vendredi 21 septembre 2012

VISITE APOSTOLIQUE AU LIBAN, LE COURAGE D’UN PAPE

          Il s’est une fois encore vérifié l’adage selon lequel le bien ne fait pas de bruit. En effet j’ai essayé d’observé tout au long de la semaine les résonnances dans la presse internationale de ce voyage que le Saint-Père a « voulu de toutes ses forces. » Comme il est aisé de le constater, ce sont les violentes protestations nées du film jugé blasphématoire et des caricatures de Charlie Hebdo en France qui ont occupé et continuent d’occuper les médias. Quoi de plus normal quand l’on connait le principe selon lequel bad news are good news.
          Au-delà des images fortes de l’accueil chaleureux, de la signature et de la remise de l’Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente, du pape accueilli par les leaders musulmans avec respect et considération ou du pape s’adressant aux jeunes chrétiens et musulmans sur leur engagement en vue d’un Moyen-Orient pacifique en clair, sur leur avenir en tant que jeunes, je voudrais personnellement souligner le courage exceptionnel de Benoît XVI. Quel chef d’Etat ou de gouvernement aurait pu programmer une visite d’Etat impliquant de grands rassemblements de foules dans une situation aussi explosive ? Le réalisme diplomatique et sécuritaire aurait pu indiquer purement et simplement la voie de l’annulation. Mais Benoît XVI a tenu au maintien du calendrier, comme il le dit dans l’interview sur le vol, pour manifester la sollicitude et la proximité d’un père à des fils en difficulté et pour porter le message de paix, de liberté religieuse et non de tolérance religieuse, dans une région en proie au fondamentalisme et à la violence, véritables falsifications de la religion, toujours selon le Pape.
          Par ce voyage, Benoît XVI montre aussi que la meilleure attitude face à la violence n’est pas la peur mais le courage auréolé de l’amour et de la vérité. Amour pour les populations en difficulté, vérité sur les problèmes mais surtout courage face au spectre de la violence toujours plus bruyante. L’opinion publique libanaise toutes tendances confondues désirait que se prolongeât la visite du Saint-Père. Car dans un climat de tensions, de haines et de violence, personne en réalité ne gagne ni le fort encore moins le faible. Il fallait Benoît XVI en ce moment précis de l’histoire contemporaine du Moyen-Orient pour montrer qu’une alternative à la haine existe, l’amour, que vivre dans le respect réciproque, la compréhension et la fraternité relève du possible, que la liberté religieuse pour tous est gage de paix mais aussi un acte de foi. Il fallait le courage de l’amour et de la vérité pour réussir ce beau témoignage en faveur de la paix. En ces temps, où le fondamentalisme religieux gagne peu à peu l'Afrique subsaharienne, ce message du Saint-Père intéresse au plus haut point les jeunes africains.

P. Eric Oloudé OKEPITCHA

dimanche 16 septembre 2012

NOTRE GLOIRE EST LA CROIX DU CHRIST....!

XXIV DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES (Is 50,5-9a / Jc 2,14-18 / Mc 8,27-35) 1. Le Serviteur souffrant et fidèle Le texte de la première lecture fait partie de ce que la tradition appelle le troisième chant du serviteur souffrant œuvre d’un auteur prophète anonyme de l’après exil (VI s. a. J.C). Il y médite le témoignage personnel du Serviteur fidèle. Sa relation avec Dieu est extraordinairement forte dans la communion et l’écoute de la Parole de Dieu. A cette source de vie, il reprend courage, confiance et force nonobstant les nombreuses persécutions. L’acceptation de la souffrance dans l’obéissance à Dieu relate de façon particulière la force de sa foi et montre que le vrai sens de l’existence humaine consiste à donner valeur à ce qui vraiment le mérite. Une vie heureuse de foi ne veut pas seulement dire vie sans souffrance mais aussi une vie illuminée par la Parole et toute tournée vers Dieu. En la personne du Christ, nous retrouvons l’exemple de cet Israël fidèle, ce serviteur fidèle. Sa Passion est devenue féconde enrichissant l’humanité de la grâce du pardon des péchés et du salut. 2. Le Messie crucifié pour nous ! Nos considérations humaines et calculs trop mondains appauvrissent la foi et redimensionne le mystère du Messie Sauveur à nos critères ou choix préconçus. La véritable gloire du Christ Messie n’est pas dans les actes de force ou de démonstration de puissance mais dans le don suprême de la vie. « Nul n'a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). La réaction de Jésus envers Pierre nous invite à purifier nos fausses images de Dieu et à comprendre que notre seule force et fierté est sa croix et Lui-même Christ crucifié. Le mystère de la croix est ce seul critère, clé de notre foi, accomplissement du Verbe fait chair. Le silence du Christ, disons même le silence de ce Serviteur souffrant est stupidité et idiotie à nos yeux et à ceux du monde. En réalité il est force et puissance qui opère le Bien et arrache à toute idolâtrie. Au Christ n’intéresse pas les opinions en vogue. Ce que chacun de nous porte en soi de vrai et de bien est à offrir comme participation à sa souffrance pour une pleine communion avec Dieu. La « Parole de la croix » nous sauve de toutes fausses divinités que nos religiosités fabriquent, que le monde invente sans cesse et que l’athéisme moderne et triomphant diffuse à son insu. C’est à cela que Christ veut arracher Pierre et nous. 3. Fidélité dans la foi et par les œuvres ! Seule la Passion du Christ sème en nous la vraie passion pour le Bien contre le mal. La vie du chrétien est cette tension permanente à donner réponse à l’appel du Christ dans la foi que nourrissent les œuvres et à travers les œuvres illuminées par la foi. La foi chrétienne ne doit pas être confondue et réduite à une philanthropie encore moins exclusivement à une morale. Elle est vie du Christ offerte dans sa Passion et sa mort qui nous fait vivre. P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO.

dimanche 9 septembre 2012

OUVRE-TOI A LA GRACE DE DIEU ...!

XXIII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES (Is 35,4-7a / Jc 2,1-5 / Mc 7,31-37) OUVRE-TOI À LA GRÂCE DE DIEU… ! 1. Dieu s’engage pour l’homme ! Dieu s’engage aux cotés d’un peuple devenu la proie de ses ennemis, la proie de la souffrance. Il prend sur Lui de défendre Israël. Tout autre chose que notre compréhension ordinaire du mot vengeance ! Venger quelqu’un ou prendre sa revanche, c’est avant tout le défendre et le tirer de ses difficultés. Le prophète parle en contexte de l’exil, en un moment où, rien qu’à considérer les atrocités à eux infligées par les armées de Nabuchodonosor, Israël n’ose plus croire à une sortie ou une fin de crise. Les promesses de guérison, de rétablissement et de libération des aveugles, des sourds, des muets, des boiteux est avant tout, description de ce que Dieu se fait solidaire de la souffrance, de la maladie qui frappe et abîme l’homme. Sa vengeance et revanche c’est qu’Il relève et redonne vie et dignité, nous faisant ses fils. Le rétablissement d’Israël et la guérison du sourd muet de l’évangile de ce dimanche sont signes de ce que Dieu fit un jour pour un peuple ou une personne concrète mais qui traduit dans la réalité ce qu’Il opère tous les jours en nous et pour nous. 2. Effata, ouvre-toi ! Dans les sacrements de l’Église, Christ nous touche physiquement pour nous guérir spirituellement et nous sauver. Cette mission du salut dans le temps et dans l’espace, est universelle et embrasse, et le peuple de la Promesse et les païens et l’humanité entière appelée à se transformer au contact du Christ. Les geste si familiers de Jésus envers le sourd muet sont des gestes par lesquels Dieu nous associe et nous fait participer à sa vie qui relève et fait voir à l’homme que la santé physique n’est ni le tout de la vie ni l’essentiel. Dieu nous ouvre à ce qui nous manque pour être et vivre : la grâce de son salut. Je me suis quelquefois demandé pourquoi Jésus ne guérit-Il pas tous les malades surtout les malades innocents, les enfants. Il le peut. Mais toutes ces situations nous font voir que ce n’est pas la vie tranquille et sans problème d’ici-bas qui importe pour Dieu. « Effata, ouvre-toi » est cet appel à aller au-delà de nos considérations, de nos situations et nous laisser immerger dans la nouveauté du Christ. Ces païens de la décapole l’ont vite perçu et sans une trop grande idée ont fait sans le savoir leur profession de foi en Christ : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7,37). Cette « profession » rappelle celle du Centurion romain au pied de la croix : « Vraiment cet homme était fils de Dieu !» (Mc 15,39. Christ est Celui en qui les promesses de bonheur annoncées par les prophètes se réalisent. Dans le mystère de sa croix, nos pauvretés deviennent richesse de gloire pour le Royaume. 3. Pauvres, mais riches de la foi en Christ ! La pauvreté ou l’infirmité du malade n’a pas bloqué Jésus. Il s’est solidarisé jusqu’à nous faire communier à sa vie. Paul a raison de dire qu’en Dieu il n’ya pas de partialité (Rm 2,11). L’attention aux pauvres est fondamentale dans notre croissance spirituelle. La foi en Dieu révolutionne toutes pauvretés et nous élève. Ce n’est pas l’argent ou la richesse qui donne valeur à l’homme mais la foi. P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO

dimanche 2 septembre 2012

L'ECOUTE ET L'OBSERVANCE DE LA PAROLE DE DIEU... !

XXII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES (Dt 4,1-2.6-8 / Jc 1,17-18.21b-22.27 / Mc 7,1-8.14-15.21-23)

1. Loi de Dieu notre bonheur…!

La loi que Dieu a promulguée pour Israël est sa Parole, don de son amour source de vie et de bonheur sur la terre qu’il donne à son peuple. En cette Parole, Il génère et re-génère le croyant dans la vérité selon le mot de l’apôtre Jacques (Jc 1, 18). On comprend mieux pourquoi le lien est aussitôt fait entre l’obéissance à cette loi de Dieu et l’héritage de la terre. L’obéissance est la condition pour en prendre possession. Une fois sur cette terre promise, l’obéissance à Dieu est et sera encore l’unique condition pour y vivre et y demeurer en permanence heureux. Mc 7,8 met explicitement et clairement le commandement de Dieu au centre et au-delà de ce que l’imagination de l’homme ou son égoïsme peuvent produire et qui finit par s’imposer et l’écraser, rendant inhabitable la terre.

2. La Parole de Dieu libère de toute oppression !

La Sagesse de Dieu ou son commandement est la réalité fondamentale qui doit donc orienter l’homme et son agir vers la volonté divine, source de toute richesse et bien sur terre. L’expérience du peuple élu est un paradigme, un exemple et modèle de ce que, celui ou celle ou le peuple qui vit de Dieu et en Dieu, vit pour le bonheur en une terre de justice et de paix où ruisselle l’abondance. Dans l’évangile Jésus ne fustige pas les traditions humaines pour ce qu’elles sont l’ensemble des richesses culturelle, historique et théologique reçues des anciens. Elles aident à honorer l’identité humaine sociale et culturelle non comme exclusion des autres mais comme tremplin pour entrer dans la force et la lumière de la Parole de Dieu et pour affirmer notre croyance en la centralité de l’homme comme de fils de Dieu. Une tradition qui ne s’ouvre pas à la nouveauté du Christ exclut au nom de Dieu et dénature en nous l’image de Dieu. Le primat de l’homme image et ressemblance de Dieu est le cœur même de la Bonne Nouvelle du Salut à laquelle nous devons nous convertir pour nous préserver du risque de vivre « séparés » c’est-à-dire comme des pharisiens, séparés des autres pour mieux appartenir à Dieu. La vie selon l’évangile est celle qui nous fait être homme avec les autres pour vivre de la vie divine dont Christ nous fait don prenant notre nature divine.

3. Christ, don de Dieu venu d’en haut !

Cette Parole est Christ. En Lui et par Lui la vie humaine devient capable de Dieu. Tout ce qui est humain devient chrétien et ce qui est chrétien doit être authentiquement humain. Sa vie qu’Il donne dans le pain eucharistique germe en nous la vie éternelle. L’accueil et l’écoute de Lui, verbe de Dieu est source de cette félicité. Les relations que la vie de tous les jours font vivre sont le lieu où nous éprouvons le vrai sens du sacrifice Christ : « mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l'écouter ; ce serait vous faire illusion. Devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c'est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde. » (Jc 1,27).

P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, bibliste.