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LEXPRESS.fr, publié le 30/09/2011
Après un sommet laborieux qui a finalement accouché tard dans la nuit d’un
vote à l’unanimité sur le plan d’aide à la Grèce assorti
d’un programme d’austérité pour les autres pays de l’Euro
menacés par la crise comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal, tout semblait fin prêt pour le G20 qui commence ce jeudi 3 novembre à Cannes. Mais coup de théâtre, le
premier ministre grec Papandreou annonce, contre toute attente, la tenue d’un referendum sur ledit plan d’aide comportant des mesures d’austérité. Tonnerre
dans le ciel européen, les capitales locomotives de l’Euro, Paris et Berlin
réagissent consternées, les bourses déjà
suffisamment agitées, replongent. La Grèce, dépassée par les vagues de
protestations en cours et en vue, semble avoir pris de coup ses partenaires. Cette décision est-elle salutaire pour la
Grèce et pour l’Euro ? Faire parler ou décider le peuple est un principe
certes démocratique, mais ne sommes-nous pas là en face des limites de le
démocratie elle-même comme système ?
C’est vrai que la ou mieux les crises
successives de ces dernières années ont déjà prouvé les limites du
système économique occidental basé sur la croissance. Le referendum grec nous
donne l’opportunité de nous interroger sur les limites de la démocratie
elle-même, basée sur le gouvernement du peuple par le peuple. Le premier
ministre grec, quoique l’on dise, aura obéi à ce principe en voulant prendre
l’avis du peuple sur son avenir immédiat
et à long terme. Seulement que le referendum dans un tel contexte met à mal
toute la zone euro, car un « non » grec pourrait provoquer la
faillite du pays due au non versement des 8 milliards d’euro correspondant à la
prochaine tranche, pourrait entamer
la crédibilité de toute la zone et la contagion n’est pas à craindre
pour les autres maillons faibles de la chaîne.
Face à tels enjeux, est-il opportun de donner la parole au peuple quand l’on
sait que le peuple, en temps difficile, c’est-à-dire quand manquent le pain et la paix, devient « foule » entité sociale dominée par l’instinct et ne voit que l’immédiat. Un peuple affamé,
contraint par les événements à
changer de style de vie ne
saurait faire de la « métaphysique »
ni réfléchir à long terme. C’est dire donc le premier ministre grec a pris de grands risques face à
l’avenir et à l’histoire. Nul doute que le « non » l’emportera en cas
de referendum libre et un grand pas
aurait été fait en direction de la catastrophe économique. Même en déplaçant la question du referendum vers
« l’appartenance ou non à la zone euro », la réponse du peuple en
difficulté ne se concentrera que sur le présent. Ce qui représente une
catastrophe pour le futur. On ne peut pas faire de la démocratie à propos de
tout. La crise actuelle ne peut être gérée
à coup de referendum.
P. Eric Oloudé OKPEITCHA
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