dimanche 19 décembre 2010

Wikileaks, un monde sans secret (suite et fin)

Les responsables de wikileaks ont tenu promesse en publiant les documents annoncés. Le contenu de ces documents confidentiels a oscillé entre le banal et le sérieux, entre le « déjà su » et le « rien d’étonnant ». Il ne s’agit pas pour nous d’évaluer ici la portée ou de nous interroger sur le sens de cette publication. S’agit-il de l’application du droit à l’information ou de la liberté de la presse ? les documents publiés peuvent-ils être qualifiés d’information ? quel est l’objectif poursuivi par les responsables de wikileaks et où trouvent-ils les moyens ? De toute évidence, wikileaks ne saurait être l’œuvre d’une seule personne, c’est une entreprise qui emploie un personnel. Laissant de coté ces légitimes interrogations, nous voudrions poursuivre notre réflexion en examinant les conséquences possibles d’un monde sans secret. Nous voudrions aller dans ce sens parce que la tentative de remettre ou de maintenir l’ordre ancien ne nous parait pas promise au succès. Et cette tentative réside dans ce qu’ont tenté de faire les Etats-Unis en mettant sur pied un comité scientifique dont la mission est de bloquer le fameux site en y envoyant des tonnes de virus et de mieux protéger désormais les documents par un système plus sophistiqué. Mais la technique a toujours servi à détruire la technique, d’où la possibilité de contourner ou de déverrouiller ce qui serait verrouillé.
La superficialité des communications
Le monde sans secret dans lequel nous entrons, à petits pas, aura pour première conséquence la superficialité des communications faites à travers les nouveaux médias. A l’exception des naïfs, l’on sait désormais qu’il ne faut pas « tout » dire au téléphone encore moins « tout » écrire sur facebook ou par mails. En définitive, la fameuse « ère de la communication » ne sera pas l’ère de la croissance de l’humain dans l’homme grâce à une ample ouverture à ses semblables mais celle de la méfiance ou du repli sur soi.
Retour à la communication non médiatisée
La deuxième conséquence, qui découle de la première, sera le retour aux formes traditionnelles de communications, plus directes et non médiatisées dans le sens où aucun support techniques ne s’insère entre les communicants. Il est juste de faire remarquer que cette forme de communication ne met pas non plus à l’abri de tout risque de trahison ou de publication même à faible échelle de ce qui était destiné à la sphère privée. Mais nous prenons en compte la dimension « contact humain » qui apporte une valeur ajoutée à nos relations. Et en ce sens, cela pourrait être bénéfique pour l’homme qui redécouvrira la valeur et la richesse de l’autre et, par ricochet, de lui-même.
Sens de responsabilité et de vérité
La troisième conséquence pourrait être l’accroissement du sens de la responsabilité et de la vérité dans tout acte de communication. En d’autres termes, que le communicant évalue ou soit conscient de l’impact qu’aurait eu le contenu de sa communication mis sur la place publique. Paraphrasant Kant, nous dirions « communique de manière à ce que le contenu de ta communication puisse être diffusé sans préjudice par les médias du monde entier. » L’application de cette maxime pourrait réduire l’opacité du « monde invisible » et l’hypocrisie des divers pouvoirs ou groupes de pression.

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