Manifestants russes. Photo par STAFF/Reuters
/Photo prise le 5 décembre 2011/REUTERS/Anton Golubev
Les ondes du printemps arabes semblent se propager vers la Russie de
Poutine. C’est du moins ce qui ressort de la gigantesque manifestation anti-Poutine
le lundi 5 décembre 2011 dans plusieurs villes de la Russie. Depuis les années de Boris
Eltsine, on n’avait plus vu pareilles mobilisations en Russie. Seulement 30.000
selon la police et plus de 100.000 selon les organisateurs. Normale et
habituelle guerre des chiffres en pareilles circonstances ! mais au-delà
des chiffres, le fait suscite réflexions.
Que se passe-t-il en Russie ? A
entendre les manifestants, ils réclament l’annulation pure et simple des
élections législatives jugées truquées en faveur du parti au pouvoir (Russie
Unie) qui n’a pas toutefois manqué de perdre 77 sièges au Parlement. Sur leur
plateforme de revendications 4 autres points figurent, à savoir la libération
des détenus politiques dont Mikhail Khodorkovskij, l’ex-patron du Yukos, la
démission du chef de la commission électorale centrale, l’enregistrement de
tous les partis politiques et la
démocratisation des lois régissant la vie politique et enfin l’organisation de
nouvelles élections législatives. Ces revendications sont assorties d’un
ultimatum de 15 jours. Faute de quoi de nouvelles manifestations déjà prévues
le 24 décembres signeront la mise en route de la « révolution
blanche » (couleur portée par les manifestants.) Qu’a pu faire Poutine,
héros de la Nation, qui a remis la Russie sur les rails par des réformes
économiques fort appréciées pour devenir
objet de tant de slogans hostiles ? qu’est-ce qui explique cette fissure
dans un pouvoir aussi fort ?
A notre avis, il s’agit avant tout de l’effet contagieux du vent de liberté
qui souffle actuellement sur le monde.
La chute des régimes forts du monde arabe, à peine imaginable il y a quelques
mois, a été un grand précédent pour tous les peuples menés par des régimes non
démocratiques ou dictatoriaux. Le « pourquoi pas nous ?» est une
puissante source de motivation. En effet, après près de 12 ans au pouvoir,
Poutine s’apprête à retourner au Kremlin en mars prochain pour 4 ou 8 années
encore, puis éventuellement une pause
constitutionnelle et ainsi de suite… Or, il s’agit de comprendre que la perspective du
« pouvoir éternel » devient de plus en plus insupportable pour les
peuples ; le sentiment d’un avenir
pré-déterminé par un leader fût-il charismatique ou un clan est devenu, en soi, source de
révolte. Même si ces manifestants semblent infimes par rapport à la population
globale et que le pouvoir en place les traite d’agents à la solde des
Occidentaux, il faut s’abstenir de minimiser aussi vite l’issue desdites
manifestations. Tout a commencé aussi
simplement et aussi banalement dans le monde arabe. Les résultats sont là
aujourd’hui. Affaire à suivre de près….
P. Eric Oloudé OKPEITCHA
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