mercredi 17 novembre 2010

Points d'ancrage de la réflexion (1)

Nous avions longuement insisté sur la nécessité de la réflexion personnelle pour le jeune africain. Le modèle du « copier- coller » a fait son temps et prouvé ses limites. Il lui faut substituer celui de « l’inspiration intelligente. » S’inspirer des réalisations des autres pour se tracer un chemin personnel dans la vie. Ce qui, à notre avis, requiert l’intériorisation et la lecture. Mais quels points d’ancrage réflexifs proposons-nous à la jeunesse africaine ? La culture, l’histoire et la géopolitique actuelle. Nous traiterons d’abord de la culture africaine que nous modulerons en plusieurs harmoniques.
Le jeune africain se doit de connaitre sa culture. Cette dernière est essentielle pour tout homme en termes d’équilibre de vie et de pensée. La sagesse africaine dit que « le séjour dans l’eau ne transforme pas le tronc d’arbre en crocodile ». De la même manière, le séjour ou l’immersion dans un monde global ne transformera pas le jeune africain, en jeune « global. » Il est et restera africain ou rien du tout et donc, un danger pour les autres et une perte au rendez-vous de l’histoire. Rien de pire n’est à souhaiter à un peuple que la perte de son identité culturelle, à un certain tournant de son histoire. Le drame se voit sous d’autres cieux et fait peur.
Connaitre sa culture, c’est d’abord s’informer de façon objective et positive, disons phénoménologie, sur les traditions, les us et coutumes de son peuple dans leur signification profonde et non, dans les interprétations externes. C’est la phase de la récolte des informations. Pius vient un second moment où l’on soumet aux feux de la critique les éléments recueillis afin d’en retenir ce qui pourrait aider à avancer sur les chemins de la vie d’aujourd’hui. Il y a plus que la solidarité ou la joie de vivre comme richesses culturelles africaines. Le respect de l’homme et de la vie humaine, l’approche du monde qui n’est pas simplement matériel, le destin de l’homme qui s’ouvre sur l’au-delà - et donc ne se limite pas simplement à l’horizon terrestre - avec ses implications éthiques et religieuses. L’homme, un élément du monde, appelé à vivre en harmonie avec les autres éléments.
L’homme érigeant sa liberté en absolu et ses caprices en loi de conduite morale n’est pas proprement africain et peinera à trouver une place sous le soleil africain. De même, « je suis athée » est une affirmation non valide dans le contexte africain. Néanmoins, elle trouvera sa place moyennant un mimétisme idéologique ou philosophique de surface. On ne saurait, sans faire entorse à l’histoire récente, nier le fait que, pendant des années, plusieurs pays du continent africain ont adopté et pratiqué l’idéologie marxiste-léniniste athée. Mais la vérité de l’histoire exige de reconnaitre que cette dernière n’a pas pu vider les églises, les mosquées encore moins les couvents de la religion traditionnelle africaine.
L’on découvrira aussi l’autre face de la médaille, moins belle, la conception fataliste de la vie quotidienne, « les traits de la paume de la main ne peuvent s’effacer » pour dire que la vie de l’individu est déjà programmée de toute éternité et qu’il ne pourra que subir ou suivre le chemin, devant lui, tracé par le destin. De toute évidence, cette conception est proprement démissionnaire et anti-développement. On pourra aussi découvrir cette autre idée ancrée dans la mentalité collective, selon laquelle, « aucun autre arbre ne pousse sous le baobab ». Ce qui empêche honnêtement d’envisager un rapport intergénérationnel positif et non conflictuel. Les ainés normalement devraient servir d’échelles ou d’ascenseurs aux nouvelles générations. Mais rien tel. Du coup, l’on ne sait pas se retirer ou laisser la place à d’autres. A défaut d’être éternel, on se console de s’éterniser dans son fils… Nous reviendrons en approfondissement sur chacun de ces points.
En définitive, chaque jeune doit ouvrir les yeux sur sa culture et se l’approprier dans le double mouvement que nous avons indiqué. Il y découvrira des ressources immenses pour sa vie d’homme.

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