samedi 8 janvier 2011

Points d’ancrage culturels, le respect de la vie

Plusieurs écrits ou travaux de recherches soulignent, à juste titre, le respect de la vie par l’africain. Les divers rites marquant la naissance, l’initiation, le mariage et même la mort d’une personne, montrent combien l’africain est attaché à la vie qu’il essaie de protéger et de défendre. La naissance d’un enfant est tout sauf un acte banale. Depuis la grossesse, la future mère est l’objet de soins particuliers de la part de l’entourage à travers soins et interdits visant à favoriser une croissance normale du bébé. A titre d’exemple, il est interdit à une femme enceinte de pleurer ou de proférer des malédictions. Nos ancêtres, sans avoir fait de la psychologie, croyaient déjà à l’ éventuel impact des sentiments négatifs de la mère sur le bébé. Le nouveau-né est attendu par toute la collectivité qui marque un arrêt pour l’accueillir et lui souhaiter la bienvenue. Les prières et les chants qui meublent la cérémonie de sortie visent à lui assurer une existence paisible. Les autres étapes de la vie (initiation, mariage…) sont aussi célébrées avec faste pour magnifier la vie qui croît à petits pas dans l’enfant. Ce disant, par objectivité, nous ne saurions ignorer les travers de l’Afrique traditionnelle en ce qui concerne le respect de la vie.
Les enfants mal formés
Ainsi, l’on pourrait trouver à redire sur certains moyens utilisés pour défendre la vie. C’est le cas par exemple, du sacrifice de certains enfants nés avec des déformations. De toute évidence, l’africain n’accomplissait pas cet acte par un vilain plaisir de répandre le sang. Il voulait avant tout, protéger la société des malheurs dont était porteuse une naissance si bizarre qui défiait les normes ordinaires. Il voulait retourner aux dieux leur envoyé qui n’était, en aucun cas, destiné à la société des hommes, sinon venu simplement porter un message ou réclamer des sacrifices. Le meurtre de ces enfants ne relevait pas du jeu et suivait des rituels précis.
Les sacrifices humains
Il en va de même des sacrifices humains effectués ponctuellement dans certaines régions pour honorer certaines divinités. Ils n’étaient pas accomplis pour le bien-être d’une seule personne ou d’une famille mais pour conjurer un malheur qui menaçait toute la société. Et dans ce cas, le cap des poulets, des cabris et des bœufs est déjà dépassé par l’ampleur des événements. Il faut alors le sang humain plus précieux que celui des animaux. Etaient généralement sacrifiés les esclaves ou prisonniers de guerre, « étrangers » à la collectivité. Là encore, des mesures étaient prises pour entourer du mystère l’événement qui avait généralement lieu dans la nuit profonde, au fin fond des forêts sacrées, accessibles aux seuls initiés. Une manière d’éviter la spectacularisation de la violence pourtant réelle dans ce cas.
Les funérailles royales
Un autre travers réside dans le rituel des funérailles royales. Plusieurs témoignages écrits ou oraux font état de reines enterrées vivantes (généralement droguées) pour accompagner dans l’au-delà le roi défunt. Nos recherches, sur ce point, nous ont révélé que ces reines se portaient volontaires. Ce qui révélait à tous, leur amour pour le roi défunt et en même temps, traduisait leur volonté de ne pas passer dans « une autre main » après le veuvage qui ne manquait pas d’austérité. Elles préféraient partir avec le roi dans l’espérance d’être avec lui dans l’au-delà conçu selon les paramètres de ce monde-ci. Il y avait aussi des esclaves qui étaient désignés pour accompagner le roi dans le grand voyage. Ces derniers étaient censés continuer à jouer leur rôle dans le monde des ancêtres.
Si les mobiles des travers énumérés jusqu’ici paraissent nobles, les moyens ne sont pas éthiquement valables que ce soient les enfants mal formés, les esclaves ou prisonniers de guerre, les reines volontaires ou les esclaves désignés. Ces pratiques sont aujourd’hui bannies même si dans certaines sociétés, il y a des résistances.
L’avortement, un interdit par rapport à la vie elle-même
Exception faite de ces travers, l’africain a un profond respect de la vie et considère comme un interdit passible de sanctions des dieux à vie en cas de violation, le meurtre sous toutes ses formes. S’il y avait des interdits familiaux, claniques, sociaux, ou religieux, le meurtre relevait d’interdit par rapport à la vie elle-même, conçue comme mystère et œuvre des dieux. Le meurtre était une violation de la vie et donc, une offense faite directement aux dieux qui ne manqueraient pas de punir. Or la forme de meurtre la plus répandue au sein de la jeunesse africaine aujourd’hui est l’avortement. C’est dire donc qu’un jeune africain qui utilise l’avortement comme un remède à ses désordres sexuels trahit profondément son âme africaine et ne peut espérer une vie paisible. Le taux d’avortement en milieu scolaire est aujourd’hui en nette hausse. Et cela n’augure pas de lendemains heureux pour toute une génération qui s’amuse à piétiner la vie naissante jugée sacrée en terre d’Afrique. La promotion de l’avortement comme stratégie de réduction de la population et par conséquent de la pauvreté, est contraire aux valeurs de la société africaine. Si, sous d’autres cieux, l’avortement est en passe de devenir un banal droit de la femme, il ne serait, en aucun cas, porter ce nom en Afrique.
Voilà un point d’ancrage culturel, un repère à ne jamais perdre de vue, pour un jeune africain dans la pensée comme dans l’action : le respect de la vie à toutes les étapes de son évolution. Sur ce terreau culturel vient résonner l’appel de la religion « tu ne tueras pas ».

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