samedi 9 octobre 2010

Le modèle du copier-coller

La réflexion sur le parcours du continent africain en 50ans de relation avec l’Occident nous a donné l’occasion de constater la dominance du modèle « copier-coller ». Si ce modèle pourrait s’expliquer et se comprendre, son évaluation en matière de gain pour l’Afrique d’aujourd’hui et de demain se révèle profondément négative.
Pendant plusieurs siècles, avec la complicité des chefs africains eux-mêmes devenus aussi des négriers, des millions de noirs ont été déportés vers les Amériques pour aller travailler dans les plantations. Cette hémorragie humaine, ces humiliations et pratiques déshumanisantes sont aujourd’hui vite passées sous silence dans l’opinion internationale. Mais là n’est certainement pas le plus grave. Le plus grave, le pire en fait, réside dans le poids quasi infirme de cet événement dans la conscience des noirs d’aujourd’hui. On comprend alors que cet odieux phénomène de traite humaine, de ravalement de l’homme au rang de la bête, se reproduise de nos jours sous d’autres formes. Inutile de dire que, sous d’autres cieux, il aurait pu être lesté d’un coefficient idéologique fort, créant ainsi une conscience collective. Mais, c’est sans compter avec le rapport particulier qu’entretient l’homme noir avec la souffrance et l’histoire.
Puis après la traite, la colonisation où l’homme occidental, qui a toujours les clés de l’histoire en main, tente de s’établir en Afrique pour « civiliser » l’Africain, le transformer en « blanc » en lui arrachant innocemment ce qu’il a et ce qu’il est. Faisons litière de toute l’humiliation subie pendant cette période dont quelques rescapés sont, il faut le dire, nostalgiques.
Nous intéressent particulièrement les 50 années d’indépendance où les africains ont apparemment pris en main les destins de leur pays. Dans la plupart des cas, c’était pour reproduire le modèle des anciens chefs colons qui, rentrés en Europe malgré en eux, sont devenus, sous le couvert de la coopération, des acteurs de l’ombre de la politique des nouveaux Etats érigés sur les frontières coloniales dont le caractère arbitraire n’est plus à démontrer. Palais présidentiels luxueux, intrigues politiques, armées, drapeaux et hymnes nationaux, défilés militaires, bureaucratie… Les noirs ont simplement pris la places des chefs colons pour mieux exploiter leurs frères. Si l’on se mettait à faire le décompte macabre des victimes des diverses dictatures qui se sont établies aux lendemains des indépendances, l’on atteindrait sans le vouloir, des records épouvantables. Massacres de populations innocentes, génocides, mutineries, coups d’Etat… Du point de vue économique, le développement a été conçu comme reproduction du modèle européen. Le résultat est connu. Faillite des économies, échec des divers programmes de développement conçus pour les Etats africains, paupérisation plus grande des peuples, assauts répétés des maladies…
Sans pousser plus loin les détails d’un tableau bien connu dans sa noirceur, disons que l’une des leçons à tirer pour les 50 années à venir est le paiement du prix de la réflexion par les africains eux-mêmes pour leur continent. Le modèle du copier-coller a montré ses limites doit être abandonné notamment par la jeunesse africaine. Ce qui pourrait être favorisé par la pédagogie participative ou active mise en œuvre dans certains pays à travers l’Approche par compétence. Dans cette perspective, l’apprenant se prend en charge, construit sa connaissance avec l’aide de l’enseignant, cherche par lui-même et apprend à réfléchir, à résoudre ses problèmes. Ces réformes sont à encourager même si des corrections sont à faire dans leur mise en œuvre pas toujours heureuse du fait des divers acteurs pas toujours prêts et du manque des moyens. La réflexion par soi est, avant tout, une exigence fondamentale de la dignité humaine. Y renoncer au profit d’un autre est purement suicidaire.

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