vendredi 27 janvier 2012

ZONE EURO, LES HABITUDES ONT LA PEAU DURE

Vendredi 13 janvier, l’agence de notation Standard & Poor’s a procédé à la dégradation de la note de neuf pays européens dont la France, un des deux piliers de la zone euro qui a perdu son triple A. L’Italie et l’Espagne connaissent un abaissement de deux crans, tandis que l’Allemagne le vrai moteur de la zone euro conserve son AAA. L’événement qui n’en est vraiment pas un du point de vue économique, était attendu depuis fort longtemps. Les Etats-Unis ont perdu leur triple A en aout dernier ; la France, avec ses difficultés et ses faiblesses, n’avait plus sa fiabilité d’antan, et son taux d’emprunt sur les marchés internationaux était supérieur à celui de l’Allemagne par exemple.
Pour la France, cette nouvelle sonne comme une sanction de la politique économique de son président, candidat probable tout au moins non déclaré aux élections présidentielles devant se tenir dans quelques semaines. Plus que cela, la super-activité de la France dans la gestion de la crise de la zone euro, pourrait prendre un coup face à l’Allemagne. Au-delà de l’aspect économique, on ne saurait négliger le volet politique en termes d’image sur le plan international. Deux « Europes »émergent de cette notation ; d’un côté, l’Europe du Nord avec des politiques budgétaires strictes et de bonnes perspectives de croissance chapeautée par l’Allemagne (du point de vue économique et non géographique). Cette Europe occupe moins le devant de la scène, sur le plan international. De l’autre, l’Europe du Sud affaiblie par les difficultés économiques sans grandes perspectives de croissance et dans laquelle France est en train de faire un sérieux plongeon. Les réactions des hommes politiques des pays ayant connu la dégradation ne se sont pas fait attendre. Certains contestent la méthode de ces agences ; d’autres demandent de se passer d’elles… en somme une tentative de minimiser l’événement dans le but d’apaiser les populations; ce n'est qu'une fuite en avant. Et c’est là le problème.

Pour plusieurs économistes, la situation actuelle s’explique par le fait de remettre à demain les réformes nécessaires tentant de soutenir un mode de vie et de fonctionnement qui ne peut plus tenir pendant longtemps. L’Occident doit se rendre compte aujourd’hui qu’elle est à la croisée de son histoire avec la perte progressive du statut du pôle économique en train de glisser sérieusement vers d’autres coins de la planète. Que vaut l’économie sans la population ? L’une des richesses de la Chine sinon la première, c’est sa population. En Europe, le vieillissement de la population est un état de fait avec de faibles perspectives d’amélioration et d’importants signaux préfigurant le pire. Le système de croissance illimitée basé sur le capital et la consommation illimitée renforcée par la publicité et l’obsolescence programmée des produits, donne des signaux d’alerte qu’il faut discerner. En clair, le mode de vie et de fonctionnement actuel des Etats européens ne peut continuer pour longtemps. La rigueur et l’austérité s’imposent comme condition de survie. Vivre au-dessus de ses moyens en accumulant les dettes, c’est compromettre dangereusement l’avenir des générations actuelles et futures. Il est peut-être temps de prêter une oreille attentive à ceux qui, comme Serge LATOUCHE par exemple, sonnaient l’alerte et prédisaient les événements de ces jours-ci, depuis plusieurs années. Mais il faut le reconnaître, tout comme les préjugés, les habitudes ont la peau dure.

P. Eric Oloudé OKPEITCHA

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