lundi 24 janvier 2011

Humilité et Simplicité du Royaume de Dieu !

TROISIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)
COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
(Is 8, 23b–9, 3/ 1 Co 1, 10-13.17 / Mt 4, 12-23)


Le Royaume de Dieu n’est pas de nature politico-militaire. Il vient et nous rejoint dans la grande simplicité et humilité. Humilité et simplicité, sont deux vertus humaines qui s’opposent à l’orgueil, à l’égoïsme et à tous autres « désirs de la chair» (Gal 5,16), où l’homme veut paraître plus qu’il est ou qu’il a. Ce sont deux dispositions spirituelles qui peuvent nous aider à vivre les textes de ce dimanche pour mieux entrer dans la dynamique du programme de la mission de Jésus : «convertissez vous, car le Royaume des cieux est tout proche.»

Galilée, symbole d’humilité et d’universalité

L’annonce du Règne de Dieu est liée à la Galilée. Personne ne pouvait le croire. Symbole du paganisme et de l’obscurantisme spirituel par rapport à la Judée plus zélée pour la loi, c’était une région humiliée par les nombreuses déportations assyriennes (732 av. J-C). Elle ne peut jamais espérer être la terre du Messie. Et voici Isaïe qui annonce pour elle un avenir radieux, un jour glorieux de libération. En effet, Marie y a conçu l’Enfant-Dieu libérateur de la nuit du péché et de la mort. Le Sauveur y a vécu, y a prêché. De la Galilée partira plus tard, l’annonce de l’évangile après la résurrection du Christ pour tous les peuples de la terre. Du sombre pays part désormais la Lumière qui éclaire le monde, Jésus-Christ. Le Royaume de Dieu défie nos considérations humaines et nos apparences. Dieu se donne dans l’humilité et la pauvreté de ceux qui savent l’accueillir. Il est là où on ne l’attend pas. La Galilée devient ainsi symbole de l’humilité de Dieu qui rompt avec le particularisme d’Israël et affirme l’universalité de sa mission.

Je ferai de toi pêcheur d’hommes : Dieu croit en l’Homme !
Jésus appelle les quatre premiers disciples et les associe à l’édification de son Règne ici bas. Il se rend proche des hommes et des femmes. Cette proximité du Royaume de Dieu signifie qu’il n’est pas lié au temps. Il est éternellement présent en la personne du Christ qui sans cesse se montre Dieu-avec-l’homme. A cette œuvre de salut, Il continue de nous appeler, femmes et hommes d’aujourd’hui. Dieu croit en nous. C’est le mystère de l’incarnation, mystère de la confiance en l’homme qui, d’une manière ou d’une autre, continue de se dévoiler en douceur et dans la grande simplicité : « venez à ma suite, et Je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Mt 4,19). L’évangile précise qu’à cette invitation du Seigneur, « aussitôt, laissant leur filet, ils le suivirent.» La rencontre avec Dieu crée l’extraordinaire et brise nos habitudes de tous les jours. La nouveauté de la lumière de Dieu entre en nos vies et chasse les ténèbres du vieil homme. Devenus ses collaborateurs par notre baptême et/ou par vocation spéciale, c’est à nous de le rendre visible au monde entier. Pour le voir et le faire voir, la conversion est la seule condition qui s’impose : une transformation de soi à vivre dans la lumière de l’Esprit non plus selon la logique de ce monde qui passe mais par rapport à l’absolu de Dieu. La sequela du Christ rompt aussi le modèle pédagogique en vogue en Palestine du temps de Jésus. Le disciple, c’était celui qui répète et copie le maître. Avec Jésus, le disciple devient celui qui librement entre en communion avec son Maître.

Rien d’autre que la communion avec le Christ

Quand cette communion avec le Maître vient à manquer, naît le clientélisme autour d’une autorité ou d’un chef ecclésiastique au détriment du Christ le seul qui fait l’unité de la communauté et la croissance du Règne de Dieu dans les cœurs. En deuxième lecture, Paul affronte cette tendance -malheureusement présente encore aujourd’hui- et nous ouvre à la perception du Christ comme unique centre de gravité et énergie de l’Église. Le nom du Christ invoqué en 1 Co 1,10 se pose en antithèse aux noms d’apôtres ou de disciples évoqués au v. 12. Seule la relation avec le Christ définit l’identité du chrétien et sa pleine appartenance à la communauté. Personne dans l’Église, ne peut et ne doit revendiquer l’exclusivité d’un quelconque rapport ou privilège plus que d’autres. Le faire, c’est fractionner la communauté et réduire le Christ à un quelconque leader humain. Laissons-nous provoquer par l’humilité et la simplicité de Dieu.

Père Chelbin Alfred Wanyinou HONVO, bibliste.

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