samedi 1 janvier 2011

Une année de paix par le saint Nom de Dieu


1er JANVIER 2011 – SAINTE MARIE MÈRE DE DIEU
COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
(Nb 6,22-27 / Gal 4,4-7 / Lc 2,16-21)

Au premier janvier du calendrier grégorien, huitième jour après la naissance de l’Enfant-Dieu, nous nous mettons de manière particulière sous la bienheureuse protection de Sainte Marie la Mère du Christ, Mère de Dieu (Sub tuum praesidium confugimus). En Elle, nous découvrons la nécessité de remettre Dieu au centre de notre vie. La liturgie de ce premier jour conventionnel du nouveau cycle civil de l’année, n’a d’autre but que de mettre notre temps sous le mystère de l’Incarnation. Si l’homme a eu l’intelligence de codifier, de structurer et de rythmer le temps par le calendrier, encore faudra-t-il, qu’en Jésus-Christ Dieu incarné dans les contingences du temps et de l’histoire, il apprenne aussi considérer les réalités divines invisibles et se laisser transfiguré par elles. Les lectures bibliques de ce jour nous y aident.

...Ils invoqueront mon Nom (YHWH) sur les fils d’Israël

La première lecture est une formule officielle de bénédiction née en contexte de culte. Elle est utilisée à la fin de chaque liturgie du sacrifice et lors des solennités dont aussi la fête de la nouvelle année (Rosha Hashana = commencement de l’année). En nous faisant voir la nécessaire médiation du sacerdoce, elle exprime la foi du peuple en Dieu l’unique et indique le sanctuaire comme lieu privilégié de la rencontre et de la réconciliation avec YHWH (le Seigneur). A partir de ces deux derniers éléments, sanctuaire et sacerdoce, le peuple vit constamment conscient que Dieu est le cœur de sa vie. Vider Dieu ou le mettre Dieu de côté, la vie en ses multiples aspects ne réussirait pas : « si YHWH ne bâtit la maison, en vain peinent les bâtisseurs; si YHWH ne garde la ville, en vain la garde veille » (Ps 127,1). La félicité personnelle, familiale et nationale… viennent de l’accueil de YHWH comme unique Sauveur. « Invoquer (mettre ou apposer) le Nom de Dieu » est une expression consacrée par laquelle on désigne les faveurs ou les grâces divines dont bénéficie celui ou celle sur qui 3 fois, le Saint Nom de Dieu est prononcé. Par cette triple évocation s’opère la présence agissante et bienveillante de Dieu dans la vie de son peuple rassemblé ou dans la vie du fidèle croyant. Dieu « montre son visage », Il se fait présent et sa présence devient source de tout bien. Celui a qui Dieu « montre son visage » (aussi Ps 4,7 ; 31,17 ; 80,4.8.20) est celui qui vit en Dieu et est protégé par lui. En même temps qu’elle nous fait voir l’âme de tout un peuple, cette prière de révèle la proximité de Dieu. Il est l’« Emmanuel », le « Dieu-avec-nous », le Dieu qui nous sauve.

Quiconque invoquera son Nom, sera sauvé (Ac 2,21)

Suite à la parole de Dieu communiquée par l’ange, les bergers se sont pressés d’aller à Bethléem comme Marie visitant sa cousine Elisabeth (Lc 1,39). La grâce de la connaissance de l’Enfant-Sauveur remplit leur cœur. Ils deviennent à leur tour, annonciateurs de cette «grande joie » (Lc 1,10) du salut incarné, et messagers de la révélation reçue. Ceux qui les écoutèrent, s’étonnèrent parce qu’une aussi grande merveille suscitait questionnements, réflexion et méditation qui en recherchent le sens ; aussi, à cause de la transformation et la vie nouvelle que déjà provoquait cet évangile vivant annoncé par ces pauvres gens. La parole de Dieu dans le cœur et la bouche de ces pasteurs, inondait de joie et de force leurs auditeurs. Le silence de Marie est un silence qui vit le mystère divin dans le secret du cœur et laisse l’intelligence illuminée par lui pour en recueillir l’unité de sens et de signification (sens étymologique du verbe grec utilisé : mettre ensemble). Ainsi se déploie la puissance du verbe incarné dont son Nom (Jésus= Dieu Sauve) se trouve être le programme (Nomen est omen). Par ce Nom investi de la puissance de l’Eternité, c’est Jésus le Christ lui-même qui transforme notre temps humain et rythme nos jours vers la plénitude du salut. En Lui, Dieu nous dévoile sa face et nous comble de tant de libéralités. Il nous délivre des multiples servitudes de ce monde contingent et fait de nous fils et héritiers de sa gloire.

Tu n’es plus esclave mais fils

La prière de bénédiction et le Nom donné à l’Enfant-Dieu, donnent un avant-goût du plan divin de notre salut. Dans son initiative de nous sauver, Dieu accepte volontiers de « naître d’une femme» (Jb 14,1) et de devenir « sujet à la loi»; autant de langages bibliques qui traduisent la fragilité humaine et la grande humiliation dans laquelle est entré Dieu (Kenosis Ph 2,7). Il revêtit notre fragilité pour nous libérer de tout ce qui retient captif du péché, nous communier à sa vie divine et nous fait participer à la vie filiale du Christ dans l’Esprit. L’un des grands messages du mystère de Noël, est qu’en Christ, la grâce de la filiation divine nous est communiquée, transmise (inoculée). Cette filiation divine met fin à notre désordre et notre esclavage passés. L’avenir ne nous fait plus peur. Commencer une nouvelle année avec le saint Nom de Jésus-Christ, c’est laisser Dieu prendre les devants pour ouvrir le chemin, laisser sa présence, son Esprit inspirer nos actions. Ainsi, nous vivrons les événements de 2011 à l’exemple de la Vierge Marie, dans un silence agissant, un silence de foi et un silence d’action de grâce pour discerner que l’abondance des vœux et de bonnes paroles de ces jours de fête, portent le risque à compter sur notre propre force et à oublier le Christ. Comme les bergers, nous pouvons nous enfoncer sans peur dans les ténèbres de notre monde pour témoigner et écrire en lettres de lumière l’histoire de notre salut, de notre victoire sur le mal.

Père Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, Bibliste.

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