samedi 30 juillet 2011

DONNEZ-LEUR VOUS MÊMES À MANGER… !

XVIII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (A)
COMMENTAIRE D’ENSEMBLE DES TEXTES
(Is 55,1-3 / Rm 8, 35.37-39 / Mt 14, 13-21 )


Dieu n’est pas indifférent à la souffrance de l’homme. Il étanche notre soif et assouvit notre faim matérielle et spirituelle. Toutes formes de misère de l’humanité est aussi le lieu privilégié de sa révélation. Plus qu’un simple appel, l’impératif « Donnez leur vous mêmes à manger ! » est une indication pour tout disciple à une collaboration intime avec le Christ dans la lutte contre toutes les misères de notre monde. Tout avec et par le Christ rien sans le Christ.

1. Pourquoi dépenser pour ce qui ne nourrit pas ?

Dans la première lecture, le prophète lance une invitation universelle à la fête. Il a recourt aux réalités du «manger et du boire », nécessités primordiales derrière lesquelles se cache le désir humain de se maintenir en vie. La fête ou le banquet est une image forte qui traduit l’amour de Dieu, la gratuité des biens spirituels dont Dieu comble ses enfants : l’eau est le signe de la vie, de l’Esprit et de la liberté. Le vin et le lait sont symboles de la fécondité de la terre promise… tous symboles de biens à venir, du banquet messianique, vrai pain, gratuité divine du don de la vie pour laquelle il est nécessaire de dépenser son argent et se dépenser. Le vrai Pain qui procure les biens à venir, c’est le Christ, Parole de Dieu qui maintient en nous la vie divine et rétablit dans l’alliance.

2. Nous n’avons que cinq pains et deux poissons !

Les disciples se montrent réalistes : « renvoie donc la foule… Nous n’avons que cinq pains et trois poissons… ». Cette solution humaine est à la fois pratique et économique mais elle peut traduire aussi l’expérience des limites et incapacités humaines et quelquefois notre manque de confiance en Dieu. Mathieu crée une tension narrative entre le peu à la disposition des disciples et l’invitation de Jésus. Cette tension est résolue par l’intervention de la générosité divine à laquelle collabore les disciples. Le geste est éloquent : Jésus bénit les pains et les poissons, donna aux disciples et ceux-ci les distribuèrent à la foule. Des disciples à la foule, la gratuité divine se prolonge et se perpétue au long des siècles dans la liturgie. La charité dénuée de la liturgie n’est plus charité, elle devient simple œuvre de philanthropie. Le danger aujourd’hui est de réduire la foi chrétienne à une agence d’aide alimentaire ou d’assistance sociale. La gratuité de l’Amour de Dieu se manifeste dans le sacrifice du Christ, dont l’eucharistie est le mémorial, style de vie du Fils de Dieu qui se fait frère de tous (dans le don de lui-même). C’est ce Fils, Christ qui est au centre notre charité et qui la fonde.

3. Rayonner de l’Amour du Christ qui rassasie !

Christ est le vrai Pain donné pour la vie du monde. L’intimité de vie avec Lui dans la prière, l’écoute de la Parole et dans l’Eucharistie, nous fait rayonner de son Amour qui illumine la femme et l’homme d’aujourd’hui, les relève de leur misère et les rassasie. Paul a recourt à une liste de situations difficiles qui peuvent déterminer voire conditionner notre choix du Vrai pain de vie. Mais en réalité l’apôtre y exprime notre participation unitive au sacrifice du Christ pour briser toutes les résistances à l’évangile et notre collaboration nécessaire pour étancher la soif et assouvir la faim de tous ceux qui –comme dit Dostoïevski- « …n’ont pas le courage de préférer le pain du ciel à celui de la terre. »

P. Chelbin Alfred Wanyinou HONVO

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire