Eu égard à l'ampleur des destructions causées par la violence des combats, la reconstruction de la Libye prendra du temps. De même, l'Europe ne pourrait réellement tirer profit de la ruine d’un Etat aussi proche et aussi stratégique.
Les récentes coupes du monde de football nous ont donné une leçon : il n’y a plus de petites équipes. Si autrefois, il était possible de prédire avec certitude l’issue d’un match entre l’Italie et le Bénin, aujourd’hui, il faut être prudent et attendre. Tout dépend… De la même perspective, il n’y a plus de petit pays ni de petite guerre. Tout dépend… Dans notre article « Crise libyenne : les occidentaux ont peur de Kadhafi III » du 19 mars 2011, alors même que venait de commencer la mise en application des résolutions 1970 (embargo sur les armes) et 1973 (autorisation du recours à la force) des Nations unies, nous nous interrogions en ces termes sur l’issue de l’opération : «A quoi pourrait-on s’attendre en Libye quand l’on connait le caractère belliqueux du colonel et des héritiers au trône qui voient leur espérance voler en fumée ? Ne s’acheminerait-t-on pas vers un schéma à l’irakienne, à l’afghane ou à la somalienne ? Aucune hypothèse ne pourrait être écartée au point où nous en sommes. La précaution diplomatique française pour inclure la Ligue arabe, la nature précise de l’intervention militaire qui ne doit pas tourner à l’occupation, ne sont pas des gages sûrs. Seul le terrain commande et l’avenir nous renseignera mieux. »
Les récentes coupes du monde de football nous ont donné une leçon : il n’y a plus de petites équipes. Si autrefois, il était possible de prédire avec certitude l’issue d’un match entre l’Italie et le Bénin, aujourd’hui, il faut être prudent et attendre. Tout dépend… De la même perspective, il n’y a plus de petit pays ni de petite guerre. Tout dépend… Dans notre article « Crise libyenne : les occidentaux ont peur de Kadhafi III » du 19 mars 2011, alors même que venait de commencer la mise en application des résolutions 1970 (embargo sur les armes) et 1973 (autorisation du recours à la force) des Nations unies, nous nous interrogions en ces termes sur l’issue de l’opération : «A quoi pourrait-on s’attendre en Libye quand l’on connait le caractère belliqueux du colonel et des héritiers au trône qui voient leur espérance voler en fumée ? Ne s’acheminerait-t-on pas vers un schéma à l’irakienne, à l’afghane ou à la somalienne ? Aucune hypothèse ne pourrait être écartée au point où nous en sommes. La précaution diplomatique française pour inclure la Ligue arabe, la nature précise de l’intervention militaire qui ne doit pas tourner à l’occupation, ne sont pas des gages sûrs. Seul le terrain commande et l’avenir nous renseignera mieux. »
Après plusieurs mois, pas de solution en vue
Eu égard à la précipitation qui a entouré le déclenchement de l’opération, on avait toutes les raisons de douter de son efficacité. Les schémas irakien, somalien ou afghane évoqués ne semblent pas visiblement servir de leçon aux occidentaux bien enfermés dans leur lecture de la politique mondiale et dans leurs schémas de résolution des crises. Aujourd’hui, plus de trois mois après, toujours pas de solution en vue. Qu’on le veuille ou non, le colonel aura « résisté » face aux plus grandes nations du monde coalisées contre lui, dans une guerre aux mobiles peu clairs. L’article de Jean-Paul POUGALA, directeur de l’institut des études géo-stratégiques et professeur de sociologie à l’université de diplomatie de Genève, qui a longuement circulé sur le net, a apporté des informations complémentaires sur les dessous de la crise libyenne. La méthode occidentale de gestion de la crise libyenne offre aujourd’hui au colonel Kadhafi l’occasion de s’auto-lister parmi les leaders du continent qui, par le passé, ont bravé, au prix de leur vie, l’impérialisme, la colonisation, l’assujettissement de leurs peuples… même s’ils ont toujours fini par être vaincus grâce, - il faut le souligner - à la complicité de leurs frères africains. La facture de la guerre, allant au-delà des prévisions, les discordes se font jour dans les rangs des alliés qui ne blaguent pas avec la bourse et qui doivent rendre compte à leur opinion publique de plus en plus hostile à la guerre comme solution aux problèmes. A donner le ton, les américains, suivis par les italiens… A vrai dire, cette guerre commence par durer et lasser l’opinion internationale.
Mais au-delà de l’impasse actuelle, c’est l’avenir de ce pays africain, l’un des rares à avoir un niveau de développement appréciable, qui nous intéresse. Avec ou sans Kadhafi (nul n’est éternel), que deviendra le vivre ensemble quand, après les médicaments, des armes dites « d’auto-défense » sont larguées sur les territoires rebelles alors qu’un embargo sur les armes frappe le territoire libyen et non seulement le gouvernement de Tripoli ? De l’autre coté du front, les pro-Kadhafi ont adopté la même stratégie, distribuer les armes aux civils. Comment retourner après la crise à une vie normale ? La France habituée aux subtilités diplomatiques, a tenté de justifier cet acte devant la Russie (la Russie avec la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et tous les autres pays émergents s’oppose à l’ingérence des puissances occidentales dans les affaires des pays tiers) et pense certainement avoir convaincu. Mais le vrai problème est qu’on ne sait plus quoi faire pour sortir de l’impasse.
Mais au-delà de l’impasse actuelle, c’est l’avenir de ce pays africain, l’un des rares à avoir un niveau de développement appréciable, qui nous intéresse. Avec ou sans Kadhafi (nul n’est éternel), que deviendra le vivre ensemble quand, après les médicaments, des armes dites « d’auto-défense » sont larguées sur les territoires rebelles alors qu’un embargo sur les armes frappe le territoire libyen et non seulement le gouvernement de Tripoli ? De l’autre coté du front, les pro-Kadhafi ont adopté la même stratégie, distribuer les armes aux civils. Comment retourner après la crise à une vie normale ? La France habituée aux subtilités diplomatiques, a tenté de justifier cet acte devant la Russie (la Russie avec la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et tous les autres pays émergents s’oppose à l’ingérence des puissances occidentales dans les affaires des pays tiers) et pense certainement avoir convaincu. Mais le vrai problème est qu’on ne sait plus quoi faire pour sortir de l’impasse.
Devant le tribunal de l’histoire…
Comment expliquer demain, devant le tribunal de l’histoire, qu’on ait aidé des civils armés mais non entrainés, à aller combattre une armée régulière au prix de nombreux morts et blessés ? Les pauvres populations soumises à la psychose permanente des « pluies de bombes » - plus fréquentes que celles de médicaments et de nourriture,- avec les victimes collatérales ne savent plus à quel saint se vouer, entre un passé (avec peu ou pas de liberté) devenu meilleur face à l’enfer du présent et un avenir incertain. Les infrastructures détruites, la cohésion sociale mise à mal, l’économie au ralenti, les caisses de l’Etat mises à contribution pour la guerre au lieu du développement, la ruine de ce pays est désormais un fait. En plus, cet Etat (dirigé par l’un ou l’autre des protagonistes de la crise actuelle) devra demain, non seulement se reconstruire dans les conditions qu’il n’aura pas forcément choisies, mais ne manquera pas d’honorer aussi les factures de ceux qui aident et soutiennent aujourd’hui l’une ou l’autre des deux parties en face. La reconstruction prendra du temps.
Les répercussions sur l'Europe
De toute évidence, l’Europe ne pourrait réellement gagner dans la ruine d’un Etat aussi proche et aussi stratégique. Toute la main d’œuvre nord-africaine ou subsaharienne qu’employait la « Lybie d’hier », se déverse aujourd’hui, via l’Italie, sur l’Europe déjà en mal de travail pour sa propre jeunesse. Cette immigration via mer, quelles que soient les mesures prises, ne s’arrêtera pas dans les prochains mois, aggravant au passage, les problèmes sociaux de l’Europe. Finalement qui gagne dans cette crise ? Personne… La vraie solution aux problèmes humains n’a jamais résidé dans le crépitement des armes et la violence. Il faut beaucoup de temps pour que les décideurs le comprennent.
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