samedi 9 avril 2011

Crises libyenne et ivoirienne : vers l’enlisement !

Il y a quelques jours, un sommet des alliés s’est penché sur « l’après-Kadhafi » ; peu après le discours à la Nation d’Alassane Ouattara, Paris, par la voix du porte-parole du ministère des affaires étrangères, a déclaré que « l'ère Gbagbo est désormais close et que l'issue est désormais en vue en Côte d’ivoire.» Certains médias occidentaux ont même déjà annoncé la reddition de Gbagbo cette semaine avant de se raviser. Le Figaro a publié ce jour « Abidjan : les pro-Gbagbo regagnent du terrain » En Libye, les insurgés perdent du terrain et en regagnent dans une confusion terrible faite de massacres et de bavures qui finiront par lasser les populations civiles contraintes à vivre au ralenti et qu’on prétendait défendre ou protéger au départ. Si les deux crises ne sont pas pareilles ni comparables, elles ont en commun l’usage de la violence et de la guerre pour résoudre un problème politique. Dans un premier article sur la crise ivoirienne, nous proposions le compromis courageux et héroïque entre ivoiriens mais vraiment entre ivoiriens comme solution véritable même si elle était difficile. En effet, les ingérences étrangères ne sont pas toujours efficaces. Les preuves en sont là ; dans la plupart des cas, elles compliquent tout et font échapper aux vrais protagonistes les paramètres de la crise. En Libye comme en Côte d’ivoire, lequel des deux camps a vraiment en main les paramètres de la crise ?


Mais nous voilà aujourd’hui bien installés dans le cycle de la violence et de la guerre et désormais on commence par parler en termes « d’ enlisement » qui rappelle de lourds conflits de ces dernières années. En effet, l’enlisement évoque une situation dans laquelle, l’avancement n’est pas certain et le retour en arrière impossible. Pour nous, "l'enlisement" va bien au-delà des opérations militaires qui, nous le souhaitons, prendront fin dans les prochains jours. Nous envisageons le cycle infernal des problèmes. Les deux crises produiront certainement une « paix imposée et dictée par les vainqueurs. » Mais comme l’histoire contemporaine nous l’enseigne, la « paix des vainqueurs » n’est jamais durable ; elle n’est qu’une trêve dressant le lit à de nouveaux conflits à la faveur d’une nouvelle crise ou d’un changement des rapports de force.


La communauté internationale dont on connaît désormais les limites dans les approches des problèmes à causes des intérêts des pays qui la forment et la financent, ne saurait résoudre à fond les crises internes des pays. Quelques bombardements pour détruire les armes lourdes d’un camp, c’est bien facile… mais que dire de l’épineuse question des milices ? de la rancœur entre tribus ou ethnies ? des règlements de compte postérieurs aux conflits ? de la voix du sang qui coule et qui crie ou criera souvent vengeance ? La reconstruction, est-ce l’affaire seulement des « accords juteux » qui excitent l’élan des uns et le soutien des autres tant il vrai que la philanthropie est morte et qu’il n’y a que les intérêts qui gouvernent les rapports entre les peuples ? Comment faire la reconstruction sans la réconciliation des cœurs ? Les pouvoirs qui naîtront de ces deux crises pourront-ils compter toujours sur le soutien de la communauté internationale pour survivre aux inévitables efforts d’après-guerre et aux mesures impopulaires qu’exige la crise économique mondiale ? Une chose est de conquérir le pouvoir, une autre est de le conserver. L'issue est encore loin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire