mercredi 9 novembre 2011

SOMMET DU G20 DE CANNES, LES SIGNAUX FORTS....

Du 3 au 4 novembre 2011, s’est tenu au palais des festivals et des congrès de Cannes, le sixième sommet du G20. Il s’agirait là du plus grand sommet international jamais organisé par la France. Le président Sarkozy, président en exercice du G20 a reçu 25 chefs d’Etat et de gouvernement des pays qui pèsent 85% de l'économie mondiale ainsi que les représentants de 7 organisations internationales. A seulement quelques mois des élections présidentielles, le président français n’a pas manqué de cueillir cette opportunité pour célébrer le couronnement de son action sur le plan international. La crise de la dette pour la zone euro et celle de la Grèce en particulier, ont porté leurs ondes de trouble jusqu’à la veille de l’ouverture du G20 avec le coup de tonnerre provoqué par la décision unilatérale du premier ministre grec de soumettre au referendum l’accord du 27 octobre sur le plan d’aide à son pays. Comme l’a souligné le président Obama à la fin du sommet, le Président Français a fait montre d’un « leadership impressionnant » avec le chancelier allemand dans la gestion de la crise de la zone euro. Comme d’habitude, les discussions n’ont pas manqué, chaque participant représentant des intérêts particuliers. Au-delà des longues résolutions aux lendemains incertains, ce sommet envoie des signaux forts sur l’état du monde.

Le premier point est le lien désormais plus fort entre l’économie et la politique. La crise grecque finira par emporter dans ses flots furieux le premier ministre Papandreou. L’Italie, troisième économie de la zone euro, ressent au plus fort, les secousses provoquées par les incertitudes et la fragilité de son gouvernement. Nul doute que ce qui est arrivé à Papandréou en Grèce dopera l’énergie de l’opposition italienne, qui depuis des mois, réclame le départ du cavalière. Les problèmes économiques ne sont pas étrangers à l’essoufflement de l’immense espoir suscité par l’élection de Barack Obama.

Le second point est le déclin du leadership américain. Le président Obama est venu à ce sommet affaibli plus que jamais. Les Etats-Unis n’ont pas, en poche, la solution des problèmes du vieux Continent. Ils ne peuvent que conseiller et soutenir moralement. L’unilatéralisme américain semble désormais hors de mode, plombé par de sérieux problèmes économiques. Quant à la zone euro, elle est plus que jamais en difficulté, engluée dans un système économique et financier tiraillé par le désir contradictoire de l’intégration et de la conservation des souverainetés nationales. Barack a plusieurs fois souligné la difficulté de maintenir une monnaie commune avec des politiques budgétaires et fiscales aussi divergentes. Toutefois, les américains et les européens conservent la préséance militaire.


Nicolas Sarkozy et Barack Obama, lors de leur interview télévisée post-G20 le 4 novembre 2011, à Cannes. AP/SIPA
Le troisième point réside dans l’amitié et la convergencede vue affichées par Barack Obama et Nicolas Sarkozy à la fin du sommet. Honneur aux soldats ayant combattu en Libye, interview conjointe au journal télévisé… La parade des deux présidents en difficultés avec leur opinion publique et dont on connaît les divergences sur le plan économique et politique a quelle finalité ? on se rappelle encore le vote français en faveur de l’entrée de la Palestine dans l’Unesco malgré l’opposition des Etats-Unis. Quel est le but de cette opération de charme ? sinon se soutenir mutuellement dans la tourmente ? Par ailleurs, pouvait-on célébrer le succès des efforts en Libye sachant que les dégâts matériels importants, les victimes innocentes des bombardements de l’Otan et l’épilogue assez flou de cette guerre sont là pour montrer que l’opération n’était pas aussi propre. A moins que le succès réside uniquement dans le fait que l’Otan n’a perdu aucun soldat ? A-t-on vraiment évalué sur le court et le long termes les opérations menées en Libye ? ou ne voit-on que la chute d’un dictateur devenu gênant ? Mesure-t-on les conséquences des armes larguées sur des populations (une première), des dépôts de missiles pillés et disparus sans compter l’arsenal de guerre de Kadhafi volatilisé sans que personne ne puisse dire avec certitude dans quelles mains toutes ses armes vont atterrir ? S’est-on vraiment assuré des intentions et des projets des nouvelles autorités à qui on a vite fait conscience ? N’a-t-on pas posé les jalons d’une instabilité durable pour une zone située aux portes de l’Europe ? Déjà les résultats des élections tunisiennes font grincer des dents à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

La Chine et les pays émergents sont désormais appelés à prendre le relai de l’Occident en perte de vitesse en consommant une partie de sa dette. Les plans de rigueur votés ici et là signent la preuve qu’un mode de vie et un monde sont en train de disparaître… Même si le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, se veut rassurant « Les Chinois se comporteront en investisseurs», en Europe. «Ils ont investi énormément dans les bonds du Trésor américain pour autant que je sache les Etats-Unis ne sont pas devenus des vassaux de la Chine», la suprématie économique a toujours précédé celle politique.
P. Eric Oloudé OKPEITCHA

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