Le Pape Benoit XVI a encore sacrifié à la tradition en adressant cette année un message aux jeunes du monde entier pour la XXVI Journée Mondiale de la Jeunesse. Le plus intéressant est que les messages se suivent et ne se ressemblent pas même s’ils conservent, entre eux, un vigoureux fil conducteur. Il s’agit pour nous, en quelques articles, de faire une relecture de ce magnifique texte destiné à « l’universel » à la lumière du contexte « particulier » de la jeunesse africaine. Pour ce faire, nous suivrons les grandes articulations du message du Pape.
Le Pape Benoit XVI a ouvert ce message par le souvenir positif de la dernière édition tenue à Sydney en 2008 qui lui avait offert l’occasion de vivre avec les jeunes venus du monde entier une « grande fête de la foi. » Celle de cette année qui se tiendra à Madrid rappelle celle de 1989 tenue à Saint-Jacques-de-Compostelle dans le même pays.
La richesse de ce rappel historique se fonde sur la similitude des contextes sociologiques. Celle de 1989 se tenait quelques mois avant la chute du Mur de Berlin qui, comme nous le savons, a marqué un tournant important dans la vie de l’Europe et du monde entier. Aujourd’hui, l’Europe a grand besoin de voir s’écrouler un autre mur, érigé cette fois-ci dans la conscience collective, celui de l’éclipse du sens de Dieu, du relativisme et du nihilisme. La métaphore « éclipse » est bien significative dans la mesure où Dieu est toujours présent mais, il n’est plus le point de mire ; son éclat est masqué dans les consciences par le relativisme[1], un ensemble de doctrines ayant pour base commune l’inexistence ou mieux le refus d’une référence absolue et transcendante au savoir et à l’agir humains. Si, en chassant l’absolu et le transcendant, le relativisme a posé, à sa place, le sujet individuel, le nihilisme[2], pour sa part, a purement et simplement remplacé ce dernier par le « néant ».
C’est donc à des jeunes vivant dans cette ambiance culturelle qui limite leur horizon en les confinant dans une existence difficile à tenir, des jeunes à qui sont proposées constamment l’incertitude, la mobilité, la superficialité et la volubilité comme valeurs, que le Pape adresse un message volontairement à contre-courant : « Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi » (Col 2, 7). En lieu et place de la mobilité, de la superficialité et de l’incertitude ou scepticisme exacerbé, le Pape propose respectivement l’enracinement, le fondement et la foi ou l’adhésion totale et personnelle au Christ, défini comme Chemin, Vérité et Vie (Jn 14, 16).
Si l’éclipse du sens de Dieu n’est pas encore[3] très visible dans notre contexte africain, il convient de reconnaitre qu’un certain vent de relativisme appelé à s’intensifier les années à venir grâce aux moyens de communication souffle déjà sur la jeunesse africaine, cible privilégiée des feux nourris de plusieurs courants de pensée « souvent importés » qui remettent nettement en cause la conception et la pratique traditionnelles du christianisme en général et du catholicisme en particulier. C’est dire toute l’actualité du message du Pape que nous aurons l’occasion d’approfondir au fur et à mesure.
[1] Le relativisme est pluriel : il est philosophique, culturel, épistémologique, éthique. Dans le message du Pape, le relativisme ambiant consiste à dire que tout se vaut et qu’il n’y a aucune vérité ni aucun repère absolu. cf. § 1.
[2] L’écrivain russe Ivan Turgenev, l’un des premiers à utiliser le terme dans son roman Père et fils, (1862) peint un personnage nihiliste, Basarov. Puis après, il fait définir le nihiliste à un autre personnage comme un homme qui ne s’incline devant aucune autorité, qui ne croit à aucun principe quel que soit le respect qui l’a toujours entouré.
[3] L’adverbe “encore” est ici important. Le légendaire sens religieux de l’africain n’est pas, à notre sens, un acquis définitif. Le caractère dynamique des réalités sociologiques et l’étude systématique du processus du sécularisation de l’Europe nous imposent l’impérieuse tâche de cultiver cette valeur africaine sous peine de la voir se perdre sous peu.
[1] Le relativisme est pluriel : il est philosophique, culturel, épistémologique, éthique. Dans le message du Pape, le relativisme ambiant consiste à dire que tout se vaut et qu’il n’y a aucune vérité ni aucun repère absolu. cf. § 1.
[2] L’écrivain russe Ivan Turgenev, l’un des premiers à utiliser le terme dans son roman Père et fils, (1862) peint un personnage nihiliste, Basarov. Puis après, il fait définir le nihiliste à un autre personnage comme un homme qui ne s’incline devant aucune autorité, qui ne croit à aucun principe quel que soit le respect qui l’a toujours entouré.
[3] L’adverbe “encore” est ici important. Le légendaire sens religieux de l’africain n’est pas, à notre sens, un acquis définitif. Le caractère dynamique des réalités sociologiques et l’étude systématique du processus du sécularisation de l’Europe nous imposent l’impérieuse tâche de cultiver cette valeur africaine sous peine de la voir se perdre sous peu.
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