lazare à la vie mortelle de ce monde, le Christ révèle que la victoire sur le mal et sur la mort, ne se produira pas sans notre corps et notre vie précédents. Cette victoire se réalise dans et par notre immersion dans le mystère pascal à condition de ne pas nous laisser à l’impérialisme de la chair. La chair c’est la sphère de nos vils désirs et passions où nous nous posons comme centre et maître absolu de nous-mêmes refusant toute lumière divine. Voici ce que produit la chair : « fornication, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, jalousie, disputes, dissensions, scissions, orgies, ripailles…» (Gal 5,19-21) Le régime de la chair ou celui de l’homme séparé de Dieu, s’oppose ainsi à l’ordre de l’Esprit, celui de l’homme en communion profonde avec Lui. Devenu chrétien nous participons à la vie de l’Esprit par et dans l’œuvre de notre justification par la foi. Et Dieu donnera la vie à nos corps mortels par l’Esprit répandu en nos vies.


Père Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, bibliste.

Crises libyenne et ivoirienne : vers l’enlisement !

Il y a quelques jours, un sommet des alliés s’est penché sur « l’après-Kadhafi » ; peu après le discours à la Nation d’Alassane Ouattara, Paris, par la voix du porte-parole du ministère des affaires étrangères, a déclaré que « l'ère Gbagbo est désormais close et que l'issue est désormais en vue en Côte d’ivoire.» Certains médias occidentaux ont même déjà annoncé la reddition de Gbagbo cette semaine avant de se raviser. Le Figaro a publié ce jour « Abidjan : les pro-Gbagbo regagnent du terrain » En Libye, les insurgés perdent du terrain et en regagnent dans une confusion terrible faite de massacres et de bavures qui finiront par lasser les populations civiles contraintes à vivre au ralenti et qu’on prétendait défendre ou protéger au départ. Si les deux crises ne sont pas pareilles ni comparables, elles ont en commun l’usage de la violence et de la guerre pour résoudre un problème politique. Dans un premier article sur la crise ivoirienne, nous proposions le compromis courageux et héroïque entre ivoiriens mais vraiment entre ivoiriens comme solution véritable même si elle était difficile. En effet, les ingérences étrangères ne sont pas toujours efficaces. Les preuves en sont là ; dans la plupart des cas, elles compliquent tout et font échapper aux vrais protagonistes les paramètres de la crise. En Libye comme en Côte d’ivoire, lequel des deux camps a vraiment en main les paramètres de la crise ?


Mais nous voilà aujourd’hui bien installés dans le cycle de la violence et de la guerre et désormais on commence par parler en termes « d’ enlisement » qui rappelle de lourds conflits de ces dernières années. En effet, l’enlisement évoque une situation dans laquelle, l’avancement n’est pas certain et le retour en arrière impossible. Pour nous, "l'enlisement" va bien au-delà des opérations militaires qui, nous le souhaitons, prendront fin dans les prochains jours. Nous envisageons le cycle infernal des problèmes. Les deux crises produiront certainement une « paix imposée et dictée par les vainqueurs. » Mais comme l’histoire contemporaine nous l’enseigne, la « paix des vainqueurs » n’est jamais durable ; elle n’est qu’une trêve dressant le lit à de nouveaux conflits à la faveur d’une nouvelle crise ou d’un changement des rapports de force.


La communauté internationale dont on connaît désormais les limites dans les approches des problèmes à causes des intérêts des pays qui la forment et la financent, ne saurait résoudre à fond les crises internes des pays. Quelques bombardements pour détruire les armes lourdes d’un camp, c’est bien facile… mais que dire de l’épineuse question des milices ? de la rancœur entre tribus ou ethnies ? des règlements de compte postérieurs aux conflits ? de la voix du sang qui coule et qui crie ou criera souvent vengeance ? La reconstruction, est-ce l’affaire seulement des « accords juteux » qui excitent l’élan des uns et le soutien des autres tant il vrai que la philanthropie est morte et qu’il n’y a que les intérêts qui gouvernent les rapports entre les peuples ? Comment faire la reconstruction sans la réconciliation des cœurs ? Les pouvoirs qui naîtront de ces deux crises pourront-ils compter toujours sur le soutien de la communauté internationale pour survivre aux inévitables efforts d’après-guerre et aux mesures impopulaires qu’exige la crise économique mondiale ? Une chose est de conquérir le pouvoir, une autre est de le conserver. L'issue est encore loin.

samedi 2 avril 2011

CHRIST, LUMIÈRE QUI GUÉRIT NOTRE CÉCITÉ !





QUATRIÈME DIMANCHE DU TEMPS DE CARÊME (A) COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES (1 S 16, 1b.6-7.10-13a / Ep 5, 8-14/ Jn 9, 1-41 )




L’élection de David comme roi d’Israël et La guérison de l’aveugle-né, sont démonstration de la Sagesse et de la Lumière de Dieu, activement présent dans la vie de son peuple. La grâce du baptême est le signe de cette sollicitude divine qui sauve des illusions et illumine notre cœur.




1. YHWH considère le cœur !




L’infidélité du roi Saül n’empêche pas Dieu de refaire encore confiance et de croire toujours en l’homme. Mais contre toute attente, YHWH choisit le plus jeune enfant de Jesse, dans la tribu de Juda. Il dit au prophète Samuel : « ne considère pas son apparence… Les vues de Dieu ne sont pas comme les vues de l'homme, car l'homme considère l'apparence, mais YHWH regarde au cœur.» (1 S 16,7). Les seuls critères d’apparence, nos facteurs économique, politique, culturel…, ne suffisent pas pour opérer un choix de bonheur et de vie pour l’homme. Ils peuvent bien nous aveugler sur ce qui est le Bien et le Vrai. Une vision spirituelle des besoins de l’homme et de sa vie d’ici-bas est plus qu’une nécessité pour guérir de notre cécité et repartir du Christ, de sa lumière.




2. L’aveugle qui s’ignore !




Jésus guérit l’aveugle et lui demande d’aller se laver dans la piscine de Siloé (Siloé = envoyé). A la Samaritaine, Il s’était révélé « don de Dieu, Eau vive pour la vie éternelle. » Cette piscine d’Eau vive est Lui-même, l’Envoyé-de-Dieu, l’Eau du mystère pascal qui nous lave de l’aveuglement, purifie l’intelligence, éclaire l’envers du cœur et nous restitue notre dignité originelle de fils de Dieu. L’aveugle retrouve sa dignité et devient signe vivant de contradiction avec l’esprit et la logique du monde. Le changement qui advient dans la piscine du mystère de la personne du Christ attire la persécution, l’inimitié des pharisiens et l’incompréhension de la société. L’ironie du narrateur est forte : la persécution est une cécité spirituelle et intellectuelle qui en réalité vient de l’ignorance de la vérité et de la lumière. L’un des aspects aussi importants de cet évangile est indirectement de mettre en évidence le mal de notre monde moderne repus de tant de sécurités mais qui s’ignore aveugle des mystère du salut de l’homme qui seuls se découvrent dans une relation de communion avec Dieu. Dieu est la nécessité première dont le monde a besoin pour résister aux mensonges et aux illusions qui rendent malade notre existence et l’empêche de vivre dans la lumière, tendue vers le Royaume de Dieu.




3. Être enfants de Lumière !




Les antithèses jadis/présent, ténèbres/lumière, dormir/s’éveiller, mourir/ressusciter sont des allusions à cette nouvelle dignité de fils de Dieu acquise par notre baptême en Christ. Au passé de ténèbres s’oppose la vie présente illuminée par l’immersion dans le mystère de la passion, mort et résurrection du Christ. Paul invite les chrétiens à se laisser sans cesse immerger en un si grand mystère pour vivre en enfants qui rayonnent et agit avec cette Lumière, engagement personnel de Dieu dans notre histoire. Sommes-nous conscients que Christ est Lumière du monde qui nous sauve de l’aveuglement ? Sommes-nous conscients qu’Il a réellement a pris en main l’histoire de l’homme ?




Père Chelbin-Alfred Wanyinou HONVO, bibliste.