samedi 11 décembre 2010

Dimanche 12 décembre 2010. 3ème dimanche de l'Avent. Jean Baptiste: l' éternel missionnaire

L’histoire antique rapportée par Flavius Josephus (BJ VII, 6, 2-3) et les fouilles archéologiques de ces dernières décennies, attestent que Jean Baptiste était détenu prisonnier dans la forteresse de Machaerus à l’est de la mer morte, pendant presque toute la durée du ministère de Jésus en Galilée. L’épreuve de la prison que vivait cet homme habitué de la liberté des déserts (Lc 1,80), finissait certainement par lui faire poser des questions ou peut-être même douter à cause de ce qu’il entendait dire du Christ et de ses œuvres. Lui Jean, avait annoncé un Messie qui écraserait les ennemis, un Messie libérateur et glorieux. Mais à présent, il entend parler d’un Messie miséricordieux et plein de bonté envers tous. C’est déjà-là, la preuve que quelquefois, les signes de la présence parmi nous du Règne de Dieu ne nous sont pas perceptibles, non pas d’abord à cause de notre manque de foi mais surtout parce que nous voulons voir Dieu dans les grandeurs mondaines, les apparats de noblesse. Nous nous faisons l’image – comme le Baptiste – de l’avènement d’un Messie humainement fort et terrifiant, qui va «nettoyer son aire», et « consumer au feu qui ne s’éteint pas » (Mt 3,12). Pour mieux comprendre, Jean envoie ses disciples s’enquérir de la vérité auprès de Jésus : « es-tu Celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre» ?
Es-tu Celui qui doit venir ?
Cette question communément interprétée comme expression du doute de Jean lui-même, pourrait bien aussi traduire le doute de ses disciples qu’il envoie écouter le Christ en personne afin de se convaincre eux-mêmes de son identité messianique. Dans un cas comme dans l’autre, on découvre en Jean, la figure d’un éternel missionnaire et infatigable chercheur de Dieu. Il vit pour Dieu, tant au désert que dans la souffrance de la prison. C’est l’exemple de celui qui s’engage totalement pour Dieu. Son doute est fondé sur la logique de l’attente de la fin, logique du jugement dernier qu’il a toujours prêché et qui contraste avec la figure d’un Messie doux et bienveillant dont il entend maintenant parler. Jésus ne vient ni comme un juge, ni comme un chef de guerre combattant contre les multiples violences subies par son peuple. Plus qu’un simple doute du Baptiste, il s’agit d’y voir une foi qui est toujours à la recherche de son intelligibilité, quête de vie profonde en Jésus-Christ et dans le même temps, humilité pour accueillir le Messie, non selon ses idées préconçues et préétablies, mais selon que Dieu se donne à voir et à comprendre. Pour connaître Dieu, il faut interroger Dieu lui-même. Mieux, pour parvenir à la connaissance de Dieu il faut la médiation du Christ.
Les œuvres révèlent l’identité du Christ
Jésus répond aux disciples de Jean en les renvoyant à ses œuvres. Il se sert des paroles d’Isaïe 35,5-6 (ou aussi Is 61,1) lues en première lecture. « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent…» Plus que cela, « la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Mt 11,5-6). Ce sont les actions ou les œuvres (miracles et évangile) qui révèlent l’identité du Messie. Cette réponse de Jésus totalise six verbes d’action qu’on pourrait aussi symboliquement comparer avec les six jours de la création. Ce sont des verbes qui traduisent la vie, la vie que Dieu nous donne. Ces actions sont la preuve de la vérité de la personne du Christ. N’est-ce pas aux fruits qu’on reconnaît l’arbre ?(cf. Mt 7,20) Notons bien cette méthode de Jésus : laisser les œuvres révéler notre identité. Cela vaut autant pour les chrétiens que nous sommes. C’est notre témoignage qui donnera crédibilité à notre profession et notre vie de foi. Peut-être verra-t-on là aussi, l’illustration d’une autre parole de Jésus : « tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu » (Mt 7,19). Mais seuls, les miracles ne suffisent pas. Le couronnement des œuvres du Christ, c’est la proclamation de l’Évangile. La Bonne Nouvelle annoncée à tous et singulièrement aux pauvres est source de bonheur et de joie, source de notre re - création permanente. Elle est la force qui transforme l’humanité, lui confère liberté et lui fait retrouver sa dignité première. Jésus-Christ lui-même est cet Évangile en personne, Bonne Nouvelle du salut. « Heureux qui ne se scandalise pas à cause de moi ! » (Mt 11,6) Jean et ses disciples et nous avec, devront faire de nos doutes, des portes ouvertes pour une nouvelle découverte de qui est véritablement Jésus-Christ, le Sauveur qui vient. Il n’est pas une idée abstraite, une légende entretenue le long des âges mais une personne vivante, agissante en nos vies. C’est cela l’annonce de joie de ce troisième dimanche de l’Avent : Réjouissez-vous (Gaudete) car Il vient…Il est là!
Notre vraie Joie est la rencontre avec le Christ
Notre première lecture nous porte au cœur de la joie que la venue du Messie nous procure. Le projet de Dieu pour l’humanité, et spécialement pour les chrétiens, est un projet de libération et de joie car le Royaume de Dieu est là tout près de nous. Ce Royaume est maintenant indiqué en la personne de Jésus-Christ, le Sauveur. L’avènement du jour du Sauveur, est un événement qui retentit et fait exulter toute la création. Si dimanche dernier le Seigneur nous a rassuré que le désert fleurira par sa puissance, aujourd’hui, le désert est invité à la joie. Pourquoi une telle Joie ? parce que la Parole de Dieu est le lieu où toute existence humaine est régénérée et transformée, lieu de notre re-création. Par la force du Verbe, les aveugles voient, les sourds entendent, l’espérance renaît en nos cœurs… En s’adressant à la foule, Jésus fait des précisions utiles sur Jean et sur lui-même. Jean est son véritable précurseur. Sa vie, qu’il a su positionner loin de toute séduction et illusion mondaines, est de totale fidélité à Dieu, exemple de transparence qui a donné crédibilité à son oeuvre prophétique. Les foules allaient à Jean parce qu’elles désiraient faire renaître l’espérance morte en leur cœur. Mais en Jésus, il y a plus que Jean.
En Jésus, toutes les promesses messianiques jadis annoncées dans la loi, les écrits et les prophètes, sont accomplies. Un monde nouveau fait de nouvelles relations avec Dieu, naît. Seule la conscience permanente à vivre cette nouveauté déjà dans le présent, sauvera l’humanité de faux paradis terrestres et de toutes forces de la nuit et de nuisance. L’exhortation de l’apôtre Jacques lue en deuxième lecture insiste sur la patience dans l’attente de l’avènement du Sauveur et la patience dans les épreuves comme une vertu de la foi. L’agriculteur et le prophète ont en commun la foi dans le futur de Dieu, la foi que la dernière parole reviendra à Dieu. Leur attitude que nous avons d’ailleurs découverte chez le Baptiste, est une invitation à ouvrir notre âme et notre raison à Dieu.

Père Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, bibliste.

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