lundi 8 novembre 2010

A la découverte d'une image sacrée





Après bien des réticences aux premiers siècles qui s’expliquent par leur provenance juive, les chrétiens ont commencé par représenter la figure du Christ, des scènes de la Bible et de la vie des saints. Malgré les controverses nées au sein de l’Eglise des siècles plus tard à ce sujet, cette pratique dure jusqu’à nos jours.
L’image ci-dessous est l’œuvre d’un artiste contemporain. Sur un fond sombre, elle représente trois hommes. Au milieu, debout et entouré de lumière, le Christ glorieux. Assis de part et d’autre, deux disciples avec qui il échange. Le pain posé sur la table fait penser aux disciples d’Emmaüs désespérés par l’événement de la passion qui a signé l’échec cuisant du « leader charismatique » en qui ils avaient cru et de qui, ils étaient devenus des disciples. Le Christ, selon les Ecritures, les rejoint pendant qu’ils retournaient à Emmaüs leur village, enfermés dans leur désespoir, troublés par les récits des femmes de leur groupe qui sont allées au tombeau de bon matin. Il leur explique les Ecritures qui avaient déjà prévu tout ce qui lui est arrivé et accepte de rentrer chez l’un d’eux, car le jour baissait. Ce n’est qu’à la fraction du pain qu’ils reconnaitront qui avait fait route avec eux. Et c’est le sens du pain posé sur la table. En bas de l’image, nous avons deux anges, probablement ceux que les femmes ont vu au tombeau et qui leur ont porté la bonne nouvelle de la résurrection du Christ d’entre les morts.
La parole créatrice d’un monde nouveau
Cette image met en relief les gestes de la main que faisaient les personnages pour signifier qu’ils échangeaient, qu’ils parlaient entre eux. Ceci rappelle l’importance capitale de la communication en toutes circonstances et surtout dans les moments difficiles. Et ici, il s’agit de la parole, la parole créatrice de réalité nouvelle. En effet, la passion les avait plongés dans l’obscurité d’un monde où tout s’était écroulé devant eux : leur joie et leur espérance s’étaient envolées comme fumée au vent. C’est tout le sens du fond sombre de l’image. Mais, grâce à la parole échangée avec le Ressuscité, un monde nouveau a vu le jour en eux et autour d’eux. Ils entrent progressivement dans la lumière du Ressuscité qui darde ses rayons sur eux et les illumine. Ils entrent dans sa joie et dans sa paix que rien ne pourrait désormais altérer, la mort étant vaincue une fois pour toutes par la vie.
Et ce qu’a fait le Christ avec ces deux disciples qui rentraient à Emmaüs, l’Eglise l’actualise chaque jour et ce, jusqu’à la fin des temps. Elle le reprend en accordant une place de choix à la Parole de Dieu qui est écoutée et méditée au cours de chaque messe. Le Ressuscité, à travers l’Eglise, entre en dialogue avec les hommes et les femmes de tous les temps pour créer en eux et autour d’eux un monde nouveau où l’espérance triomphe du désespoir, où la lumière dissipe les ténèbres, où l’amour est vainqueur de la haine. Que serait beau le monde si tous les hommes prêtaient un peu d’attention, ouvraient leur cœur à la parole qui régénère, à la parole de vie, à la parole de Dieu ! Et que ne gagneraient les sociétés si les dialogues cessaient d’être des monologues absurdes à défaut d’être des dialogues de sourds !
Le pain rompu sur la table
On ne saurait passer sous silence la présence du pain rompu sur la table. C’est la fraction de ce pain qui a finalement permis aux disciples de reconnaitre le Christ ressuscité et d’entrer pleinement en communion avec lui. Et c’est là, tout le sens du repas eucharistique que l’Eglise célèbre tous les jours. En prenant part à ce repas, le chrétien reconnait le Christ qui chemine avec lui sur les chemins du monde tout comme avec les disciples d’Emmaüs. Il le reconnait et entre en communion avec lui, pour se laisser transformer en profondeur par lui. Et ce repas lui donne la force d’aller témoigner de la résurrection du Christ tout comme les deux disciples, qui après le repas, se sont levés pour retourner à Jérusalem.
Remarquons que sur cette image, le Christ est debout. La stature « debout » symbolise aussi le relèvement, la résurrection. Il s’est levé comme l’aube, après le coucher du soleil et les ténèbres qui ont envahi la terre en raison de sa mort. Prenant ce pain, le chrétien est aussi invité à se lever, à vivre en ressuscité et en messager, à partir sur les routes du monde pour annoncer la bonne nouvelle de la résurrection aux hommes troublés par les événements malheureux qui les assaillent et leur font perdre espoir. Il est appelé à aider tous les hommes qui ploient sous le poids des fardeaux à se mettre debout. C’est ce que symbolise les maisons qui se retrouvent au fond de l’image.
Le visage très jeune du Christ sur cette image traduit enfin son éternité en ce qu’il échappe désormais au vieillissement et aux changements qu’opère le temps en tout être mortel. Et, en cela, il est le frère et le contemporain des hommes de tous les temps.

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