jeudi 10 février 2011

La source des malheurs de l'homme moderne

Dans un élan critique et réaliste, Hannah ARENDT peint l'homme moderne dans ses principaux traits. Sans peine, on découvre un appauvrissement terrible de la pensée métaphysique et une carence criarde des valeurs éthiques. Tout est centré sur la productivité et l'utilité pratique. Ce faisant, l'homme moderne a creusé la source de ses malheurs.
" Parmi les principales caractéristiques de l'époque moderne, depuis ses débuts jusqu'à nos jours, nous trouvons les attitudes typiques de l'homo faber : l'instrumentalisation du monde, la confiance placée dans les outils et la productivité du fabricant d'objets artificiels; la foi en la portée universelle de la catégorie de la fin-et-des-moyens, la conviction que l'on peut résoudre tous les problèmes et ramener toutes les motivations humaine au principe d'utilité; la souveraineté qui regarde tout le donné comme un matériau et considère l'ensemble de la nature "comme une immense étoffe où nous pouvons tailler ce que nous voudrons, pour le recoudre comme il nous plaira." (Bergson); l'assimilation de l'intelligence à l'ingéniosité, c'est-à-dire le mépris de toute pensée que l'on ne pourrait considérer comme une démarche en vue de "fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication"; et enfin l'identification toute naturelle de la fabrication à l'action."
Hannah ARENDT, op. cit., p. 381

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