jeudi 16 août 2012

Où VA LA REVOLUTION EGYPTIENNE ?

Le week-end dernier aura été marqué par un coup de théâtre en Egypte. Le tout nouveau président Mohamed Morsi, écarte subtilement le maréchal Hussein Tantaoui, ministre de la défense, ex-chef d’Etat de fait après la chute de Moubarak, invité à faire valoir son droit à la retraite qu’il meublera avec le beau rôle de conseiller militaire du chef de l’Etat. Par ailleurs, la « Déclaration constitutionnelle complémentaire » du 17 juin dernier accordant à l’armée de larges pouvoirs sur le législatif a été aussi abrogé. Le nouveau président concentre désormais les pouvoirs législatif et exécutif.
D’un certain point de vue, cette situation paraît prévisible. Le nouveau président se devait de prendre en main la situation dès le départ ou il ne ferait plus jamais, compromettant définitivement les espoirs de changement de la population. Il fallait démêler l’écheveau de l’armée et du pouvoir exécutif pour que chacun joue son rôle. Cette décision a été surtout saluée place Tahrir par les Frères musulmans. Ce qui est tout un symbole, car surpris par le tournant pris les événements, les partisans de la laïcité voyaient encore dans l’armée un ultime rempart contre une récupération totale des acquis de la révolution par une frange de la population.
D' un autre point de vue, l’armée pourrait-elle s’accommoder de sa nouvelle situation sachant qu’elle a toujours géré non seulement la défense nationale mais aussi les affaires et d’une certaine manière, le pouvoir ? L’histoire politique du continent africain nous révèle plusieurs épisodes où une mise en péril des intérêts de l’armée a souvent conduit à la catastrophe. L’appel des Etats-Unis à une collaboration franche et consensuelle entre l’exécutif et l’armée est tout à fait fondé pour éviter tout dérapage qui serait plus chaotique que la situation remise en cause par les révolutions.
Mais la grosse question reste bien celle-ci : que sont devenues les revendications de la génération Facebook qui a contraint Moubarak au départ ? Où sont-ils maintenant alors que les Frères Musulmans dominent la vie politique dans la logique démocratique qui veut que le parti ou la coalition ayant gagné les élections gouvernent ? La liberté recherchée pourrait-elle naître des cendres de la dictature de Moubarak ? Où passeront-ils subtilement à une nouvelle dictature, cette fois-ci religieuse ? Comment bâtir une société libre et démocratique quand l’on est issu d’un parti religieux ? Les prochains mois nous renseigneraient davantage…

P. Eric Oloudé OKPEITCHA

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