dimanche 2 décembre 2012

RECULER POUR MIEUX SAUTER

Bien chers amis lecteurs et lectrices,
Je voudrais commencer par vous remercier pour le chemin fait ensemble à travers ce blog qui m'a servi de planche d'exercice tout au long de mes premières années en communications. Je suis au regret de suspendre l'expérience le temps de boucler lesdites études et de rebondir à travers un site avec plus de possibilités interactives au service de la jeunesse africaine.
Merci de votre aimable compréhension.
Dieu vous bénisse.
P. Eric Oloudé OKPEITCHA

dimanche 14 octobre 2012

LA VIE AVEC DIEU EST LA VRAIE RICHESSE... !


XXVIII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
                                               (Sg 7,7-11 / He 4,12-13 / Mc 10,17-30)


1.   La Sagesse qui vient de Dieu !

L’histoire du roi Salomon en sa relation avec Dieu, nous met devant la question fondamentale du choix du sens de la vie et de ce qui est essentiel pour y vivre : la Sagesse de la Parole de Dieu. Les succès et la grandeur de ce roi, sont le fruit de sa simplicité, de son humilité et surtout de l’ouverture de son cœur et de toute sa vie à la sagesse divine. «C’est elle que j'ai chérie et recherchée dès ma jeunesse…comprenant que je ne pourrais devenir possesseur de la Sagesse que si Dieu me la donnait, et c'était déjà de l'intelligence que de savoir de qui vient cette faveur je m'adressai au Seigneur et le priai… » (Sg 8,2.21). Tout l’or du monde n’est rien à coté d’Elle. Elle est la richesse du cœur et de l’intelligence qui seule peut nous faire conquérir tout ce dont on a besoin pour vivre ici-bas, plus qu’on peut l’espérer et pour la vie éternelle. La foi de Salomon montre avant tout que tout homme investi de quelque pouvoir humain ne peut s’illusionner d’une sagesse innée ou se prendre pour Dieu. Les voies de la simplicité ou de la vie humble de tous les jours dans la lumière de la Parole, révèlent combien Dieu ne nous comble pas à la manière du monde. Il ne sauve pas dans et par le triomphalisme et le pouvoir mais à travers les voies de la vie simple de tous les jours, puissance et richesse du Verbe qui est le Christ, Sagesse de Dieu en nos cœurs pour la vie éternelle.
2.   Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle?

L’ensemble des choses à faire (tel que l’indique le décalogue cité par Jésus) nous aident sûrement à comprendre et à entrer dans la Sagesse de cet Amour divin qui fait être en Dieu et conduit à la vie éternelle. A partir de l’expérience de Salomon on voit bien que le Règne de Dieu ne peut se réduire à un ensemble de choses à « faire » ou à « posséder ». Il consiste avant tout, à être en communion avec Lui, découvrant que les richesses et les pouvoirs en ce monde sont aussi obstacles à la vie juste et pure. L’homme de l’évangile observe bien la loi. En plus de tout ce qu’il fait, Jésus l’invite à se libérer de ses biens pour le suivre Lui, le Seigneur. C’est la nouveauté ou la Bonne nouvelle, qui n’est pas seulement un renoncement aux biens terrestres mais capacité à créer une nouvelle relation de communion avec Christ : vendre tout n’est qu’une étape, le suivre après s’être libéré de tout est l’étape finale et décisive. Malheureusement nos vues humaines sont telles que comme cet homme, nous restons là à considérer seulement et tristement ce que nous perdons et la nouveauté de vie avec Christ nous échappe. Ce sont ces choses-là, mauvaises habitudes, liens obscurs, attachement aux biens, préférences et autres choix contraires aux valeurs de l’évangile que nous chérissons comme nos richesses. Hélas, ils nous retiennent captifs du péché, de vie sans Christ.

3.   Parole qui libère… !

La Parole de Dieu libère de tous désirs impurs et rend la vie d’ici-bas limpide à la grâce de Dieu pour la vie éternelle. Quand Dieu donna l’opportunité au jeune roi Salomon, à l’occasion de son intronisation, de lui demander ce qu’il voulait, il demanda la lumière de la sagesse de Dieu pour discerner le bien et le mal. L’homme de l’évangile veut vivre sur terre de manière à ne jamais perdre la vie éternelle. Puissions-nous nous préoccuper comme lui de la vie qui vient et plus que lui, nous laisser illuminer comme Salomon. La nouveauté du Christ est déjà dans sa Parole provocatrice qui, en nous, féconde la vraie vie.

    P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO


 

 

DANS LA RICHESSE DE L'ESPRIT DU CHRIST... !


XXVI DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(Nb 11,25-29 / Jc 5,1-6 / Mc 9,38-43.45.47-48)

 

1.   L’Esprit de Dieu repose sur nous… !

Le don de l’Esprit en première lecture est la réponse de Dieu à la prière de Moïse, n’en pouvant plus de supporter les contestations du peuple et autres difficultés inhérentes à la marche au désert (Nb 11,10-15). L’effusion de l’Esprit Saint sur 70 anciens exprime la totalité du peuple vu comme peuple de Dieu nonobstant ses péchés et le don total que Dieu fait de Lui-même à l’homme en difficultés. C’est YHWH qui possède cet Esprit en abondance et qui le donne pour le bien et le bonheur d’Israël. L’effet du Ruah divin (Esprit de Dieu) définit ici par le terme « prophétiser » ne renvoie pas tout de suite au prophétisme classique sinon à la force agissante de l’Esprit divin dans le monde à travers la vie et le comportement des croyants surtout des disciples. Les anciens choisit par Moïse et plus tard aussi les disciples du Christ (symboles des croyants), sont témoins vivants de Dieu qui écoute nos supplications et pourvoie à nos besoins par le don de son Ruah (Esprit Saint). N’oublions pas  que YHWH a prélevé l’Esprit de la part qu’Il avait donnée à son serviteur Moïse. L’Esprit est don de Dieu qui invite au partage mutuel, don qui se communique, se transmet et se diffuse dans l’ordre de l’unique mission autour de Moïse. Ainsi, la grâce de Dieu se répand et fait des disciples collaborateurs à l’œuvre du salut dans le seul Saint Nom de Dieu et de son Christ.

2.   Dans le Saint Nom du Christ… !

L’Esprit souffle où Il veut. (Jn 3,8). L’exclusivisme du « nous et rien en dehors de nous » est une erreur, un péché contre l’Esprit divin. Il consiste à nous substituer à Christ. La réaction de Josué en première lecture et celle du disciple Jean dans l’évangile peuvent conduire à cette dérive exclusiviste et intégriste. A Jean, Jésus demande de ne pas empêcher celui qui prêche en son nom. L’Esprit Saint, Esprit de l’évangile, est don gratuit de Dieu. Quand le « nous ecclésial » devient trop fier de lui-même il risque d’exclure. Excluant, il perd le sauveur et le remplace par de petits seigneurs qui règnent sur les autres… Moïse a compris qu’il ne peut plus tout maîtriser et a aussi accepté que Eldad et Medad choisis par lui puissent à un moment donné de l’histoire se retrouver à prophétiser en dehors du campement au Nom du même Dieu… Jésus insiste sur son « nom » c’est-à-dire sa personne comme l’unique signe d’appartenance à Lui, comme centre vital de la communauté et sa raison d’être et d’exister. La force d’action du chrétien provient de ce nom qui illumine et donne la vraie vie, celle de Dieu. Il est bien profitable pour nous de mourir à toutes les illusions qu’attirent nos mains, nos pieds et nos yeux pour vivre seulement en Christ le seul Bien de l’homme.

3.   Nos richesses sont pourries !
Les mains, les pieds et les yeux peuvent bien être obstacles à la connaissance du Christ pour répondre à l’appel du salut. Derrière ses images se cache l’attrait ou l’attachement aux biens matériels qui aveuglent et nous empêchent de voir Christ comme révélation de la justice divine. Le discours de Jacques n’est pas contre les riches mais contre le mauvais usage des richesses, biens de la terre destinés à tous. Ce qui est pour tous doit être compris comme ce qui est divin et révélé en Christ. Les disciples, purifiés et dépouillés d’eux-mêmes deviendront riches de Lui pour mieux de sacrifier pour le monde.

 
P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO

 

LA GRANDEUR DANS L'ABAISSEMENT ...!


XXV DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(Sg 2,12.17-20 / Jc 3,16-4,3 / Mc 9,30-37)

 


L’aspiration à être grand ou premier n’est pas mauvais en soi. Elle fait partie, pourrait-on dire, du bien vital qui structure chaque personnalité et l’ouvre aux autres. C’est quand elle cesse d’être illuminée par la Parole de Dieu que l’homme devient un possédé de volonté de puissance prêt à écraser les autres et par surcroit Dieu Lui-même.


1.           La fidélité à la lumière de la croix… !


Celui ou celle qui choisit de vivre à la lumière de la vérité de la Parole de Dieu est objet de persécutions. Sa vie gêne, interroge et convainc de péché et de mensonge qui veut demeurer dans l’impiété et les ténèbres du monde. L’expérience de la vie de cette forte colonie de juifs vivant en ce moment (I s. av J.C) sur le delta du Nil en Alexandrie d’Egypte en dit long. Très tôt, au sein de cette société les courants contraires à la croyance juive et à ses traditions se révélaient de nouvelles formes ou normes de vie entrant en conflit avec la Parole de Dieu et mettant en difficulté, le juif pieux soucieux de vivre sa foi. Tous motifs sont bons pour l’accuser. Il vit sans le savoir sa passion, souffrance pour Dieu. En cette passion vécue dans la foi, Dieu se fait présent et agissant. Il n’abandonne jamais ceux qui vont au bout de leur foi. L’expérience de Jérémie, des prophètes et des chrétiens persécutés pour leur foi est preuve que la vraie sagesse est dans la fidélité et le don de soi-même pour les autres, c’est-à-dire du choix de la croix. Qui veut être son disciple doit prendre sa croix et se mettre à sa suite.
 

2.           Qui est le plus grand ?


Le choix de la croix est choix de Dieu et de son Fils comme notre seul et unique sauveur. Si ce choix est fait dans la vérité, il devient chemin de libération. La croix est d’abord cela. Elle libère de l’égoïsme et toutes complications qui nous retiennent captifs du péché et empêche de s’ouvrir et se donner aux autres. La peur ou l’incompréhension et même  le mutisme des disciples devant l’annonce de sa mort est sans doute la peur de tout humain devant la souffrance et le subterfuge d’esquiver le problème du mal et tous autres problèmes réels préférant parler d’autres choses, une autre logique, celle du pouvoir. Le refus d’affronter avec Christ les problèmes et difficultés nous fait faire d’autres choix mondains qui finissent par nous ensorceler et nous posséder. Ici, l’homme devient un possédé, possédé de volonté de puissance. Christ propose à ce sujet la figure du serviteur souffrant à travers l’innocence de l’enfant. L’enfant se sait incapable de se défendre et s’abandonne totalement à sa mère, les yeux toujours ouvert aux merveilles de toute nouveauté. Ainsi, au disciple du Christ sont indiqués, le don et l’abandon de soi comme vraies mesures de toute vraie grandeur.


3.           Comme un enfant… !


Dans l’humilité et l’humble condition de l’enfant, L’abaissement ou même la passion de l’homme devient chemin de salut et exercice de grandeur à la lumière de l’abaissement du Christ. Cet abandon sans calcul, sans hypocrisie et intérêts fait du disciple un enfant digne du Règne de Dieu. La logique du monde ne peut être logique de Dieu. La sagesse du monde est celle de la course aux honneurs, celle de Dieu est
celle de la croix.

 
P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO

 

 

vendredi 21 septembre 2012

VISITE APOSTOLIQUE AU LIBAN, LE COURAGE D’UN PAPE

          Il s’est une fois encore vérifié l’adage selon lequel le bien ne fait pas de bruit. En effet j’ai essayé d’observé tout au long de la semaine les résonnances dans la presse internationale de ce voyage que le Saint-Père a « voulu de toutes ses forces. » Comme il est aisé de le constater, ce sont les violentes protestations nées du film jugé blasphématoire et des caricatures de Charlie Hebdo en France qui ont occupé et continuent d’occuper les médias. Quoi de plus normal quand l’on connait le principe selon lequel bad news are good news.
          Au-delà des images fortes de l’accueil chaleureux, de la signature et de la remise de l’Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente, du pape accueilli par les leaders musulmans avec respect et considération ou du pape s’adressant aux jeunes chrétiens et musulmans sur leur engagement en vue d’un Moyen-Orient pacifique en clair, sur leur avenir en tant que jeunes, je voudrais personnellement souligner le courage exceptionnel de Benoît XVI. Quel chef d’Etat ou de gouvernement aurait pu programmer une visite d’Etat impliquant de grands rassemblements de foules dans une situation aussi explosive ? Le réalisme diplomatique et sécuritaire aurait pu indiquer purement et simplement la voie de l’annulation. Mais Benoît XVI a tenu au maintien du calendrier, comme il le dit dans l’interview sur le vol, pour manifester la sollicitude et la proximité d’un père à des fils en difficulté et pour porter le message de paix, de liberté religieuse et non de tolérance religieuse, dans une région en proie au fondamentalisme et à la violence, véritables falsifications de la religion, toujours selon le Pape.
          Par ce voyage, Benoît XVI montre aussi que la meilleure attitude face à la violence n’est pas la peur mais le courage auréolé de l’amour et de la vérité. Amour pour les populations en difficulté, vérité sur les problèmes mais surtout courage face au spectre de la violence toujours plus bruyante. L’opinion publique libanaise toutes tendances confondues désirait que se prolongeât la visite du Saint-Père. Car dans un climat de tensions, de haines et de violence, personne en réalité ne gagne ni le fort encore moins le faible. Il fallait Benoît XVI en ce moment précis de l’histoire contemporaine du Moyen-Orient pour montrer qu’une alternative à la haine existe, l’amour, que vivre dans le respect réciproque, la compréhension et la fraternité relève du possible, que la liberté religieuse pour tous est gage de paix mais aussi un acte de foi. Il fallait le courage de l’amour et de la vérité pour réussir ce beau témoignage en faveur de la paix. En ces temps, où le fondamentalisme religieux gagne peu à peu l'Afrique subsaharienne, ce message du Saint-Père intéresse au plus haut point les jeunes africains.

P. Eric Oloudé OKEPITCHA

dimanche 16 septembre 2012

NOTRE GLOIRE EST LA CROIX DU CHRIST....!

XXIV DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES (Is 50,5-9a / Jc 2,14-18 / Mc 8,27-35) 1. Le Serviteur souffrant et fidèle Le texte de la première lecture fait partie de ce que la tradition appelle le troisième chant du serviteur souffrant œuvre d’un auteur prophète anonyme de l’après exil (VI s. a. J.C). Il y médite le témoignage personnel du Serviteur fidèle. Sa relation avec Dieu est extraordinairement forte dans la communion et l’écoute de la Parole de Dieu. A cette source de vie, il reprend courage, confiance et force nonobstant les nombreuses persécutions. L’acceptation de la souffrance dans l’obéissance à Dieu relate de façon particulière la force de sa foi et montre que le vrai sens de l’existence humaine consiste à donner valeur à ce qui vraiment le mérite. Une vie heureuse de foi ne veut pas seulement dire vie sans souffrance mais aussi une vie illuminée par la Parole et toute tournée vers Dieu. En la personne du Christ, nous retrouvons l’exemple de cet Israël fidèle, ce serviteur fidèle. Sa Passion est devenue féconde enrichissant l’humanité de la grâce du pardon des péchés et du salut. 2. Le Messie crucifié pour nous ! Nos considérations humaines et calculs trop mondains appauvrissent la foi et redimensionne le mystère du Messie Sauveur à nos critères ou choix préconçus. La véritable gloire du Christ Messie n’est pas dans les actes de force ou de démonstration de puissance mais dans le don suprême de la vie. « Nul n'a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). La réaction de Jésus envers Pierre nous invite à purifier nos fausses images de Dieu et à comprendre que notre seule force et fierté est sa croix et Lui-même Christ crucifié. Le mystère de la croix est ce seul critère, clé de notre foi, accomplissement du Verbe fait chair. Le silence du Christ, disons même le silence de ce Serviteur souffrant est stupidité et idiotie à nos yeux et à ceux du monde. En réalité il est force et puissance qui opère le Bien et arrache à toute idolâtrie. Au Christ n’intéresse pas les opinions en vogue. Ce que chacun de nous porte en soi de vrai et de bien est à offrir comme participation à sa souffrance pour une pleine communion avec Dieu. La « Parole de la croix » nous sauve de toutes fausses divinités que nos religiosités fabriquent, que le monde invente sans cesse et que l’athéisme moderne et triomphant diffuse à son insu. C’est à cela que Christ veut arracher Pierre et nous. 3. Fidélité dans la foi et par les œuvres ! Seule la Passion du Christ sème en nous la vraie passion pour le Bien contre le mal. La vie du chrétien est cette tension permanente à donner réponse à l’appel du Christ dans la foi que nourrissent les œuvres et à travers les œuvres illuminées par la foi. La foi chrétienne ne doit pas être confondue et réduite à une philanthropie encore moins exclusivement à une morale. Elle est vie du Christ offerte dans sa Passion et sa mort qui nous fait vivre. P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO.

dimanche 9 septembre 2012

OUVRE-TOI A LA GRACE DE DIEU ...!

XXIII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES (Is 35,4-7a / Jc 2,1-5 / Mc 7,31-37) OUVRE-TOI À LA GRÂCE DE DIEU… ! 1. Dieu s’engage pour l’homme ! Dieu s’engage aux cotés d’un peuple devenu la proie de ses ennemis, la proie de la souffrance. Il prend sur Lui de défendre Israël. Tout autre chose que notre compréhension ordinaire du mot vengeance ! Venger quelqu’un ou prendre sa revanche, c’est avant tout le défendre et le tirer de ses difficultés. Le prophète parle en contexte de l’exil, en un moment où, rien qu’à considérer les atrocités à eux infligées par les armées de Nabuchodonosor, Israël n’ose plus croire à une sortie ou une fin de crise. Les promesses de guérison, de rétablissement et de libération des aveugles, des sourds, des muets, des boiteux est avant tout, description de ce que Dieu se fait solidaire de la souffrance, de la maladie qui frappe et abîme l’homme. Sa vengeance et revanche c’est qu’Il relève et redonne vie et dignité, nous faisant ses fils. Le rétablissement d’Israël et la guérison du sourd muet de l’évangile de ce dimanche sont signes de ce que Dieu fit un jour pour un peuple ou une personne concrète mais qui traduit dans la réalité ce qu’Il opère tous les jours en nous et pour nous. 2. Effata, ouvre-toi ! Dans les sacrements de l’Église, Christ nous touche physiquement pour nous guérir spirituellement et nous sauver. Cette mission du salut dans le temps et dans l’espace, est universelle et embrasse, et le peuple de la Promesse et les païens et l’humanité entière appelée à se transformer au contact du Christ. Les geste si familiers de Jésus envers le sourd muet sont des gestes par lesquels Dieu nous associe et nous fait participer à sa vie qui relève et fait voir à l’homme que la santé physique n’est ni le tout de la vie ni l’essentiel. Dieu nous ouvre à ce qui nous manque pour être et vivre : la grâce de son salut. Je me suis quelquefois demandé pourquoi Jésus ne guérit-Il pas tous les malades surtout les malades innocents, les enfants. Il le peut. Mais toutes ces situations nous font voir que ce n’est pas la vie tranquille et sans problème d’ici-bas qui importe pour Dieu. « Effata, ouvre-toi » est cet appel à aller au-delà de nos considérations, de nos situations et nous laisser immerger dans la nouveauté du Christ. Ces païens de la décapole l’ont vite perçu et sans une trop grande idée ont fait sans le savoir leur profession de foi en Christ : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7,37). Cette « profession » rappelle celle du Centurion romain au pied de la croix : « Vraiment cet homme était fils de Dieu !» (Mc 15,39. Christ est Celui en qui les promesses de bonheur annoncées par les prophètes se réalisent. Dans le mystère de sa croix, nos pauvretés deviennent richesse de gloire pour le Royaume. 3. Pauvres, mais riches de la foi en Christ ! La pauvreté ou l’infirmité du malade n’a pas bloqué Jésus. Il s’est solidarisé jusqu’à nous faire communier à sa vie. Paul a raison de dire qu’en Dieu il n’ya pas de partialité (Rm 2,11). L’attention aux pauvres est fondamentale dans notre croissance spirituelle. La foi en Dieu révolutionne toutes pauvretés et nous élève. Ce n’est pas l’argent ou la richesse qui donne valeur à l’homme mais la foi. P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO

dimanche 2 septembre 2012

L'ECOUTE ET L'OBSERVANCE DE LA PAROLE DE DIEU... !

XXII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES (Dt 4,1-2.6-8 / Jc 1,17-18.21b-22.27 / Mc 7,1-8.14-15.21-23)

1. Loi de Dieu notre bonheur…!

La loi que Dieu a promulguée pour Israël est sa Parole, don de son amour source de vie et de bonheur sur la terre qu’il donne à son peuple. En cette Parole, Il génère et re-génère le croyant dans la vérité selon le mot de l’apôtre Jacques (Jc 1, 18). On comprend mieux pourquoi le lien est aussitôt fait entre l’obéissance à cette loi de Dieu et l’héritage de la terre. L’obéissance est la condition pour en prendre possession. Une fois sur cette terre promise, l’obéissance à Dieu est et sera encore l’unique condition pour y vivre et y demeurer en permanence heureux. Mc 7,8 met explicitement et clairement le commandement de Dieu au centre et au-delà de ce que l’imagination de l’homme ou son égoïsme peuvent produire et qui finit par s’imposer et l’écraser, rendant inhabitable la terre.

2. La Parole de Dieu libère de toute oppression !

La Sagesse de Dieu ou son commandement est la réalité fondamentale qui doit donc orienter l’homme et son agir vers la volonté divine, source de toute richesse et bien sur terre. L’expérience du peuple élu est un paradigme, un exemple et modèle de ce que, celui ou celle ou le peuple qui vit de Dieu et en Dieu, vit pour le bonheur en une terre de justice et de paix où ruisselle l’abondance. Dans l’évangile Jésus ne fustige pas les traditions humaines pour ce qu’elles sont l’ensemble des richesses culturelle, historique et théologique reçues des anciens. Elles aident à honorer l’identité humaine sociale et culturelle non comme exclusion des autres mais comme tremplin pour entrer dans la force et la lumière de la Parole de Dieu et pour affirmer notre croyance en la centralité de l’homme comme de fils de Dieu. Une tradition qui ne s’ouvre pas à la nouveauté du Christ exclut au nom de Dieu et dénature en nous l’image de Dieu. Le primat de l’homme image et ressemblance de Dieu est le cœur même de la Bonne Nouvelle du Salut à laquelle nous devons nous convertir pour nous préserver du risque de vivre « séparés » c’est-à-dire comme des pharisiens, séparés des autres pour mieux appartenir à Dieu. La vie selon l’évangile est celle qui nous fait être homme avec les autres pour vivre de la vie divine dont Christ nous fait don prenant notre nature divine.

3. Christ, don de Dieu venu d’en haut !

Cette Parole est Christ. En Lui et par Lui la vie humaine devient capable de Dieu. Tout ce qui est humain devient chrétien et ce qui est chrétien doit être authentiquement humain. Sa vie qu’Il donne dans le pain eucharistique germe en nous la vie éternelle. L’accueil et l’écoute de Lui, verbe de Dieu est source de cette félicité. Les relations que la vie de tous les jours font vivre sont le lieu où nous éprouvons le vrai sens du sacrifice Christ : « mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l'écouter ; ce serait vous faire illusion. Devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c'est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde. » (Jc 1,27).

P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, bibliste.

jeudi 16 août 2012

Où VA LA REVOLUTION EGYPTIENNE ?

Le week-end dernier aura été marqué par un coup de théâtre en Egypte. Le tout nouveau président Mohamed Morsi, écarte subtilement le maréchal Hussein Tantaoui, ministre de la défense, ex-chef d’Etat de fait après la chute de Moubarak, invité à faire valoir son droit à la retraite qu’il meublera avec le beau rôle de conseiller militaire du chef de l’Etat. Par ailleurs, la « Déclaration constitutionnelle complémentaire » du 17 juin dernier accordant à l’armée de larges pouvoirs sur le législatif a été aussi abrogé. Le nouveau président concentre désormais les pouvoirs législatif et exécutif.
D’un certain point de vue, cette situation paraît prévisible. Le nouveau président se devait de prendre en main la situation dès le départ ou il ne ferait plus jamais, compromettant définitivement les espoirs de changement de la population. Il fallait démêler l’écheveau de l’armée et du pouvoir exécutif pour que chacun joue son rôle. Cette décision a été surtout saluée place Tahrir par les Frères musulmans. Ce qui est tout un symbole, car surpris par le tournant pris les événements, les partisans de la laïcité voyaient encore dans l’armée un ultime rempart contre une récupération totale des acquis de la révolution par une frange de la population.
D' un autre point de vue, l’armée pourrait-elle s’accommoder de sa nouvelle situation sachant qu’elle a toujours géré non seulement la défense nationale mais aussi les affaires et d’une certaine manière, le pouvoir ? L’histoire politique du continent africain nous révèle plusieurs épisodes où une mise en péril des intérêts de l’armée a souvent conduit à la catastrophe. L’appel des Etats-Unis à une collaboration franche et consensuelle entre l’exécutif et l’armée est tout à fait fondé pour éviter tout dérapage qui serait plus chaotique que la situation remise en cause par les révolutions.
Mais la grosse question reste bien celle-ci : que sont devenues les revendications de la génération Facebook qui a contraint Moubarak au départ ? Où sont-ils maintenant alors que les Frères Musulmans dominent la vie politique dans la logique démocratique qui veut que le parti ou la coalition ayant gagné les élections gouvernent ? La liberté recherchée pourrait-elle naître des cendres de la dictature de Moubarak ? Où passeront-ils subtilement à une nouvelle dictature, cette fois-ci religieuse ? Comment bâtir une société libre et démocratique quand l’on est issu d’un parti religieux ? Les prochains mois nous renseigneraient davantage…

P. Eric Oloudé OKPEITCHA

samedi 11 août 2012

PAIN DE VIE ET D'AMOUR FRATERNEL...!

XIX DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES (1 R 19,4-8 / Ep 4,30-5,2 / Jn 6, 41-51) 1. « Lève-toi et mange !» La démonstration de force du prophète Elie sur le mont Carmel contre le mensonge et la fausseté des prophètes de Baal lui attire la haine et les persécutions de la reine Jézabel. L’«homme de Dieu » prend la fuite. Il se sent seul et découragé. Il entre en crise… « C'en est assez maintenant, Yahvé ! Prends ma vie… » (1 R 19,4) L’ange du Seigneur l’éveille à consommer l’eau et le pain miraculeux et accueillir la Parole de Dieu pour reprendre des forces. Sa fuite pour se sauver se transforma en un pèlerinage sur l’Horeb, une rencontre avec Dieu. Sa crise devient nouveau départ ou redécouverte du Dieu de ses Pères aux sources de la vraie foi. Elie nous offre une expérience fortifiée par la Parole de Dieu et le Pain de vie, soutient spirituel de l’âme, de l’esprit et du corps qui nous ouvre à la vraie union avec Dieu. « Lève-toi et mange » : l’insistance de l’ange relève implicitement qu’il est un pain spécial aux bienfaits inimaginables que les promesses humaines ne peuvent procurer. 2. Le Pain que Dieu nous donne ! Cette nourriture est celle qui nous fait entrer dans la pleine connaissance de Dieu et nous fait, nous savoir comme ses fils. Se savoir fils et filles de Dieu est l’annonce de la vie qu’Il nous donne dans le Pain de vie. Ce Pain que nous consommons, don de sa vie, nous immerge dans l’action salvifique que Dieu-Père a inauguré dans le Fils. Ce n’est plus la manne du désert qui rassasiera. Jésus Lui-même s’est nommé à la place de la manne, vrai Pain. Contre cette vérité se dressent « les murmures », nos doutes, nos manques de foi en un mot une crise qui est refus de voir dans le Fils du charpentier de Nazareth, le Fils de Dieu et Dieu Lui-même, rejet des mystères de l’Incarnation et de la Croix. Ce Pain de vie que nous recevons dans l’Eucharistie est Christ Sagesse, Lumière du monde que Dieu nous révèle. Dans la communion de l’Esprit, le Père à son tour nous le révèle vrai Fils en qui nous devenons fils et frères. La fraction du pain de tous les dimanches exalte en nous cette circularité vive d’Amour, force qui divinise et transforme faisant de nous pleinement hommes pour l’incarner à notre tour. 3. Incarner Christ Pain de vie… ! Incarner Christ Pain de vie, passe par la foi, cette foi qui lie notre vie à sa vie, et nous laisse nous conduire et instruire par Dieu (Jn 6,45). L’école de Dieu à laquelle l’évangile de Jean nous convie est l’accueil de la vie du Fils, Pain et Parole de vie. Vivant en Lui, nos vies deviennent incapables d’égoïsme et du mal car Christ-eucharistie est puissance du Bien, Lumière et force de l’Esprit qui pousse à la donation de soi pour les autres. L’imitation de l’amour du Christ dans l’offre du pardon et la le partage de sa miséricorde entre nous, est une conséquence logique de l’eucharistie, pain et l’eau qui donne vie dans les souffrances de nos frères et sœurs. P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO

dimanche 5 août 2012

CHRIST, VRAI PAIN DU CIEL ...!

XVIII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES Ex 16,2-4.12-15 / Ep 4, 17.20-24 / Jn 6, 24-35) 1. Le Pain de la liberté … ! L’histoire de la manne au désert est sujet à multiples interprétations. L’une des curiosités scientifiques l’identifie au produit nutritif qui au désert provient d’un arbre, le tamerix mannifera. Sans contredire ces identifications possibles pour l’approfondissement nécessaire et renouvelé de notre compréhension du mystère divin, la manne est bibliquement l’expression des libéralités du Seigneur auxquelles l’homme se doit de répondre par une profession de foi toujours renouvelée. Comme Israël, les nombreuses difficultés de la vie, les insécurités et misère du désert nous font faire l’expérience de notre précarité. Dieu ne change pas selon les circonstances de souffrance ou de joie extérieures. Il ne reste pas indifférent à nos insécurité et pauvreté du désert. Il nous veut siens. La « nostalgie de l’Egypte », terre d’esclavage ou le désir d’y retourner ne traduit pas seulement la peur d’affronter l’aridité ou l’inconnu de la nouveauté mais le refus de se laisser conduire et éduquer par Lui. Les nombreuses murmures peuvent dangereusement faire naitre le soupçon et le manque de foi. Le pain de la liberté ou le pain de notre salut a un prix, celui du choix de Dieu et l’acceptation de la souffrance. Le choix contraire est repli sur soi-même, fermeture à l’espérance et à la grâce divine. Le don de la manne est l’épreuve qui n’est pas seulement à comprendre comme malheur ou mise en examen. C’est le signe qui certainement vérifie la qualité de notre élection de Dieu comme « vrai pain de vie » et signe comme photographie qui donne l’avant-goût de son amour libérateur et purificateur en Christ. 2. Le Pain de vie… ! C’est Lui le Fils, « pain de vie » qui délivre de la manne de tout ce qui est passager et artificiel. Nos Pères l’ont mangée au désert et sont morts. Ce pain qu’il donne est le pain de l’immortalité car la communion à son corps et son sang, régénère l’humaine nature et lui communique la vie divine. On comprend aisément le saut qualité que Jésus a voulu nous faire faire dans son enseignement sur le pain de vie en Jean. Cette nette différence entre la manne, cette nourriture matérielle et la nourriture spirituelle qu’Il donne à une première vue est affirmation de sa supériorité sur Moïse, et plus, elle invite à nous ouvrir aux richesses de sa Parole qui crée toute chose nouvelle. Croire en Lui fait irradier en nous ses richesses qui sauvent de toute faim et soif de ce monde. Ce n’est pas seulement la production ou la surproduction de fruits qui nourrit l’homme. C’est sa Parole qui fait subsister celle ou celui qui croie en Lui (Sg 16,26) « L'homme ne vit pas seulement de pain mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu » (Dt 8, 3). Ce Pain-Parole qui sort de sa bouche est le verbe qui nous re-crée. 3. Le Pain qui fait l’homme nouveau… ! L’indication de Paul à propos de la nouveauté apportée par Christ est claire : « …vous ne devez plus vous conduire comme les païens qui se laissent guider par le néant de leurs pensées.» (Ep 4,17) Les croyants-disciples du Christ sont ceux qui vivent dans lumière du Christ et se dépouille totalement du vieil homme et ses soubresauts. En Lui et avec Lui « Pain de vie et Pain nouveau » nous devenons des hommes nouveaux pour un monde meilleur. P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO

samedi 28 juillet 2012

LA PUISSANCE DU PARTAGE...!

XVII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(2 R 4,42-44 / Ep 4, 1-6 / Jn 6, 1-15)



LA PUISSANCE DU PARTAGE…!

1. Partage le peu … !



Le miracle de la multiplication des pains d’orge fait partie des textes que les écritures appellent le cycle d’Elisée. Ce miracle prouve comme beaucoup d’autres, l’authenticité de la mission de ce prophète fils spirituel et successeur du grand prophète Elie. Sans perdre de vue les intentions de l’écrivain biblique, il confirme la force agissante de Dieu, la surabondance des biens dont il comble son peuple. C’est Dieu qui pourvoie aux besoins de ses fils et filles qui dans la misère crient vers Lui et aux temps qui sont les derniers, fait de son Fils, « le vrai pain qui descend du ciel.» Sans contredire ce rappel théologique nécessaire des textes de ce Dimanche, nous n’oublierons pas qu’il s’agissait en première lecture, des offrandes des prémices, offrandes de reconnaissance des bienfaits du Seigneur (Lv 23,17-18) portées à Elisée et à ses disciples vivant près du sanctuaire de Galgala… Le prophète ordonna que le peu de pain de l’homme, offert à Dieu par amour en reconnaissance de son Amour sans mesure, soit distribué à une foule tout comme Christ ordonnera à Philippe et à André et aux disciples de partager 5 pains et 2 poissons à plus de cinq mille hommes. Le peu partagé dans la foi devient grâce et bénédiction. L’indigence offerte dans l’humilité de l’écoute de la Parole de Dieu ouvre la finitude de l’homme à l’infini de Dieu. L’espace divin devient naturellement espace d’humanisation d’un Dieu qui en Christ prend le chemin de la souffrance de l’homme.



2. Partage, dans la foi et l’écoute…



Dans le texte d’évangile prévaut non une logique d’accumulation ou de sauvegarde de quelque chose mais celle du don et du partage par lesquels le peu devient source de l’abondance comme ironiquement le relève le texte : on a recours à un enfant, un garçon pour résoudre un si grand problème. Le peu ou la petitesse a toujours un prix de grandeur et de profondeur spirituelle. Par là, on peut dire que l’esprit d’accumulation tue toute initiative humaine de développement. Et l’on ne peut gagner qu’après avoir perdu. Le gain personnel n’est pas ce qui est ici recherché sinon le Bien de tous. Partant comme Philippe du légitime souci humain de moyens efficaces pour trouver solution aux problèmes humains, nos forces humaines capitulent et capituleront toujours. André est presque sur le même plan de difficulté que Philippe à la différence qu’il ouvre le peu humain à la grâce divine dans l’espérance. Sans cesser d’être perplexe devant l’immensité du problème, il (André) s’est peut-être rappelé son catéchisme de l’Ancien Testament où YHWH, par son prophète Elisée, a nourri les foules à partir du peu. La foi est mémoire des merveilles du passé qui s’ouvre à la présence éternelle de Dieu dans l’aujourd’hui. Partant de l’humilité d’une foi qui sait se tourner vers Dieu en Jésus-Christ et dans un esprit de don de soi, nous jetterons le filet pour une « pêche miraculeuse.» La Parole de Dieu donne sens et signification à la vie humaine et fait comprendre que le travail ou le bien d’un individu ne lui profite que quand il peut être bien-pour-tous. C’est une vérité toute chrétienne : la dignité de l’homme vient de sa capacité d’être don de soi pour les autres. Le miracle de la multiplication des pains s’appuie sur les biens humains en nos mains. André a compris que ce signe-miracle n’adviendra pas sans collaboration de chacun d’entre nous dans le partage et non d’abord dans l’hyperproduction de biens et services pour assouvir la faim. Les richesses de la terre partagées dans le respect et la foi, suffiront pour orienter nos regards vers biens éternels à venir. C’est pour ces biens que Christ s’est retiré de la foule qui veut le faire roi c’est-à-dire le faire tristement demeurer esclave et prisonnier de cette terre.



3. Partage, dans l’Amour et l’Espérance à venir…



L’intention de la foule de le faire roi peut apparaître une légitime reconnaissance de la puissance divine. Jésus sait cependant que se laisser aux honneurs pour le bien qu’on a fait ou les traduire en pouvoir politique de quelque nature que ce soit tue le charisme, tue la révélation… Des mouvements et associations ecclésiales doivent humblement en tirer leçon. La multiplication des pains ne peut que devenir rare dans un univers chrétien ou on cherche à tout pris à lutter pour être roi ou pour des poses...



Chelbin Alfred Wanyinou HONVO







vendredi 27 juillet 2012

POURQUOI ABANDONNENT-ILS LEUR CONTINENT ?


      « Ils » les jeunes africains abandonnent en masse le continent africain à la recherche des lendemains meilleurs sous d’autres cieux, Europe, Canada, Etats-Unis… Quel jeune africain ne rêve pas de poser un jour ou l’autre devant la tour Eiffel ou devant la statue de la liberté qu’il a toujours vues sur le net ou dans un reportage ? Ne dit-on pas que le monde est devenu un « village global » ?

Et si après le Baccalauréat, il se heurte aux conditions difficiles de vie et d’études dans les universités africaines souvent pléthoriques  et presque toujours marquées par une pénurie criarde de personnel enseignant qualifié et de matériel didactique, il commence par nourrir le  désir de fouler de ses pieds les couloirs des universités étrangères, à la quête d’une formation meilleure. A-t-on oublié que la plupart des élites actuelles de nos pays africains ont été formées dans lesdites universités ?

Et si par bonheur, il réussissait à finir ses études universitaires sur place (ce qui n’est pas donné à tout le monde)  il expérimentera chemin faisant, quel que soit son secteur d’activité,  les lourdeurs et autres magouilles administratives aussi paralysantes les unes que les autres. Naîtra alors une envie, celle de s’échapper pour des conditions plus valorisantes de la compétence  et du mérite sous d’autres cieux.

Quand se dégradent les conditions sociales et économiques et que, par surcroît, la stabilité politique disparaît dressant le lit aux conflits et guerres, le jeune africain prend la route de l’exil pour échapper à la misère ou  au massacre dans le cas des conflits. Dans son nouveau pays d’accueil, il se dit prêt à n’importe quel travail pour survivre, vivre et faire vivre. Mon cœur d’africain saignait au cours de la crise libyenne en voyant débarquer sur les côtes italiennes, dans des conditions héroïques pour ne pas dire tragiques, des milliers de réfugiés africains. Interrogés certains ont crié leur malchance : ils ont tout bradé pour aller en Libye et voilà que deux ans après, sans épargne consistante, ils sont contraints de fuir les combats. Retourner au pays… ils n’ont plus rien là-bas sinon que tout le monde attend d’eux quelque chose. Unique possibilité, continuer l’aventure en tentant l’Europe..

Les raisons sont infinies pour lesquelles, les jeunes africains prennent la décision d’abandonner leur continent. Et en quelques années, ils ont investi l’Europe, le Canada et les Etats-Unis jusqu’à devenir aujourd’hui un problème de société par rapport auquel les partis politiques sont invités à prendre position, tiraillés qu’ils sont entre l’ouverture et le repli sur soi, à la faveur de la crise qui les secoue aussi.  

Et l’érosion des forces vives du continent africain continue entre rêve, envie, désir et ambition... Mais que deviennent-ils et que font-ils réellement une fois partis ?

P. Eric Oloudé OKPEITCHA

samedi 21 juillet 2012

CHRIST, NOTRE PAIX... !


XVI DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES

(Jr 23, 1-6 / Ep 2, 13-18 / Mc 6, 30-34)

  1. …Je rassemblerai moi-même mes brebis !

Jérémie est dur envers de tous ceux qui ont charge d’Israël, chefs religieux, rois… L’oracle prononcé au temps du roi Sédécias ne l’épargne pas non plus... Ils ont trahi les promesses divines (apostasies et idolâtries sous toutes formes) et fait perdre le chemin de la vie au peuple. Dieu promet un nouveau et bon pasteur, de la dynastie davidique. C’est Lui qui rassemblera le peuple et le fera paître aux sources de la Parole de Dieu qui libère et sauve. Cette ère nouvelle sera l’ère de la justice et de la paix que le peuple verra s’accomplir dans de nombreuses figures historiques. Mais elle s’accomplit vraiment en Christ, Fils de David (Mt 1,1) qui inaugure les temps nouveaux… Le nom Sédécias imposé au roi par les colons babyloniens signifie « Seigneur-ma-justice » contrairement à celui du Messie de Dieu qui désormais sera « Seigneur-notre-justice ». le Seigneur  est pour tous, prend soin de tous. La charité pastorale se substitue à l’égoïsme. Devant la misère du peuple, Jésus « fut saisi de pitié envers eux parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement » (Mc 6,34). Il se révèle ainsi pasteur messianique enseignant et après, leur donnera à manger. Autour de Lui les disciples font l’expérience de l’être-pasteur.


  1. …Autour de Jésus !

Tout joyeux, les envoyés de Jésus reviennent rendre compte de leur expérience de semeurs d’évangile. Dans toute l’œuvre de Marc, c’est ici et ici seulement que les douze sont désignés « apôtres ». Leur mission est en parfaite continuité avec celle du Christ, et le pose comme centre de gravité. La mission part de Jésus et revient encore à Lui, le vrai Pasteur. Il est le point de départ et d’arrivée de toute vraie et authentique vie chrétienne. La présence de la foule démontre une soif toute particulière, un besoin intense et très fort de la Bonne Nouvelle que la société ne donne et ne peut donner. Les mensonges et toutes sortes de dominations politiques successives (dominations Assyrienne, Babylonienne, Perse, Grecque et Romaine…) ont ruiné le peuple. Le monde d’aujourd’hui n’en est pas loin. Il n’y a que le Fils de Dieu qui démontre une sollicitude gratuite et est prêt à sacrifier sa vie. Il est le bonheur et la paix à l’école de qui tous devront se mettre. Les apôtres l’ont compris. Avec Christ, la vie humaine se revêt de toute sa splendeur. Pour eux, être missionnaire signifie avant tout capacité à vivre avec Christ comme centre vital de tout. Apprendre à vivre avec Lui pour une intimité de repos, de silence de solitude féconde de paix. Le désert est le lieu où Dieu après la libération d’esclavage d’Égypte, s’est montré de manière particulière à Israël et lui a parlé au coeur. Savoir prendre le désert en Christ, c’est savoir vivre de Lui et en Lui pour une histoire particulière d’amour en un « seul à seul » dans la prière qui nourrit et féconde l’apostolat et la vie chrétienne. Le chrétien n’est pas un activiste qui passe d’une activité à une autre dans une fatigue accablante. Mais celui qui sait se reposer et se ressourcer en Lui, comme si on parlait d’une Christothérapie, Christ qui guérit nos blessures intérieures et opère toute vraie libération. En Lui, l’homme retrouve Dieu qu’il a perdu et peut perdre à tout moment à cause du péché.


  1. …Proches de Dieu par le Sang du Christ !

Par son sacrifice sur la croix Il délivre l’humanité d’une vie dépourvue de sens et de signification et réconcilie le monde avec Dieu. Son sang versé réhabilite tous, sans distinction de race et de culture, à devenir peuple de Dieu. Le mur invisible qui séparait les nations entre elles est tombé. Le mystère de la croix fait de tous ceux qui l’accueil, dignes de la grâce d’Amour qui libère et procure la Paix. L’humanisation de Dieu en Christ, a ouvert la divinité en Christ à l’humanité. Tout ce qui est chrétien est humain. C’est la grande nouveauté de l’œuvre de rédemption en Christ, notre vrai Paix.

P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO


samedi 14 juillet 2012

ANNONCER LA RICHESSE DE SA GRACE... !


XV DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
(Am 7, 12-15 / Ep 1, 3-14 / Mc 6, 7-13)
1.    Je ne peux pas ne pas prophétiser… !

Dans le tout nouveau Royaume du Nord né des péripéties de la sécession après la mort du roi Salomon, Dieu suscite Amos prophète presque à la même période qu’Isaïe à Jérusalem au Sud (Is 1,11-14). C’était un prophète au langage virulent et quelques fois violent s’opposant aux disparités sociales… Samarie connaissait un certain essor économique qui contrariait avec la misère de la grande majorité du peuple. L’insolence des richesses aux mains de quelques uns faisait s’interroger le prophète sur les grands idéaux de l’exode à savoir, la liberté, le droit des familles et de chacun à vivre sereinement sur la terre promise à tous et donc le droit d’avoir une maison et un travail digne. La vie quotidienne n’est-elle pas ou ne doit-elle pas être reflet de la volonté de Dieu et de sa justice? Le mérite d’Amos est d’attirer l’attention sur le lien intime entre culte et vie, profession de foi et justice (Am 5,21-27). Un tel langage de vérité blesse et menace la stabilité du royaume. Amasias prêtre courtisan, sent aussi les service du prophète dangereux et lui intime l’ordre de se retirer et de retourner chez lui au Sud (vv. 12-13). Amos lui répond : je ne suis pas un homme en quête de faveur…j’avais un métier, une maison…furent-ils modestes quand Dieu m’appela.. je ne peux pas ne pas prophétiser. Une réponse aussi simple mais profonde qui laisse transparaitre la crédibilité de son appel et la puissance libératrice de la foi en Dieu.


2.    Une mission libératrice au nom du Christ !
La crédibilité du missionnaire passe par sa capacité à braver l’adversité pour témoigner. Un témoignage qui part de la communauté : « Il les envoie deux à deux ». L’évangile n’est pas une affaire individuelle. La vie en communauté fertilise la Parole de Dieu et en fait la force d’amour des uns envers les autres dans l’unique amour divin qui nous sauve. La substance de la mission est d’annoncer Jésus le Christ Bonne Nouvelle qui arrache les peuples au mal où les esprits impurs de ce monde les retiennent captifs. Entre autres consignes, Marc souligne qu’ils ne doivent rien emporter c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas compter sur leurs propres sécurités et moyens humains pour l’annonce du Règne de Dieu. Il s’agit là d’un appel incessant à s’armer pour toute sorte de traversée du désert, le désert du martyre et des persécutions. En première lecture, Amos en est un exemple de fidélité et de détachement qui libère des biens de ce monde et toutes autres faveurs qui distraient et obscurcissent l’évangile. Être apôtre c’est-à-dire envoyé du Règne de Dieu est aussi appel à vivre la pauvreté comme sacrement de foi, foi en Celui qui envoie, voit et pourvoit. Sans l’esprit de pauvreté il n’y a pas de foi chrétienne qui tienne. C’est elle qui aide à ne pas tomber dans les piège de l’autosuffisance personnelle et de la bureaucratie idéologisant  pour toujours laisser place à l’action de l’Esprit Saint unique moteur de toute annonce parce qu’Il nous fait comprendre le projet d’amour de Dieu sur l’humanité.

3.    Récapituler toute chose dans le Christ !
L’humanité n’existe pas par un pur hasard. Elle s’insère dans un projet d’amour où nous marchons dans la Lumière pour une communion intime avec Dieu. Il nous fait ses fils en son Fils Jésus Christ, privilège d’amour qui nous régénère et nous fait conquérir sa ressemblance et son image que le péché détruit. L’annonce et l’accueil de l’évangile sème en nous cette réalité de salut, richesse de sa grâce.

P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO


jeudi 12 juillet 2012

CRISE SYRIENNE, ENTRE DIPLOMATIE ET SOLUTION MILITAIRE


Dans un article daté du 14 février dernier, intitulé « crise syrienne, l’impasse ou les négociations », nous avions tenté de montrer en quoi la situation libyenne était différente de celle syrienne et d’indiquer la voie des négociations comme la plus sage et la plus intelligente géopolitiquement : « Pour notre part, étant donné que les conflits finissent toujours sinon souvent autour de la table des négociations, il est peut-être plus sage de ne pas verser trop le sang humain avant de s’y rendre. Les rapports de force entre rebelles et forces loyales sont disproportionnelles. Le régime syrien ne montre pas encore des signes d’essoufflement ou de fissure malgré les sanctions imposées par certains pays. L’Onu peine à s’accorder sur une action concertée. Les deux pays capables d’une action unilatérale (France et USA) sont pratiquement en campagne électorale avec une réélection qui s’annonce difficile pour leur président respectif. Un appui direct et militaire devient peu probable eu égard à l’opinion peu favorable de ces deux pays aux interventions militaires. La ligue arabe est-elle en mesure d’intervenir militairement sachant que le régime syrien conserve encore des alliés de taille dans la zone ? Rien n’est moins certain. »

Près de cinq mois plus tard, les faits nous donnent dramatiquement raison. La situation, loin de s’améliorer, s’empire dans la mesure où l’hypocrisie règne en permanence dans les tentatives de  résolution. Effort diplomatique le jour par soutien officiel aux actions en vue d'une solution politique et négociée de Koffi ANNAN et  dans l'ombre, on essaie d’armer qui les rebelles, qui le régime. Du coup, les deux parties  sont pleinement entrées dans la logique de la guerre et se fient désormais à une solution militaire qui n’a jamais été la meilleure au grand dam des populations au service desquelles chaque partie prétend se mettre. En somme, une situation de guerre meublant simultanément les pourparlers de paix.   

Les occidentaux, fidèles à leur  traditionnelle clé de lecture des événements qui aboutit  presque toujours  à la désignation du « camp du bien » et du « camp du mal » ont déjà fait leur option ; option relayée par les médias occidentaux France 24 ou TV5 pour ne citer que ceux-là. A grand renfort de vidéo amateur avec les mêmes cris, avec un décompte macabre régulièrement mis à jour par l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme dont certains mettent en doute l’impartialité et l’objectivité, les occidentaux tentent de rallier l’opinion publique internationale à leur cause. Point n’est besoin d’être expert ou professionnel de communication pour voir le service informatif amplifié fait sur un général qui fait défection alors qu’on ne sait rien du nombre de généraux que compte l’armée syrienne ni la position hiérarchique du général démissionnaire ou tombé en disgrâce. Les récits des opérations militaires des rebelles de plus en plus armés et organisés sont pratiquement inexistants, mais les bombardements du pouvoir  sont montrés à longueur de journées. Mais tous les observateurs et analystes avertis et dépourvus de parti pris s’accordent pour dire que la situation syrienne est plus compliquée qu'on ne le pense. La logique de guerre est désormais installée. L’assiette sociale du régime se fragilise avec les grèves lancées par les commerçants,   contraignant le régime à ne tenir que par la force. Ce qui évidemment ne peut durer indéfiniment rien que par le fait de la lassitude du peuple pris en otage entre deux feux. Quelle garantie avons-nous qu’un éventuel chaos syrien n’embrasera pas la sous-région ? dans quel cas de figure serions-nous au lendemain d'une éventuelle chute du régime, sachant que les occidentaux ne s'attardent pas en général sur le « service après-vente » pour reprendre une expression du Canard enchaîné  du 4 juillet 2012 sur la situation en Lybie. Qui pourrait prétendre connaitre  à fond le projet politique des opposants dont on connait bien les divergences ?   

A notre humble avis, il faudrait que les syriens acceptent de se regarder en face pour trouver un compromis autour des changements à apporter à la vie politique de leur pays sachant que ce pays leur appartient, majorités ou minorités, musulmans de tous bords et chrétiens. Le caractère mosaïque de leur pays le recommande vivement ; de plus une intervention militaire extérieure, dans leur cas, est peu probable pour des raisons politiques, militaires et économiques. Le sang des milliers d’innocents exige la recherche du compromis politique. Enfin  qu’ils n’oublient pas qu’ils sont en train de détruire leur beau pays…

P. Eric Oloudé OKPEITCHA     


LE SCANDALE DE LA FOI... !


XIV DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B

COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
(Ez 2, 2-5 / 2 Co 12,7-10 / Mc 6, 1-6)
Ezéchiel tout comme d’autres prophètes avant lui et Jésus font la douloureuse expérience du rejet. Ils sont messagers de la Parole du Seigneur qui met en crise parce qu’Elle secoue nos lieux communs d’illusion. Marc l’évangéliste dit successivement que les gens de Nazareth étaient « étonnés » puis « scandalisés » car vérité ou la lumière de la foi pose problème à qui reste prisonnier du mensonge ou des ténèbres.


1.   Vers les cœurs endurcis !


L’Esprit du Seigneur envoie Ezéchiel en une mission difficile faite de rejet et de persécutions. Sa vocation à servir Dieu ne sera de toute joie. Le message qu’il porte est la Parole du salut destinée à un monde hostile que le Seigneur définit, « peuple de rebelles qui s'est révolté contre moi, … cœur obstiné, … engeance de rebelles », un peuple infidèle et pécheur qui accuse Dieu de sa situation d’exilé et d’esclave en Babylone. La destruction de Jérusalem et du temple en viennent ajouter au refus d’accueil de la Parole de Dieu et de son prophète. Nonobstant le refus et les souffrances subis, la Parole doit être annoncée et le prophète doit se faire davantage présent. La présence de ce dernier au milieu de ses frères est et sera la preuve que Dieu est toujours Dieu-avec-son-peuple : « qu'ils écoutent ou qu'ils n'écoutent pas, ils sauront qu'il y a un prophète parmi eux » (Ez 2,5). Le chrétien ne fuit pas les crises de son temps. Accueilli ou pas, la faiblesse apparente de sa pauvre présence est une grâce qui fait germer la force d’une vie nouvelle de libération.


2.   Jésus rejeté par les siens !

De même dans l’évangile, les gens de Nazareth ne sont pas prêts à accepter Jésus comme fils de Dieu malgré les nombreux signes et merveilles dont ils étaient témoins. Leur connaissance de Lui a du mal à se détacher des l’état civil (sa famille, sa parenté, son métier…) et autres préjugés. Mais quand la familiarité vécue est uniquement celle des sens et des seules apparences, le cœur et les yeux s’enténèbrent et rejettent toute lumière et nouveauté divines. Les raisons secondes prennent le pas sur les raisons premières dans la connaissance de Dieu ; et son Christ n’est connu et apprécié que « selon la chair » (2 Co 5,16). Or la seule « vie selon la chair » est source de mort. Le Fils de Dieu est rejeté. L’homme refuse d’accepter et d’accueillir Dieu dans l’humilité de sa nature humaine, refus de voir Dieu prendre nos chemins, de devenir personne. Le rejet du Fils de Charpentier de Nazareth est plus que jamais d’actualité. C’est le péché moderne qui nous guette et tant que Dieu ne sera pas accepté comme Dieu incarné, Dieu personne, Dieu-avec-nous, la porte sera ouverte à tous les paganismes où le diable opère sans gène parce que nous lui offrons l’occasion de se masquer en ressemblance de Dieu. Le salut ou la puissance de Dieu s’opère dans l’histoire concret de l’homme en ses souffrances concrètes. Dans l’Homme concret Jésus, Dieu rencontre les hommes et vis versa.

3.   La puissance de Dieu se manifeste dans la faiblesse !

Paul parle aussi des rejets dont il a été victime. Il confesse sa faiblesse : « une écharde dans la chair » et de « l’envoyé de Satan »  (2 Co 12,7). De quoi est-il exactement question ? Les recherches scientifiques bibliques s’en sont longtemps occupé et s’en occuperont encore. S’agit-il d’un péché, des stigmates, d’une maladie, de quelque tentation diabolique ou le rejet de l’évangile par ses propres frères de race… ? l’important est d’accueillir l’intention rhétorique et pédagogique où s’expriment l’humilité et la docilité de l’envoyé de Dieu. Paul s’est rendu compte que ce ne sont pas ses capacités humaines spirituelles et intellectuelles qui opèrent mais c’est Dieu qui travaille en nous. Le Seigneur se chargent de nos faiblesses pour révéler sa puissance. Il vient à notre rencontre dans les visages ordinaires de la vie des hommes, de leur histoire, des sacrements… et la foi devient une pierre angulaire sur laquelle bâtir la vie et non pierre d’achoppement.

 P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO